Alexandre Astier - Que ma joie demeure ! (2012) : le test complet du DVD

L’éternelle question « peut-on rire de tout ? », il y a belle lurette qu’Alexandre Astier ne se la pose plus. La légende Arthurienne, la physique quantique et maintenant Bach… Sans limite apparente, l’auteur-interprète surprend donc d’emblée avec un postulat un brin décalé. Nous voilà déjà à moitié emballé…

Dans « Que ma joie demeure ! », Alexandre Astier enfile donc les chausses de Jean-Sébastien Bach qui, entre anecdotes historiques et délires de l’auteur, va donner une leçon de musique à quelques égarés de basse condition tout en se livrant sur ses inquiétudes profondes, ses colères ou même sur la bonne façon de préparer un bon sandwich au jambon…

Le rire chez Alexandre Astier, c’est du sérieux ! On rigole avec n’importe quoi certes, mais pas n’importe comment. Nous sommes ici en présence de ce qu’on appelle le « rire intelligent ». Un de ces rires que l’on peut trouver chez Desproges, Bedos, Devos ou Rollin. Un rire féroce, caustique, qui joue avec la musique des mots et peut être désamorcé en un quart de seconde par un trait d’émotion ou de poésie.

Bach prof, Bach malade, Bach colérique, Bach exigeant, Bach inquiet, Bach bourré même… la multitude est parfois déboussolante, le rythme est soutenu, le verbe abondant mais toujours précis et choisi avec soin. Astier assure le tout sans broncher, avec une générosité scénique évidente et le plaisir visible d’emmener le spectateur dans un univers qui lui est cher.

On rit franchement ; on apprend et/ou on désapprend sur Bach, la musique, les orgues et les sandwiches au jambon ; on ressort en tous cas émotionnellement rassasié, merci qui ? Merci maestri !

Voici une édition collector qui marque bien la distance avec la version standard.

Le boîtier est un digibook (le livre est attaché au support) et présente deux galettes : le DVD du spectacle et un CD-audio reprenant 3 morceaux de musique que l’on peut entendre pendant le spectacle. Le livre (on ne parle en effet plus de livret avec 92 pages à déguster) a été conçu spécialement pour cette édition et contient des extraits du livre de Gilles Cantagrel « Bach en son temps », accompagnés de notes d’Alexandre Astier et de photos du spectacle… une mine d’informations et d’anecdotes qui éclairent le spectacle d’un savoir savoureux et aident à trier le vrai du faux.

À l’insertion du DVD, le ton est donné avec un logo Universal noir et blanc accompagné à l’orgue par Alexandre Astier himself !

Le menu est sonorisé et les transitions se font dans un son et mouvement au sein de la tuyauterie d’un orgue. Toute l’interface est soignée et imprégnée du thème musical du spectacle.

3 bonus au rendez-vous :
- un entretien avec Alexandre Astier au sujet de Bach et de sa connaissance des orgues qu’il expertisait.
- une fausse bande-annonce dont je ne révèlerais pas le titre pour ne pas gâcher le gag, réalisée par Mr Poulpe et son équipe, toujours sur le thème de Bach.
- un entretien avec Gilles Cantagrel, grand spécialiste des orgues et surtout du Cantor de Leipzig, qui revient sur certaines anecdotes et traits d’humour du spectacle pour les remettre en perspective dans leur véritable contexte historique. Cet homme est passionnant, on pourrait l’écouter des heures durant.

La captation du spectacle enregistré au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon, n’est pas ce qu’on a vu de mieux dans le genre. La définition de l’image est tout à fait correcte, mais le montage est parfois violent. Quant au son, alors que la majorité des spectacles d’humour du moment sont enregistrés en 5.1, on hérite ici d’une piste stéréo qui, bien que précise, manque cruellement d’ambiance. De quoi nous pousser à retourner voir le spectacle en live…