Mafioso (1962) : le test complet du DVD

Antonio Badalamenti est contremaître dans une usine à Milan. Décidé à présenter son épouse et ses deux petites filles à sa famille, il fait route vers la Sicile afin d’y passer les vacances. Arrivé sur place, tout ne se passe pas comme prévu, sa femme n’est guère appréciée par sa belle-famille. De plus, Antonio est contacté par des parrains de la mafia à qui il doit sa situation confortable. Ces derniers souhaitent que l’homme leur rende l’appareil. Dans l’impossibilité de refuser, Mr Badalamenti, devra ranger son costume d’ouvrier pataud pour enfiler, non sans mal, celui de tueur à gages professionnel.

Personnalité atypique du cinéma transalpin, Alberto Lattuada demeure un cinéaste éclectique et inclassable. Plus connu dans nos contrées pour avoir mis le pied à l’étrier à Federico Fellini avec Les Feux du music-hall (signé par les deux réalisateurs en 1950) et une superbe adaptation de la nouvelle de Gogol, Le Manteau (1952), il offre à l’immense Alberto Sordi l’un de ses plus grands rôles dans Mafioso.

En s’attaquant de manière frontale à la mafia ainsi qu’aux dérives criminelles de la Sicile, les scénaristes Marco Ferreri, Age et Scarpelli, livrent une comédie de moeurs loufoque (le retour au pays et le repas qui s’ensuit sont à se rouler par terre) inscrite dans un récit criminel audacieux à la frontière du drame social. Confondant de naturel, Alberto Sordi est magnifique, porte le récit à bout de bras en passant du rire aux larmes en un clin d’oeil. La mise en scène d’Alberto Lattuada se met au service de l’histoire et se révèle aussi fluide que maîtrisée.

Une oeuvre rare à découvrir de toute urgence.

Le DVD repose dans un superbe slim digipack qui comprend également un petit livret de 12 pages signé Jean A. Gili. En guise d’interactivité nous trouvons une galerie d’affiches, ainsi qu’une filmographie sélective d’Alberto Lattuada, Alberto Sordi et Dino De Laurentiis. La sérigraphie du DVD est élégante, le menu principal fixe et bruité fort soigné. Attention, ne lisez pas le résumé présent sur le verso puisque toute l’histoire y est racontée du début à la fin !

Jusqu’alors disponible qu’en import, Mafioso est édité en France par Tamasa Distribution, qui livre un master plutôt satisfaisant du film d’Alberto Lattuada. Même si quelques fourmillements, rayures, points et autres scories subsistent, la copie demeure largement suffisante pour (re)découvrir cette grande comédie. Le générique est évidemment plus altéré avec des accrocs plus conséquents et des blancs cramés. L’encodage demeure toutefois correct, la gestion des contrastes est dans l’ensemble solide, le N&B est suffisamment riche et lumineux, et la photo du chef opérateur Armando Nannuzzi (L’Incompris, Le Bel Antonio) est habilement restituée. Le piqué est certes aléatoire, mais le master trouve rapidement un équilibre convenable et offre un confort de visionnage suffisant. Notons quelques menus décrochages ainsi qu’un grain hasardeux, mais rien de réellement rédhibitoire.

Le mixage italien a subi un dépoussiérage honorable car les dialogues n’ont jamais été aussi intelligibles. Si la bande-son n’a pas été épargnée par les affres du temps, l’écoute demeure agréable et même tonique avec des répliques allant à cent à l’heure. La musique de Piero Piccioni (Main basse sur la ville, Les Garçons) est bien délivrée et l’ensemble ne manque pas d’ardeur, surtout lorsque les siciliens parlent très fort. Pléonasme.