Les Salauds (2013) : le test complet du DVD

Réalisé par Claire Denis
Avec Vincent Lindon, Chiara Mastroianni et Julie Bataille

Édité par Wild Side Video

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Le 11/02/2014
Critique

Commandant, à bord d’un supertanker, Marco Silvestri doit rentrer d’urgence à Paris, abandonner le navire. Sa soeur Sandra est aux abois… son mari suicidé, une entreprise en faillite et sa fille unique à la dérive. Sandra désigne le coupable : l’homme d’affaires Edouard Laporte. Marco loue un appartement dans l’immeuble où Laporte a installé sa maîtresse et leur fils. Mais Marco n’avait pas prévu les secrets de Sandra, qui brouillent la donne…

Dès la première séquence avec cette jeune fille nue, chaussée de talons aiguilles, perdue dans les rues sombres de Paris nappées de vapeurs de sodium, il est difficile d’appréhender et surtout d’aimer un film comme Les Salauds, librement inspiré des Salauds dorment en paix (1960) du cinéaste japonais Akira Kurosawa. Trois ans après un White Material solaire, Claire Denis revient avec un de ses films les plus sombres, se déroulant principalement la nuit, dans des espaces confinés et étouffants. Porté par Chiara Mastroianni (magnétique) et Vincent Lindon (toujours aussi impérial), ce nouvel opus de la réalisatrice de Vendredi soir et 35 rhums a été tourné en numérique (une première pour Claire Denis) dans l’urgence et cela se voit à l’écran.

Claire Denis ne s’embarrasse pas de séquences superflues - le scénario a été écrit en un mois - et brouille les pistes avec un montage éclaté qui déconcertera sûrement les spectateurs à la première lecture. La richesse de cette oeuvre complexe, intime, nerveuse et sordide, se révèle dès la seconde, où l’émotion transparaît alors derrière le vernis glacial et glaçant.

Les Salauds est un film qui bouscule, qui interpelle sans arrêt, d’autant plus que l’empathie envers les personnages demeure très difficile, surtout que les personnages secondaires interprétés par Michel Subor, Grégoire Colin, Florence Loiret-Caille et Alex Descas restent quasiment fantomatiques. Si nous n’y voyons en premier lieu qu’un film noir, une oeuvre stylisée, graphique même, l’histoire se révèle à nous tel un uppercut, nous chamboule et nous triture les méninges bien après la dernière séquence difficilement supportable.

C’est peu dire que cette histoire de vengeance déstabilise et détonne dans le cinéma français par son pessimisme et se voit (et se revoit) comme une expérience rare, à part entière, dont l’aspect hypnotique est sans cesse souligné par la composition électronique dissonante des Tindersticks, fidèles de Claire Denis depuis Nénette et Boni en 1996. Si Les Salauds laisse froid la première fois, il n’en devient que plus fascinant par la suite. Réservé à un public averti.

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Bonus - 2,5 / 5

L’éditeur joint un module de 19 minutes intitulé Scènes coupées commentées par Claire Denis. La réalisatrice prend donc la parole sur ce qui s’apparente à des essais filmés et non pas des séquences laissées sur le banc de montage. Ce magnifique segment permet d’en savoir plus sur les différents essais lumières, décors, costumes, couleurs, maquillages, réalisés avec la chef opératrice Agnès Godard et les comédiens, afin de trouver le ton, l’atmosphère des Salauds. Claire Denis évoque son premier tournage en numérique, les conditions de tournage.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce, des liens internet et les crédits.

Image - 4,5 / 5

Pour la superbe photo de son film, Claire Denis s’est octroyée les services de sa fidèle collaboratrice Agnès Godard. Armé de sa caméra numérique Red Epic (une première pour la réalisatrice), la directrice de la photographie plonge les personnages dans une pénombre froide et angoissante. Si nous devons vous donner un conseil, c’est de visionner Les Salauds dans une pièce très sombre afin de jouir des volontés artistiques originales et surtout afin de mieux plonger dans l’ambiance des séquences nocturnes. Le DVD immaculé édité par Wild Side restitue habilement la profondeur des contrastes et les éclairages stylisés, même si le résultat est forcément moins probant qu’en HD. Le piqué reste ferme, les fourmillements limités et les scènes diurnes lumineuses et parfaitement saturées. Ce master SD est superbe.

Son - 4,0 / 5

En dépit de quelques dialogues parfois sourds, la piste DTS 5.1 proposée ici impose un confort acoustique digne et en parfaite osmose avec l’atmosphère du film. En effet, la musique composée par les Tindersticks est très présente et bénéficie d’une spectaculaire ouverture des enceintes latérales et frontales, y compris du caisson de basses qui est très souvent mis à contribution. Les ambiances naturelles manquent de temps en temps à l’appel, mais le mixage demeure très bon et suffisamment riche. Il en est de même pour la version Stéréo, dynamique et fluide.

Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription pour aveugles et malvoyants.

Crédits images : © Wild Bunch

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm