La Bataille de Solférino

La Bataille de Solférino (2013) : le test complet du DVD

Réalisé par Justine Triet
Avec Laetitia Dosch, Vincent Macaigne et Arthur Harari

Édité par Shellac

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Le 06/05/2014
Critique

6 mai 2012, deuxième tour des élections présidentielles. Laetitia, journaliste télé, doit couvrir l’événement au coeur de la foule, rue de Solférino. C’est également le jour où Vincent, son ex, débarque, sûr de son droit de visite, pour revoir ses deux petites filles. C’est parti pour la bataille !
Autour d’eux, les gamines déchaînées, un baby sitter submergé, un nouveau mec vaguement « incrust », un avocat misanthrope, la jubilation et la détresse des français. Aujourd’hui, c’est dimanche, tout s’emmêle, rien ne va plus !…

Diplômée de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts, la jeune réalisatrice et scénariste Justine Triet (née en 1978) signe son premier long métrage avec La Bataille de Solférino, aboutissement de ses courts et moyens métrages. En effet, ce film synthétise Sur place (2006), Des ombres dans la maison (2009) et Vilaine fille mauvais garçon (2012) en basculant fréquemment d’un ton à l’autre au coeur de chaque scène, d’une situation familière à un événement collectif, tout en s’interrogeant sur la place de l’individu au sein d’un groupe.

Etrange symbiose de comédie, de drame et de film à suspense, La Bataille de Solférino s’avère beaucoup plus réussi dans son dispositif - une fiction plongée dans la véritable foule réunie devant le siège du Parti Socialiste au moment de l’annonce de la victoire de François Hollande le 6 mai 2012 - que dans son histoire centrée sur des personnages dont on ne parvient jamais à s’attacher, de la première à la dernière séquence. Non pas en raison du jeu des comédiens, plutôt bons dans l’ensemble, surtout Vincent Macaigne, mais parce que les protagonistes n’ont vraiment rien d’intéressant. Du coup, aucune empathie ne se créer entre nous et ces paumés au bord de la crise de nerfs, obligés de régler leurs comptes (la garde des enfants après une rupture brutale) devant des milliers de personnes.

La moitié des personnages est délaissée par la réalisatrice, visiblement dépassée, l’intrigue n’avance pas et fait du sur-place dès le premier tiers, le soufflé retombe instantanément. C’est dire si on trouve le temps long, surtout durant le dernier acte, interminable. D’ailleurs, on finit par décrocher totalement. Finalement, le documentaire sied beaucoup mieux à Justine Triet, son talent pour capter l’effervescence, une foule en liesse et l’énergie est indiscutable, mais cela reste encore à prouver en ce qui concerne son aptitude à savoir raconter une histoire (pauvreté des dialogues) et faire vivre des personnages.

Présentation - 4,0 / 5

Un très beau slim digipack reprenant le visuel de l’affiche du film renferme un livret (comprenant un long entretien avec la réalisatrice) et le DVD. Le menu principal est animé sur l’excellent Lose Your Soul de Dead Man’s Bones.

Bonus - 3,5 / 5

En guise de suppléments, l’éditeur nous gratifie de deux courts et un moyen-métrage de Justine Triet, qui contiennent (en mieux) en germe ce qui donnera finalement naissance à La Bataille de Solférino. Les deux premiers, des documentaires, sont à ne pas rater :

Sur place (2006, 26’) : Filmé entre la foule et la hauteur d’une fenêtre voisine, Sur place cueille les ballets des corps dans une scène de foule où la violence éclate. En accumulant les points de vue, sur l’individu, sur le groupe, sur la masse, le film tente de tirer de l’événement télévisuel une appréhension plus nuancée, plus trouble. Filmé à quatre caméras durant les manifestations du CPE.

Des ombres dans la maison (2009, 59’) : En banlieue de São Paulo, Gustavo, quinze ans, passe ses journées à l’assistance, un centre social géré par l’église évangéliste. Sa mère, Giselle, a des problèmes d’alcoolisme. Elle est convoquée au centre où elle rencontre Valeria, l’assistante sociale chargée de faire un rapport aux autorités pour valider ou non la garde des enfants par leur mère. Valeria est comme elle, mère de deux enfants. Elle est pasteur évangéliste et pousse la famille à intégrer son Eglise. Gustavo raconte à tout le monde qu’il a une amoureuse, « Taina », que personne ne connaît.

Vilaine fille mauvais garçon (2012, 31’) : La nuit survoltée d’un jeune peintre fauché et d’une comédienne déjantée. Dans l’impossibilité de se retrouver seuls, Laetitia et Thomas traversent chaque situation entre drame et légèreté, jusqu’à ce qu’un événement violent marque leur rencontre d’une étrange complicité… Avec Laetita Dosch et Serge Riaboukine.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce de La Bataille de Solférino et les credits du DVD.

Image - 3,5 / 5

Tourné avec peu de moyens, La Bataille de Solférino bénéficie d’un transfert suffisamment propre et clair, correspondant à la découverte du film dans les salles. Naturaliste, visiblement filmé avec les éclairages naturels, la colorimétrie se révèle terne voire parfois délavée, et le manque de définition est aussi aléatoire qu’inhérent aux conditions des prises de vue. Les contrastes sont soit trop appuyés soit trop légers, les visages manquent de précision, tout comme le piqué trop émoussé. Cependant, cet aspect brut renforce l’urgence avec laquelle le film a été réalisé. Les volontés artistiques de la réalisatrice, avec un aspect parfois documentaire et un grain plus ou moins appuyé, sont donc bien restituées…

Son - 3,0 / 5

Malgré la présence d’une piste Dolby Digital 5.1, le mixage demeure uniquement axé sur les enceintes frontales. La musique n’est pas ou très peu spatialisée, tandis qu’aucun effet ne se fait entendre sur les arrière, ce qui est dommage car nous aurions voulu être plongés dans la foule en liesse. L’ensemble manque de peps, surtout au niveau des dialogues qui manquent parfois d’intelligibilité. La balance droite-gauche est appréciable, mais le caisson de basses reste quasiment au point mort. En même temps, ce n’est pas non plus avec avec un film de cet acabit que nous aurions testé le Home Cinema.

Crédits images : © Shellac Sud

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm