Études sur Paris (1928) : le test complet du DVD

Édition Collector Limitée

Réalisé par André Sauvage

Édité par Carlotta Films

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Le 26/11/2012
Critique

Paris à la fin des années 1920 est une ville aux visages multiples, ô combien vivante. On y arrive en péniche, par les canaux qui rejoignent la Seine et où s’acharnent des milliers d’ouvriers. De l’Opéra à la butte Montmartre, au rythme des monuments historiques, la traversée de la capitale donne à voir une foule changeante. La promenade se prolonge sur les boulevards qui bordent les fortifications, puis à nouveau au fil de l’eau entre les quais animés des îles de Paris, pour s’achever au coeur du Quartier Latin…

Carlotta Films rend hommage au travail d’André Sauvage (1891-1975), réalisateur, pionnier du documentaire d’art, écrivain et artiste peintre français de l’entre-deux-guerres, dont l’oeuvre demeure trop souvent oubliée.

Etudes sur Paris, produit et réalisé par André Sauvage en 1928, est un film composé sous forme d’études poétiques sur la capitale divisé en en cinq parties : Paris-Port, Nord-Sud, Iles de Paris, Petite Ceinture, De la Tour Saint-Jacques à la Montagne Sainte-Geneviève. L’éditeur nous invite à embarquer dans une machine à remonter le temps pour découvrir le Paris en pleine mutation des années 20, là où les usines sorties de terre dévoilent d’immenses cheminées à la périphérie de la ville, tandis que les chevaux, les paysans, les vagabonds et déjà les automobiles encombrent les rues de la capitale dont les murs croulent sous les pubs Bébé Cadum.

Cinéaste maudit (qui a terminé sa vie agriculteur) sur lequel le sort n’a cessé de s’acharner à tel point que ses films ont été perdus, détruits, mutilés, André Sauvage est aujourd’hui réhabilité aux yeux des cinéphiles du monde entier.

Présentation - 5,0 / 5

Quel bel objet ! Un splendide digibook illustré renferme le livret de 48 pages concocté pour l’occasion, ainsi que le DVD à la superbe sérigraphie. Le menu principal est animé sur la musique de Jeff Mills, un des accompagnements musicaux du film disponible.

Bonus - 4,0 / 5

La Traversée du Grépon (1923 - 7’) :

Le montage a été réalisé avec les seules images existantes du film. Armé de sa caméra, André Sauvage décide d’aller explorer l’aiguille du Grépon (sommet rocheux qui élève ses parois à pic à 3500 mètres au dessus de Chamonix) lors de la première ascension du mont Blanc par un industriel de Tourcoing, accompagné de guides et d’un porteur. Le négatif original a totalement disparu de France. Subsistent des coupes et chutes montées et restaurées à partir des notes d’André Sauvage en 2012. Il ne reste aujourd’hui que près d’un dixième du métrage initial.

Portrait de la Grèce (1927 - 30’) :

André Sauvage nous propose un périple dans la Grèce des années 20, des ruines de la Grèce antique d’Athènes, les monts Athos et Olympe, jusqu’aux îles de la mer Egée (Mykonos, Tinos). Le montage original et les copies du film ont été détruits. Ne subsistent que des coupes, chutes positives et fragments d’intertitres français. Les images montrées ici sont brutes et faisaient parties des scènes non montées. Le film a été restauré et à partir des notes manuscrites d’André Sauvage en 1997.

Edouard Goerg à Cély (1928 - 15’) :

Lors d’une visite des Sauvage au peintre et graveur Edouard Cély (1893-1969), ce film fut tourné dans le jardin du peintre à Cély (Seine-et-Marne), comme un film de fiction. Le peintre y interprète, avec une certaine verve, le personnage avare et misogyne tandis qu’André Sauvage joue le rôle du cousin. Ironique et burlesque. Le film a été restauré en 1993 à partir d’une copie positive nitrate incomplète, avec intertitres français.

