Réalisé par Paolo Taviani
Avec
Cosimo Rega, Salvatore Striano et Giovanni Arcuri
Édité par France.TV Distribution
Théâtre de la prison de Rebibbia. La représentation de
« Jules César » de Shakespeare s’achève sous les
applaudissements. Les lumières s’éteignent sur les acteurs
redevenus des détenus. Ils sont escortés et enfermés dans leur
cellule.
Mais qui sont ces acteurs d’un jour ? Pour quelle faute
ont-ils été condamnés et comment ont-ils vécu cette expérience
de création artistique en commun ? Inquiétudes, jeu,
espérances… Le film suit l’élaboration de la pièce, depuis
les essais et la découverte du texte, jusqu’à la
représentation finale.
Depuis que j’ai découvert l’art, cette cellule est devenue une prison ». Etre surpris et remué au cinéma est devenu de plus en rare, ne nous voilons pas la face. César doit mourir de Paolo et Vittorio Taviani fait partie de ces films périlleux qui proposent une alternative à la standardisation des films contemporains, une fiction théâtrale, mais pas n’importe laquelle. A plus de 80 ans passés, les deux frères posent leur caméra dans la prison de Rebibbia, située dans la périphérie de Rome.
Avec le soutien des prisonniers du quartier de haute sécurité, les détenus liés à la Mafia, à la Camorra, de nombreux condamnés à la prison à vie pour meurtre, pour trafic de stupéfiant, ils décident de monter le Jules César de William Shakespeare, qu’ils se sont complètement réappropriés en conservant l’âme de la tragédie mais aussi ses thèmes comme l’amitié, la trahison, le pouvoir, la liberté, le délit, le crime et le doute.
Ou quand l’énergie d’un événement culturel s’oppose à l’obscurité et à l’immobilisme de la vie carcérale. A travers ces « comédiens », les frères Taviani trouvent la force dramatique de la vérité, mais aussi le savoir des acteurs. C’est là que César doit mourir devient troublant, car à travers les mots énergiques et modernes de Shakespeare, les prisonniers se donnent corps et âme, du casting en passant par les répétitions jusqu’à la représentation devant un public conquis, en puisant dans leur propre histoire et dialecte, napolitain, calabrais. La troublante émotion provient de ce décalage entre le décor, le N&B violent, lumineux et contrasté qui s’oppose aux couleurs (symbole de l’évasion et du rêve) de l’interprétation sur scène, la beauté des dialogues et de la musique, l’intensité de l’interprétation des prisonniers comme si toute leur vie en dépendait.
C’est le coeur de César doit mourir, celui qui bat à toute vitesse à la fin de la représentation, avant que les « comédiens » ne soient séparés et de retour dans leurs cellules respectives. Et le spectateur d’être ensuite hanté par cette oeuvre innovante et vertigineuse récompensée par l’Ours d’Or au Festival International du Film de Berlin en 2012 et le David di Donatello du Meilleur Film la même année.
Le menu principal reprend l’interface classique chère à France Télévisions. Animé et musical, l’ensemble demeure efficace. Malheureusement, seule la bande-annonce est disponible en guise d’interactivité.
César doit mourir s’ouvre sur une scène en couleur. On craint d’abord le pire. En effet, s’agissant de la représentation sur scène, les spots de couleurs bavent, les visages des comédiens se révèlent blafards, des fourmillements sont notables et les détails manquent cruellement à l’appel. Heureusement, la copie resplendit dès le passage au N&B, tranché, vif, contrasté, incandescent. Le piqué se raffermit immédiatement, les noirs sont denses, les blancs d’une clarté éblouissante et la palette de gris est très riche. Tourné en numérique via la caméra Red One MX, César doit mourir aurait amplement mérité une sortie en Haute Définition.
Le film est uniquement disponible en version originale, mais nous n’attendions pas plus. Si la piste Stéréo se révèle percutante dans son genre et bénéficie d’une large ouverture des enceintes frontales qui conviendrait presque totalement pour une oeuvre comme César doit mourir, il serait dommage de vous passer de la piste Dolby Digital 5.1. En effet, en plus de délivrer les dialogues avec ardeur, les latérales créent une remarquable spatialisation musicale et distillent divers effets et ambiances du monde carcéral, sans oublier les applaudissements des spectateurs. Le caisson de basses appuie volontiers le superbe thème musical. Les sous-titres français sont imposés.
Crédits images : © France Télévisions