Americano (2011) : le test complet du DVD

Édition Collector

Réalisé par Mathieu Demy
Avec Mathieu Demy, Salma Hayek et Geraldine Chaplin

Édité par BAC Films

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Le 03/08/2012
Critique

Martin vit à Paris avec Claire. Lorsqu’il perd sa mère, Martin doit retourner dans la ville de son enfance. Arrivé à Los Angeles, il retrouve un quartier qu’il a bien connu lorsqu’il vivait avec sa mère. Des images de son enfance refont surface. Incapable d’affronter cette épreuve, il fuit vers Tijuana où il s’égare sur les traces de Lola, une jeune femme qu’il a connue jadis. Danseuse, il l’a retrouve à l’Americano, le club où elle travaille… Mais pour faire son deuil, Martin va devoir revisiter son passé.

Americano est le premier long-métrage réalisé (mais aussi produit, écrit et interprété) par Mathieu Demy (fils de), qui avait déjà fait des débuts remarqués derrière la caméra en 2000 avec Le Plafond. Si le jeune cinéaste a évidemment de qui tenir, Mathieu Demy trouve ses marques rapidement et digère ces hautes références en livrant un film singulier, décalé, profondément attachant, même dans ses quelques défauts en particulier quelques baisses de rythme dans la partie mexicaine. Dès les premières images d’Americano, on ressent l’amour des images et des personnages que lui ont transmis ses illustres parents, Jacques Demy et Agnès Varda.

En reprenant son personnage et des images de Documenteur réalisé par sa mère (qui servent ici de flash-backs de l’enfance de Martin) et en jouant avec cette oeuvre maternelle dans laquelle il apparaît très jeune au début des années 80 (jusqu’à en restituer la sublime composition de Georges Delerue), Mathieu Demy signe un film marchant toujours sur le fil fragile entre la fiction et la réalité, introspectif sur la filiation, l’héritage et le désir de voler de ses propres ailes. Salma Hayek trouve ici un de ses plus beaux rôles à l’écran, celui d’une prostituée nommée Lola (tiens tiens !) qui va aider Martin à se remettre sur les rails de la vie pour pouvoir enfin devenir maître de son destin.

Conte initiatique, drame existentiel, comédie burlesque, road-movie, Americano pose les bases solides et élégantes d’un metteur en scène sensible et pudique à suivre de près.

Présentation - 4,0 / 5

Le menu principal du premier DVD est soigné, animé et musical, tandis que le second demeure fixe et musical. La jaquette reprend le visuel de l’affiche et le boitier est glissé dans un surétui.

Bonus - 4,0 / 5

Si Mathieu Demy n’apparait que trop brièvement, force est de constater que Bac a mis les petits plats dans les grands pour cette édition Collector d’Americano.

Le premier DVD est accompagné d’un lot d’interviews. Nous retrouvons Salma Hayek (11min37), le chef décorateur Arnaud Roth (9min18), le compositeur Grégoire Hetzel (5min20), la créatrice des costumes Rosalie Varda (6min15), le chef opérateur George Lechaptois (5min12), le monteur Jean-Baptiste Morin (3min57). Tous s’expriment sur leur arrivée sur le projet, leur collaboration avec Mathieu Demy, les conditions de tournage, le parallèle entre Americano et Documenteur, la filiation entre Americano et les films d’Agnès Varda et de Jacques Demy, le tout étant parfois illustré d’images du tournage. L’entretien avec Salma Hayek se révèle le plus dense et le plus intéressant, notamment quand la comédienne revient sur la création de son personnage. Certaines images présentées nous montrent quelques prises de vue réalisées au Mexique en 2008 destinées à la recherche de financement et montrer les intentions visuelles du projet. Quelques unes de ces scènes ont été utilisées pour le film (à l’instar de la séquence du cimetière), d’autres ont servi de repérage.

S’ensuivent 7 minutes de scènes coupées présentées par Jean-Baptiste Morin. Ce montage de séquences laissées sur le banc de montage s’éloignaient trop du personnage de Martin et montraient quelques intrigues parallèles à l’instar du rapatriement du corps de la mère suivi par Jean-Pierre Mocky, de Los Angeles, en passant par Paris puis Noirmoutier. Une autre scène très réussie mais un peu longue, permettait de voir Martin au travail, le lendemain de l’annonce de la mort de sa mère.

