Sylvie et le fantôme (1946) : le test complet du DVD

La jeune Sylvie trompe sa mélancolie en faisant revivre le portrait d’un jeune chasseur qui orne les murs du château familial. La voyant désespérée par la vente du tableau et la disparition du fantôme, son baron de père engage un comédien chargé d’incarner le jeune chasseur. Terrorisé par la situation, le vrai fantôme du tableau se manifeste, avant l’arrivée d’un troisième fantôme, mais qui lui est un évadé en cavale…

Sylvie et le fantôme est véritablement le film avec lequel le cinéaste Claude Autant-Lara affirme son style, son humour et sa maîtrise technique. Cette quatrième collaboration entre le réalisateur et la comédienne Odette Joyeux après Le Mariage de Chiffon (1941), Lettres d’amour (1942) et Douce (1943) demeure une formidable comédie fantastique comprenant de fabuleux trucages encore aujourd’hui impressionnants quand on voit le fantôme éponyme, interprété par un certain Jacques Tati, déambuler au milieu des vivants, traverser les murs et les sols, lancer la balle à son chien qui l’a accompagné dans l’au-delà.

Si l’on ne peut échapper à une certaine théâtralité en raison de son intrigue se déroulant dans un château et par ses dialogues parfois trop ar-ti-cu-lés, Sylvie et le fantôme a le mérite de passer les années sans trop de dommages, même si Odette Joyeux, alors âgée de 32 ans apparaît bien trop âgée pour son personnage qui dans le film fête ses 16 ans. Les quiproquos et rebondissements s’enchaînent sur un rythme soutenu, les répliques sont drôles et soignées, les comédiens ont l’air de s’amuser et les effets spéciaux conservent leur charme poétique et nostalgique.

La sérigraphie du DVD reprend les couleurs de la jaquette et de la collection des Classiques Français SNC. Le menu principal est animé sur des extraits du film.

Outre des notes de production (sans véritable intérêt) et un lot de bandes-annonces, l’éditeur joint une présentation du film par Jean-Jacques Paulvé et Jean-Ollé Laprune (23’).

Si Sylvie et le fantôme est effectivement abordé ici à travers son casting, quelques anecdotes de tournage et l’accueil à sa sortie, c’est surtout un portrait du producteur André Paulvé qui est au centre de ce documentaire. Producteur de classiques et chefs d’oeuvres du cinéma français tels que Les visiteurs du soir (1942), L’éternel retour (1943), Les Enfants du paradis (1943), La Belle et la Bête (1945) et Casque d’or (1951), André Paulvé reste encore aujourd’hui le symbole de la « qualité France ». Son fils ainsi que l’historien du cinéma retracent les étapes de sa carrière.

Le master SD de Sylvie et le fantôme est le fruit d’une restauration photochimique et numérique HD, effectuée sur la base d’un scan 4K. Le nouvel étalonnage et la restauration numérique ont été effectués en 2K, et c’est pourquoi nous n’hésitons pas à mettre un joli 4/5 à cette merveilleuse copie, même si le générique reste tremblant. Le film de Claude Autant-Lara contient de très nombreux plans truqués en surimpression afin de permettre à Jacques Tati, le fantôme du titre, d’aller et venir dans les mêmes pièces que les habitants et les invités du château. La restauration offre un rendu quasi-parfait de ces effets visuels, consolidés par une compression de haut niveau. Le N&B est riche, les blancs souvent lumineux et les noirs concis, la stabilité est de mise, l’homogénéité flatteuse et la gestion du grain assurée.

Le mixage Mono d’origine a également subi un beau dépoussiérage et instaure des conditions acoustiques sans esbroufe, en laissant une belle place à la musique, parfois chuintante. Les dialogues sont un peu sourds ou  » métalliques « , un très léger souffle se fait entendre, mais rien de bien méchant. Notons l’absence de sous-titres destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © SNC/M6 Vidéo