À propos d'Elly... (2009) : le test complet du DVD

Après avoir été édité chez M6 vidéo en 2010, A propos d’Elly refait surface en DVD sous la houlette de Memento Films. Si ce nouvel éditeur a repris le même master, une nouvelle interview du réalisateur Asghar Farhadi est prévue au programme.

Un groupe d’amis étudiants passe des vacances dans une vaste demeure au bord de la mer Caspienne. Sepideh, qui s’est occupée de l’organisation, a décidé d’inviter Elly, en espérant que celle-ci ne soit pas indifférente au charme de son ami Ahmad, qui sort tout juste d’une rupture. Les vacances se passent dans la bonne humeur, jusqu’à la soudaine disparition d’Elly…

Il y a de L’Avventura dans A propos d’Elly. La disparition soudaine et inexpliquée d’une jeune femme va dissoudre un groupe d’amis venu se reposer au bord de la mer Caspienne. Comme dans La Fête du feu et Une séparation, le cinéma d’Asghar Farhadi repose sur une montée de tension palpable et progressive qui prend le spectateur aux tripes pour ne plus le lâcher jusqu’à la dernière image.

Tourné caméra à l’épaule, hypnotique dès les premières images, véritable leçon de cinéma, A propos d’Elly est un film ambitieux, universel car réaliste, détournant les clichés sur la femme iranienne.

Après une première partie placée sous le signe des jeux de plage, des plaisanteries, un événement écroule ce château de cartes insoucieux. Le groupe d’amis se dégrade, quelques vérités cachées éclatent au grand jour et fragilisent les relations au sein même des couples. Que faire ? Quoi dire ? Qui était vraiment la victime ? Les avis divergent, le ton monte, la violence verbale et physique explose.

Parmi les merveilleux comédiens, se distingue notamment Golshifteh Farahani, remarquée dans Mensonges d’Etat et Poulet aux prunes. Intense et troublante, la comédienne reflète magistralement la complexité d’un pays et d’une culture, un noyau autour duquel gravitent tous les personnages agités comme des électrons. L’aspect quasi-documentaire du film renforce la spontanéité des propos et de l’intrigue, mutant en un clin d’oeil le film en un véritable thriller sociologique. Incontournable. A propos d’Elly a remporté l’Ours d’argent au Festival de Berlin au 2009.

Le menu principal fixe et musical reprend le style de l’affiche et ses couleurs. On aurait aimé quelque chose de plus soigné et d’un peu plus emballant que ce menu clair mais triste.

Outre la filmographie du réalisateur, un lot de bandes-annonces et un pot-pourri des critiques presse du film, un entretien entre le cinéaste, critique de cinéma à Positif et journaliste N.T. Bing et Asghar Farhadi sont également au programme. Dans ce module dense et indispensable, notre interlocuteur s’exprime sur les thèmes du film, le choix du cadre et du montage, l’écriture du scénario, la direction d’acteurs et les partis-pris esthétiques.

Memento Films reprend le même master édité par M6 en janvier 2010. Les noirs sont denses, la colorimétrie vive et chatoyante (en particulier les teintes vertes), les contrastes soignés et les séquences de plage lumineuses. La copie est propre et malgré un grain occasionnel sur les séquences sombres, la définition n’est jamais prise en défaut et le piqué demeure agréable tout du long.

La version originale stéréo révèle une ardeur plus appuyée que la piste française stéréo, bien que cette dernière s’en sorte bien du point de vue de la délivrance des dialogues. Sélectionnez évidemment le persan afin de profiter de la musicalité de cette langue finalement rare au cinéma, la version française facultative manquant cruellement de naturel. La balance gauche-droite est savamment dosée, les voix des comédiens fortes et distinctes, les ambiances annexes parviennent à percer, pour finalement offrir un mixage homogène, fluide et sans esbroufe inutile.