Réalisé par Terence Fisher
Avec
Peter Cushing, Hazel Court et Robert Urquhart
Édité par Warner Bros. Entertainment France
Ce film est un pilier du cinéma fantastique, et il est à juste
titre couramment considéré comme le fondateur du second âge
d’or, après le premier alimenté par les studios Universal à
partir des années 30. Les studios anglais Hammer, fort de
leurs premiers succès dans le genre avec « The Quatermass
Xperiment » en 1955 et « X - The Unknown » en 1956, se lancent
dans une série de films fantastiques, reprenant pour une bonne
partie les grands thèmes de la Universal.
« The Curse of Frankenstein » marque la première réunion des
talents qui restera dans les esprits comme la marque de
fabrique du studio.
Tout d’abord, la réalisation sera confiée à Terence Fisher, un
habitué de la Hammer depuis 1952 où il tourne « The Last Page ».
La mise en scène (que l’on pourrait qualifier de « classique »
dans le bon sens du terme) va éclater avec « The Curse of
Frankenstein », où son sens du cadre va magnifier les superbes
décors et costumes fournis par le studio, et où son art du
découpage et du montage va lui permettre de mettre en
opposition le côté « propre » de la bourgeoisie et le côté
horrible des expériences du baron, augmentant ainsi leur
impact pour le spectateur.
Côté interprétation, l’arrivée sur le film de Peter Cushing
(jusque là principalement cantonné à la télévision) et de
Christopher Lee va marquer l’avènement de ce tandem hors du
commun, et leurs diverses interprétations vont redonner un
sang neuf aux mythes vieillissants du fantastique.
En l’occurrence, l’interprétation du baron Frankenstein par
Cushing est de très grande qualité (on passe de la passion du
scientifique à son fanatisme pour ses recherches occultant le
côté humain), aidé par le scénario de Jimmy Sangster (lui
aussi un élément important du succès de la Hammer) qui fait du
scientifique le vrai « héros » de l’histoire.
Christopher Lee, de son côté, compense le maquillage imposé
par le rôle (et ô combien plus terrifiant que celui de Boris
Karloff) par une gestuelle très travaillée et des regards
hyper-expressifs.
Le triomphe justifié du film en Angleterre (en mai 1957) et
aux Etats-Unis (en août 1957) engendrera la mise en production
en novembre 1957 d’un autre grand classique du genre,
« Dracula » en VO (« Le cauchemar de Dracula » en France, ou
encore « Horror of Dracula » aux Etats-Unis), et de toute une
série de films (plus ou moins bons) sur une longue période.
Le thème de Frankenstein engendrera à lui seul 5 autres films
par la suite (dont 4 réalisés par Terence Fisher et
interprétés par Peter Cushing). Aujourd’hui, on appellerait ça
une « franchise »…
Le packaging est typique Warner : standard et basique, mais
avec un disque joliment sérigraphié.
Le menu est fixe et musical (en mono), idem pour le
chapitrage.
Le minimum pour échapper au néant total : une bande-
annonce (en version originale non sous-titrée, et en 4/3
codée en 16/9, d’où un encadrement complet de bandes
noires…) et une fiche technique (le mot est fort)
listant les 4 interprètes principaux, le scénariste et le
réalisateur.
Alors qu’il existe quantité de documents sur la Hammer, un
petit travail éditorial aurait été bienvenu.
Commençons par le point fort : la copie est très belle et sans
défaut, la colorimétrie et les contrastes sont bons, et
l’encodage satisfaisant même si les arrière-plans ne sont pas
toujours stables.
Hélas, 2 points noirs viennent gâcher le tableau :
Le premier est le format vidéo proposé. Certes, on apprécie
l’apport du 16/9 sur la définition, mais le film a été tourné
en 1.66, ce qui engendre une perte d’image en haut et en bas.
Pour être honnête, le résultat n’est pas catastrophique, le
cadrage ne s’en ressent pas trop (sauf pour les puristes), la
seule exception notable se situant lors de la présentation de
la demeure de Frankenstein, où le haut du bâtiment disparaît.
A noter que le générique a conservé son format original, d’où
l’apparition de bandes noires sur les côtés de l’image…
Mais le principal défaut côté image est ailleurs. On peut
certes apprécier l’apport du réducteur de bruit vidéo en terme
de définition, et en l’occurrence le film présenté ici ne fait
pas son âge. Malheureusement, la netteté s’en ressent
grandement : les contours s’estompent, et les images
paraissent la plupart du temps légèrement floues. Ce problème
s’accentue proportionnellement à la taille de l’image
projetée : il peut passer inaperçu sur les téléviseurs de
taille moyenne, et devient vraiment gênant pour les
possesseurs de vidéo-projecteurs.
Au final, le rendu global laisse une impression de déception
proportionnelle à la taille de l’image regardée, surtout -
répétons-le - malgré une belle copie. Dommage.
Trois pistes nous sont proposées : la version originale
anglaise, la version française, et la version allemande. Leur
comparaison donne des résultats surprenants.
Disons-le tout de suite (et ça ne surprendra personne) : la VO
est la meilleure, sans défaut notable.
La version allemande s’en approche, avec un volume légèrement
plus fort. La version française s’en sort nettement moins
bien : craquements, dialogues sourds, moins riche en
bruitages, globalement plus grave. Plus surprenant est l’ajout
sonore concernant le monstre, où des grognements ont été
ajoutés à ses apparitions (voir principalement la scène finale
sur le toit). Les concepteurs de la VF ont vraisemblablement
pensé qu’il apparaîtrait ainsi plus effrayant…
A noter également quelques remontages sonores sur la partie
musicale, où des morceaux musicaux absents de la VO figurent
sur la VF et sur la version allemande (par exemple en
41’20”).