L’interactivité de ce premier DVD se clôt sur un lot de bandes-annonces.

Un deuxième disque est disponible. Nous y trouvons tout d’abord le premier court-métrage réalisé par Mathieu Demy, Le Plafond (36min), réalisé en 2000 et mettant en scène André Wilms. Adapté d’une nouvelle de Tonino Benacquista et lauréat du Prix du public au Festival Premiers Plans d’Angers en 2001, Le Plafond est un film génialement interprété, singulier, plein d’humour noir grinçant. Dans son appartement, un homme au milieu de sa vie est déjà au bout du rouleau. Même la musique classique, pourtant sa seule passion, semble le laisser indifférent. Il décide de mettre fin à ses jours. Mais son nouveau voisin du dessus, apprenti violoncelliste bouleverse ses plans… S’ensuit un duel à coups de morceaux choisis.

Le journaliste Jean-Michel Frodon s’entretient ensuite avec Agnès Varda et Mathieu Demy sur la relation entre Americano et Documenteur. Malheureusement, l’interview de 8 minutes est bien trop courte et nous aurions aimé que la plupart des propos tenus ici soient plus développés.

Mais la meilleure idée de cette édition est de proposer le film d’Agnès Varda, Documenteur (1h02), dont quelques bribes ont été reprises par Mathieu Demy dans Americano. Emilie, secrétaire d’un scénariste se retrouve pour un film à Los Angeles avec son jeune fils Martin. Mais son scénariste est souvent absent et Emilie s’ennuie séparée de son ami Tom. Lasse de vivre chez les autres, Emilie se met en quête d’un appartement et envoie Martin à l’école. Emilie souffre de la solitude, de l’exil, de la séparation mais peu à peu va, avec Martin, apprendre à vivre dans cette « ville de nulle part ». Remarquable moment de cinéma, libre et aérien, interprété par Sabine Mamou (la monteuse du film) et Mathieu Demy (âgé de 9 ans), Documenteur est un film fascinant et troublant, profondément mélancolique, durant lequel les plages, reflet de l’âme de la cinéaste, tiennent une fois de plus un rôle primordial. Présenté dans une version restaurée et remasterisée en 2011, Documenteur est en réalité un portrait en filigrane d’Agnès Varda elle-même, sublimé et élevé par la sublime composition de Georges Delerue.

Image - 3,5 / 5

Americano a été tourné en pellicule Super 16 Scope anamorphique comprenant également des extraits de Documenteur d’Agnès Varda. Cette osmose entre deux types d’images séparées par 30 années se fait sans encombre mais c’est du point de vue technique que ce master déçoit quelque peu. En effet, si le léger grain est heureusement respecté, le piqué apparait souvent trop émoussé, les nombreuses séquences sombres sont trop poreuses et divers fourmillements demeurent constatables. Malgré tout, la colorimétrie chatoyante affiche une belle vivacité (les bleus pour Paris, les jaunes pour Los Angeles, les rouges pour Tijuana), la belle photo de George Lechaptois est joliment restituée et les scènes diurnes s’en sortent le mieux avec une clarté indéniable.

Son - 3,5 / 5

Seule une piste Dolby Digital 5.1 est disponible. Si la balance frontale est plutôt bien équilibrée et la restitution des dialogues solide, les ambiances latérales manquent souvent à l’appel et nous attendions une spatialisation plus concrète notamment dans la délivrance du score inspiré par la composition de Georges Delerue pour Documenteur. Certes, quelques ambiances naturelles parviennent à sortir du lot et le caisson de basses tend à se réveiller durant la partie mexicaine, mais dans l’ensemble le caractère demeure intimiste et limité aux enceintes avant.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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P. de Melun
Le 21 février 2021
Un film atypique, mélancolique, doté d'une superbe photographie. Salma Hayek est étonnante et trouve ici un sublime rôle de femme perdue. Mathieu Demy signe un joli film, attachant, sous forme d'errance désespérée vers ses propres racines. Des longueurs et de longs flash-backs, un propos qui se perd parfois, mais au final un joli moment, beau et triste à la fois.

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