Réalisé par Florent-Emilio Siri
Avec
Samy Naceri, Benoît Magimel et Nadia Farès
Édité par Pathé
Banlieue de Strasbourg. Un veilleur de nuit quitte sa maison,
enfourche sa moto et roule vers son lieu de travail : un
entrepôt. Une bande de braqueurs investit cet entrepôt pour
le délester de quelques cartons de PC portables. Un véhicule
des Forces Spéciales, chargé de convoyer un mafieux albanais
violeur et proxénète, et victime d’un guet-apens orchestré
par les hommes de ce dernier, trouve refuge dans ce même
entrepôt, aussitôt pris d’assaut par les criminels…
Malgré le réveil (enfin !!!) du cinéma de genre français de
ces dernières années, on était loin d’imaginer la claque
qu’allait nous asséner Florent-Emilio Siri. D’un seul coup
d’un seul, le jeune réalisateur (après une trentaine de
clips, entre autres pour Iam, et un premier film sur les
travailleurs des mines, Une Minute de silence en 1997)
parvient à nous faire oublier quelques décennies soporifiques
de cinéma post Nouvelle Vague, en nous offrant un vrai, un
grand film de genre parfaitement maîtrisé, véritable western
urbain mâtiné de film noir, où l’action possède une beauté
formelle incroyable.
Pourquoi une telle réussite ?
Certes, le jeune cinéaste fait preuve d’une maestria
confondante dans sa réalisation très visuelle, chaque plan
étant pensé et travaillé en fonction de l’histoire (voir par
exemple les scènes de présentation au début du film, toutes
reliées entre elles par un élément visuel).
Certes les scènes d’action sont nombreuses et hyper-
efficaces, aidées par un découpage et un montage électrisants.
Mais la longueur d’avance que prend Siri sur ses collègues
tient en un mot : les personnages. Les protagonistes (une
petite dizaine, quand même) ont une réelle profondeur et
chacun devra suite son propre parcours initiatique. Le
réalisme des caractères, porté par des acteurs imprégnés de
leur rôle (même Samy Naceri est convaincant, c’est vous
dire…), permet au réalisateur (également co-scénariste),
d’entraîner le spectateur au coeur même de l’action, et de
l’intégrer complètement dans son intrigue en forme
d’entonnoir.
Hélas, le public français n’a pas suivi, vraisemblablement
repoussé par un marketing quelque peu raté (voir par exemple
l’affiche du film, complètement à côté du film qu’elle est
censée vendre). Dommage pour Florent-Emilio Siri, dommage
pour ceux qui n’auront pas vu le film en salles. Il n’en
reste pas moins que « Nid de guêpes » est une vraie bouffée
d’oxygène, qui redonne confiance en l’avenir du cinéma de
genre français.
Les 2 DVD sont réunis dans un boitier Amaray, contenu dans un
surétui qui a la bonne idée de cacher l’affiche du film (le
visuel du surétui est nettement plus réussi).
Les sérigraphies ne font pas dans la recherche graphique.
Les menus (sonorisés en 5.1) sont fidèles au visuel du film.
Le chapitrage est animé et sonorisé.
Des suppléments aussi nombreux qu’intéressants : c’est
suffisamment rare pour faire oublier les quelques défauts
(principalement la redondance sur les différents éléments).
Disque 1 :
Commentaire audio du Florent-Emilio Siri : La
supervision des suppléments par le réalisateur lui permet de
cibler le contenu de chacun d’eux. Les aspects techniques
étant passés au crible dans les documentaires du second
disque, il axe son commentaire sur l’histoire et les
personnages. Et quand on entend tout ce qu’il a à dire sur le
sujet, on comprendra l’une des réussites du film. Siri
maîtrise totalement son film, autant dans sa dramaturgie que
dans ses aspects techniques, ces derniers mis au services de
la première.
Pré-bande-annonce (16/9, 2:35, 1’06”) et
bande-annonce (16/9, 2:35, 1’57”).
Filmographies des acteurs et du réalisateur.
Disque 2 :
Making of offrant un tour d’horizon assez complet
(52’18”). Le réalisateur revient sur la genèse de l’histoire
(à la base, une simple photo des Forces Spéciales), puis on
aborde la construction du décor principal : l’entrepôt (pensé
comme un personnage à part entière). Suit la production du
film (Siri définit l’approche visuelle et sans dialogues
superflus du film), à partir de nombreuses scènes de tournage
(souvent couplées au résultat final du film) et d’interviews
des principaux intervenants (équipe technique, acteurs). Un
making-of à l’image du film : efficace.
Scènes inédites, au nombre de 3 (pour un total de
5’55”), présentées par le réalisateur, qui justifie fort
intelligemment les coupures.
Story-board de 6 séquences (13’51” au total),
également présenté par Siri. Le film a été entièrement
storyboardé, et les 6 segments présentés offrent un multi-
angle permettant soit de visionner le storyboard avec en
vignette le résultat filmé, soit l’inverse. Où on s’aperçoit
que le film était déjà présent sur le papier…
Impressionnante galerie de 236 photos, principalement
de tournage et pour une grande partie axées sur les
personnages (encore !).
Entretiens avec les 5 principaux acteurs, toujours
entrecoupés de propos de Siri. Au final, peu de paroles
(!!!), mais des extraits du tournage et du film ; on y
glanera quand même quelques informations sur la préparation
des acteurs. On retrouvera la quasi-intégralité de ce segment
dans le documentaire suivant.
En savoir plus : sorte de version longue (au total
plus de 90 minutes) du making of (quelques éléments
redondants, mais avec de nouveaux extraits de tournage),
découpée en segments distincts. L’ensemble est complet
(manque l’aspect montage du film, pourtant important) et se
laisse regarder sans ennui. L’omniprésence de Siri est
impressionnante.
Avant : intervention du producteur (la seule), et
conception des personnages (styles, look, etc…).
A l’intérieur : répétitions des acteurs (avec Siri
storyboard à la main), préparation des cascades « enflammées »
et des scènes techniques.
A l’extérieur : conception des masques, des armes
(particulières à chaque personnage); préparation et tournage
des cascades motos.
Après : post-production, avec la composition,
l’enregistrement et l’intégration de la musique (à noter
l’étonnante utilisation du carnyx, instrument celtique unique
au monde); présentation des effets spéciaux (200 plans
truqués dans le film, totalement invisibles) ; post-
synchronisation ; mixage. Et pour finir, un bétisier (on a vu
mieux dans le genre…).
Ceux qui verront le moindre défaut ont soit un problème dans
leur installation, soit envie de faire le mariole.
Master haute-définition, copie vierge de toute scorie,
étalonnage au top, compression sans faille : le résultat
donne une définition d’une finesse extrême, avec des détails
rendant hommage au travail sur la photographie du film
(regardez de près les plans rapprochés sur les visages des
acteurs pour apprécier).
La version Dolby Digital est un modèle du genre, totalement
en phase avec les alternances d’ambiances calmes et précises,
et les apothéoses sonores savamment orchestrées (faites le
test : placez-vous à la minute 45, évacuez vos voisins,
poussez le volume de votre ampli, et fermez les yeux : vous
n’êtes plus devant un écran, vous êtes au milieu de
l’entrepôt !).
Alors qu’on pensait avoir atteint les limites, la version DTS
(plein débit) parvient à en rajouter dans la dynamique et la
clarté, avec des basses plus profondes. Un must.