Réalisé par Pier Paolo Pasolini
Avec
Ninetto Davoli, Franco Citti et Tessa Bouché
Édité par Carlotta Films
Pier Paolo Pasolini a choisi une dizaine des Contes des mille
et une nuits (que Sheherazade improvisait, nuit après nuit,
afin de reculer le moment de son exécution) pour le dernier
volet de la Pier Paolo Pasolini - La Trilogie de la vie : Le Décaméron + Les Contes de Canterbury + Les Mille et une nuits, terminé en 1974, après
« Il decameron » (1970) et « The Canterbury Tales » (1971).
Dans un souk, un marchand d’esclaves vante la beauté et les
talents (de masseuse) de Zumurrud pour faire monter les
enchères. Mais la belle a choisi son acheteur, Nur er Din, un
beau puceau sans le sou, à qui elle donne toutes ses économies
pour qu’il puisse s’acquitter du prix. L’idylle tourne court,
avec l’enlèvement de Zumurrud par un étranger aux yeux bleus.
Nur er Din, s’il a perdu son pucelage, a gagné l’amour fou :
il erre désormais comme une âme en peine à la recherche de
l’aimée.
Après plusieurs mésaventures, la belle esclave traverse le
désert, habillée en homme, jusqu’à une ville dont le roi vient
de mourir sans postérité. Selon la coutume, le premier homme
arrivant du désert doit porter la couronne. Ce qui vaut à
Zumurrud une promotion inattendue et, aussi, son mariage à…
la princesse Ayat !
A peine Shahzman tombe-t-il sous le charme d’une belle jeune
fille à peine entrevue, que celle-ci est enlevée par un démon
qui la garde prisonnière dans un profond tombeau. Le soupirant
retrouve la malheureuse et assouvit sa passion. Ce que le
démon supporte mal : il découpe en morceaux l’infidèle et
transforme son rival en singe !
Il y a aussi l’infortune d’Aziz, interprété par Ninetto
Davoli, qui sauve de justesse sa vie du courroux d’une amante
jalouse, mais y perd les attributs de sa virilité à laquelle
il semblait pourtant tenir comme à la prunelle de ses yeux !
Et encore plein d’autres aventures fantastiques, agrémentées
de rencontres avec toutes sortes de personnages, dont un cheik
qui préfère la banane à… la figue !
Des histoires imbriquées les unes dans les autres, racontées
avec beaucoup d’humour. Des foules bigarrées. Les merveilleux
décors naturels du Yémen, d’Éthiopie, d’Iran et du Népal. Un
enchantement !
Et puis du suspense : Nur er Din retrouvera-t-il l’amour de sa
vie, au terme de sa périlleuse errance ?
Un grand coup de chapeau à Carlotta Films pour la superbe
présentation du digipack, illustré de photos dans un camaïeu
de tons lie-de-vin, reprises sur la sérigraphie des disques
et, avant tout, pour la qualité de la restauration !
Pas la moindre anicroche avec les menus, clairs et
esthétiques. Le découpage en 10 chapitres, avec vignettes
animées et sonorisées, permet d’accéder sans faillir au conte
de son choix. On peut, à la volée, passer de l’italien au
français, afficher ou masquer les sous-titres français.
Un magnifique hommage à Pasolini, dans une belle édition, du
niveau de celle de Salò ou les 120 jours de Sodome, due au même éditeur.
La version anglaise s’impose, sans l’ombre d’un doute. C’est
dans cette langue que le film a été tourné, y compris par les
acteurs italiens.
L’ami pasolinien : Entretien avec Ninetto Davoli
(10’38” - VOST). Cet entretien, tourné par Amaury Voslion,
illustré de scènes du film, est l’élément essentiel des
suppléments, un peu maigres il faut le dire.
Ninetto Davoli, un des amis et des acteurs fétiches de
Pasolini (apparemment moins inspiré que pour ses entretiens
sur les deux autres volets de la trilogie), nous raconte les
repérages en compagnie de Pasolini, combien leurs rapports
avec les autochtones furent faciles, qu’il fut souvent pris
pour un Arabe, etc..
Diaporama de photos (1’53”). Une intéressante sélection
de photos de plateau, en noir et blanc, parmi lesquelles
quelques beaux portraits de Pasolini.
Scènes coupées (20’20”). Ce bonus n’était pas offert
sur les deux autres disques du coffret. Rien de bien excitant,
pourtant. Juste quelques scènes mises bout à bout et…
muettes : Pasolini enregistrait les dialogues en studio, pas
en direct.
Bande-annonce d’époque en VOST (4’33”).
Restauration correcte : la propreté de la photo (quelques
taches, uniquement visibles sur les fonds très clairs),
couleurs stables, délicatement rendues : ocre des habitations
en pisée, bleu et jaune des façades des palais iraniens, or et
argent des palais arabes, vert tendre des tamaris sur le sable
rouge du désert. On en a plein les yeux !
La qualité de la restauration rend hommage au soin méticuleux
qu’apportait Pasolini à la composition de l’image.
Le son mono d’origine est honnête, malgré quelques saturations occasionnelles, en particulier dans les graves.