Réalisé par Patricia Mazuy
Avec
Marina Hands, Bruno Ganz et Josiane Balasko
Édité par France.TV Distribution
Révoltée par la vente du cheval d’obstacle qu’on lui avait promis, Gracieuse, cavalière surdouée, claque la porte de l’élevage qui l’employait.
Elle redémarre à zéro en acceptant de rentrer comme palefrenière dans le haras de dressage qui jouxte la ferme de son père. La propriétaire, Joséphine de Silène, y exploite d’une main de fer la renommée internationale d’un entraineur allemand, Franz Mann, ancien champion cynique et usé dont les riches cavalières du monde entier se disputent le savoir - mais aussi le regard !
Ce microcosme de pouvoir et d’argent n’attend pas Gracieuse qui n’a pour seules richesses que son talent, son caractère bien trempé et surtout sa rage d’y arriver. Branchée sur 100 000 volts, prête à affronter Franz Mann lui-même et tous les obstacles - jusqu’à se mettre hors-la-loi, elle poursuit son unique obsession : avoir un cheval pour elle, qu’elle emmènerait au sommet…
Pour son retour derrière la caméra, Patricia Mazuy (Saint Cyr) s’est inspirée de la vie de Patrick Le Rolland, célèbre cavalier et dresseur, compétiteur aux Jeux Olympiques, immense champion, mais dont l’esprit rebelle était peu compatible avec la discipline équestre. Parti se lancer dans les affaires avec sa compagne, il continue d’entrainer les chevaux que cette dernière possède dans son domaine en Belgique. Dans Sport de filles, la réalisatrice fait appel à Marina Hands, qui trouve ici son meilleur rôle depuis Lady Chatterley, rôle qui lui avait valu le César de la meilleure actrice.
Avant d’être comédienne, Marina Hands était experte en dressage et pratiquait l’équitation depuis son enfance. Depuis longtemps à la recherche d’un rôle qui lui permettrait de concilier ses deux passions, Marina Hands livre dans Sport de fille une prestation enflammée et réalise toutes ses performances équestres à l’écran. Pas de triche donc dans Sport de filles, film porté par la musique rock de John Cale, la puissance du grand Bruno Ganz, la force de Marina Hands et le jeu solide (et souvent en allemand dans le texte) de Josiane Balasko. Patricia Mazuy nous dépeint le monde de l’équitation sous un jour inédit. Dès la première séquence, cruelle pour le personnage principal, on s’attache immédiatement à Gracieuse, jeune femme qui, de par son statut social, n’a pas le droit de devenir championne de dressage et qui se bat pour y parvenir. L’art équestre est obsessionnel chez elle, et son caractère à la fois brutal et innocent en fait un personnage insolite et finalement rare dans le cinéma français. Bruno Ganz incarne quant à lui un double de Patrick Le Rolland, un personnage complexe qui vit sous l’emprise de sa femme et qui dégage pourtant une autorité naturelle grâce à la rage qui l’anime, son accent prononcé et ses non-dits mystérieux.
Malgré une esthétique souvent proche d’un téléfilm, Sport de filles est un film âpre, parfois drôle, documenté, instinctif et même sensuel sur le combat qu’il faut mener pour aller au bout de ses rêves, mais aussi pour exister. Un très beau film.
France Télévisions Distribution reprend l’interface commune pour l’ensemble de ses éditions. Le menu principal est animé sur la musique rock de John Cale.
Dommage, l’éditeur ne propose que la bande-annonce en guise d’interactivité. Pas un making of ou une interview à se mettre sous la dent !
Si la copie ne manque pas d’attraits, les contrastes manquent souvent de fermeté, les noirs apparaissent instables et le piqué laisse parfois à désirer. Les scènes diurnes sont lumineuses mais la caméra portée occasionne quelques pertes de la définition, un bruit vidéo se fait ressentir et les partis-pris de la photo, faisant souvent penser à un téléfilm ou à un épisode de Louis la Borcante, n’ont guère l’occasion de briller. Même chose pour la colorimétrie qui se révèle peu reluisante.
La piste Dolby Digital 5.1 ne procure qu’une spatialisation musicale, mettant en relief la composition rock, énergique et singulière signée John Cale. Sinon, l’ensemble repose essentiellement sur une balance frontale bien équilibrée, et les latérales distillent leurs effets et ambiances avec une trop rare parcimonie. Le caisson de basses reste malheureusement au point mort. La version stéréo est finalement la plus adéquate et plus dans le ton du film. Riche et ardente, cette piste offre de belles et suffisantes conditions acoustiques. L’éditeur joint les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.