Rue du pré aux clercs (1930 - 3’) :

il s’agit ici de films de famille tournés chez les Sauvage : la communion solennelle de la petite Agnès, Edouard Goerg chez lui à Cély, le reste de la famille Sauvage s’amusant avec la caméra. Le négatif et les fragments positifs ont été restaurés en 1993.

Pivoine déménage (1929 - 17’) :

Pivoine, un clochard, vit sur les quais près de Notre Dame, Macaroni et Georgette sont ses compagnons d’infortune. Ne pouvant plus supporter les insultes des passants et les jets de pierre des enfants, Pivoine décide de déménager… En 1929, André Sauvage entreprend de tourner des Scènes de la vie parisienne qui seraient des courtes fictions prolongeant son travail documentaire d’Etudes sur Paris. Le premier de ces films, Pivoine déménage (ou Pivoine) voit ses extérieurs tournés sur l’Ile Saint-Louis. Michel Simon interprète Pivoine, vagabond de 55 ans. Certaines sources déclarent que l’oeuvre a été arrêté en cours de tournage en raison de l’insuffisance du procédé sonore, tandis que d’autres affirment que Sauvage a bien terminé son film mais que c’est l’imperfection de la technique sonore qui a empêché la sortie et l’exploitation de Pivoine déménage. Le montage a été effectué à partir d’une copie positive incomplète, de chutes et des épreuves originales remontées à partir du scénario original en 2010. Les sous-titres ont été composés d’après différentes versions du scénario annotées par Sauvage afin de restituer l’originalité des dialogues initiaux.

Essais sonores d’André Sauvage pour Pivoine déménage (1929 - 1’) :

Face à la caméra, à 30 centimètres du micro, André Sauvage lit un texte sur le nouveau règlement concernant les passages cloutés à Paris. Copie positive en N&B, restaurée en 1994.

Carlotta Films joint également un superbe livret de 48 pages réalisé sous la direction d’Eric Le Roy (Archives Françaises du Film du CNC). Ce livret comprend des photos, articles, analyses, une revue de presse et une filmographie commentée d’André Sauvage.

Image - 4,5 / 5

Nous n’hésitons pas à mettre 4,5/5 en raison de la rareté des images, de la restauration HD et de la beauté de copie. Le lifting d’Etudes sur Paris a été effectué à partir du négatif original nitrate non monté, les notes manuscrites d’André Sauvage et une copie d’époque incomplète. Ces éléments ont servi de référence pour le tirage d’un interpositif, puis d’un contretype. Agnès Sauvage a supervisé la restauration du film et le contretype monté dans l’ordre, les intertitres français ayant également été réintégrés. La restauration photochimique a été initiée par les Archives françaises du film du CNC, tandis que la restauration numérique a été confiée aux bons soins du laboratoire de L’Immagine Ritrovata de la Cineteca di Bologna, achevée en mars 2012. Le N&B est lumineux, la clarté appréciable, le grain respecté, la stabilité de mise et même les fondus enchainés affichent une solide fluidité. Le master, à peine marqué par des points et griffures, est proposé dans son format d’origine 1.33..

Son - 4,0 / 5

Deux choix au programme, un accompagnement musical du Quatuor Prima Vista (spécialiste du ciné-concert), un autre signé Jeff Mills. Le premier s’accorde à merveille avec les images d’André Sauvage. Créé en 1997, ce Quatuor composé de deux violons, un alto et d’un violoncelle bercent les différentes parties d’Etudes sur Paris et participe à ce voyage émouvant dans le temps. Par ailleurs, cette composition est nettement plus respectueuse de l’esthétique du film que celle créée par Jeff Mills, pionnier américain de la techno reconverti dans le ciné-mix (nouvelles bandes-son pour Les 3 âges, Le Voyage fantastique), dont la musique marquée par le piano et les percussions se révèle aussi redondantes qu’inappropriée. Les deux mixages sont proposés en Dolby Digital 2.0 de haut niveau, dynamique et même immersif.

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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5
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Franck Brissard
Le 7 novembre 2014
Pas de commentaire.
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Sabrina Piazzi
Le 10 décembre 2012
Pas de commentaire.

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