Réalisé par Youssef Chahine
Avec
Latifa, Ahmed Bédeir et Ahmed Wafik
Édité par Éditions Montparnasse
« Silence… on tourne » est le dernier en date de la
quarantaine de films tournés par l’Egyptien Youssef Chahine,
depuis « Baba Amin », en 1950. Le dernier, mais pas le
meilleur !
Malak (interprétée par Latifah, chanteuse tunisienne établie
en Egypte, célèbre dans tout le Moyen-Orient), alors qu’elle
joue dans un film sur un scénario de son vieil ami Alphi,
apprend que son mari veut divorcer.
Attiré par sa fortune, Lamei, un pas grand-chose, un séducteur
se prétendant sans vergogne docteur en psychologie, lui fait
une cour effrénée ; avec succès, puisque Malak annonce qu’elle
va l’épouser.
Avec la complicité de Paula, la fille de Malak, Alphi
entreprend de démasquer le gigolo : il fait croire à Lamei que
Malak a été déshéritée par sa mère au profit de Paula.
Eh oui, vous devinez la suite : Lamei fait une cour, tout
aussi effrénée, à Paula qui confond le bellâtre, dont elle a
enregistré les déclarations.
C’est parfaitement filmé (sauf une référence un peu fauchée à
The Mask de Chuck Russell (1994) personnage jouant les
tornades blanches avec les yeux sortant des orbites). Mais, il
faut oser le dire : c’est aussi très… « Veillée des
chaumières » !
On peut le regretter : hormis Le Destin (1997), aucun des
grands films de Youssef Chahine n’est encore disponible en
DVD. Ni « Le sixième jour » (1986), ni « L’émigrant » (1994), ni
« L’autre » (1999), qui auraient pourtant tellement mérité que
« Silence… on tourne » leur cède la priorité.
Une édition soignée, avec une bande son de grande qualité. Pas de sérigraphie sur le disque testé (peut-être pas la version du commerce). Menus plutôt banals, division limitée à neuf chapitres (pas bien gênant : il ne se passe pas grand-chose). On peut changer de version audio et de sous-titres à la volée.
Anorexiques ! A côté de la quasi-inévitable bande-
annonce en VOST, le DVD ne nous accorde avec parcimonie
qu’une trop courte interview en français (moins de 9
minutes, ce n’est pas bien long) du chef op’ Pierre Dupouey et
du réalisateur.
Le chef op’ nous confie tout le soin maniaque qu’apporte
Youssef Chahine au cadrage, à la préparation des mouvements de
caméra, aux répétitions avec les acteurs, au point qu’il
arrive souvent que le premier tournage d’une scène soit le
bon.
Et à 78 ans, Youssef Chahine nous assure en termes imagés,
mais très explicites, combien sa passion pour le cinéma est
restée… vigoureuse !
Couleurs rutilantes, beaucoup de rouge donc, mais aussi une débauche de bleus, de verts et d’ors, servis à profusion. La photo est précise, fine et en évidence le moindre petit détail, la finesse du grain de peau des héroïnes et aussi le moindre petit défaut de leur épiderme délicat. Ça ne triche pas, quoi !
Le son est incisif et fin dans chacune des versions, originale ou doublée, avec un avantage très net dans la profondeur de la version 5.1 sur la version stéréo.