Les Apaches (2012) : le test complet du DVD

Réalisé par Thierry de Peretti
Avec François-Joseph Culioli, Aziz El Haddachi et Hamza Meziani

Édité par Pyramide Vidéo

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Le 04/03/2014
Critique

Corse, Extrême Sud, Eté. Pendant que des milliers de touristes envahissent les plages, les campings et les clubs, cinq adolescents de Porto-Vecchio traînent.
Un soir, l’un d’eux conduit les quatre autres dans une luxueuse villa inoccupée… La bande y passe clandestinement la nuit. Avant de partir, ils volent quelques objets sans valeur et deux fusils de collection. Quand la propriétaire de la maison débarque de Paris, elle se plaint du cambriolage à un petit caïd local de sa connaissance…

Un coup d’essai et véritable coup de maître ! Egalement acteur - on l’a vu dans Ceux qui m’aiment prendront le train et De la guerre - et metteur en scène de théâtre, Thierry de Peretti a d’abord fait ses classes derrière la caméra avec un court-métrage impressionnant, Le Jour de ma mort (2006), et un moyen-métrage intitulé Sleepwalkers (2011).

Les Apaches, son premier long métrage, s’inspire d’un fait divers sanglant qui a secoué la Corse. Trois jeunes sans histoire en ont tué un autre de sang-froid, par peur qu’il les dénonce aux autorités, après qu’ils aient dérobé des fusils dans une villa de Porto Vecchio. Ils se sont ensuite débarrassés du corps en l’enterrant dans le maquis. « Peu de films racontent la Corse d’aujourd’hui. Je voulais écrire des petites choses sur ce que les gens vivent, je trouvais que cette île avait échappé au cinéma. La Corse est un endroit compliqué, meurtri, offensé, où le tourisme de masse a généré envie et frustration », déclare le cinéaste.

A travers cette histoire vraie, Thierry de Peretti se penche sur le rapport à la violence, la question du meurtre, de l’héritage, du désir de posséder, sur les raisons qui ont conduit une bande de potes à commettre l’irréparable sous un soleil de plomb (ou dans des ruelles très sombres en banlieue), non loin des plages bondées de touristes friqués. Mené par un casting de jeunes comédiens non professionnels mais très impressionnants et excellemment dirigés, tourné sur les lieux mêmes du drame, Les Apaches fait preuve de la maturité indiscutable de son auteur, la violence sèche et brutale de cette chronique adolescente (la scène du meurtre fait froid dans le dos) enfermée dans un cadre 1.33 peu banal et les dialogues coups de poing ne cessent d’impressionner.

Le metteur en scène connaît Porto Vecchio puisqu’il y a grandi, c’est sans doute pour cela qu’il parvient, comme il le dit lui-même, à « saisir la réalité de la Corse ». Ce portrait choquant, âpre, sans fards d’une jeunesse prise en étau entre un archaïsme ancestral ancré dans la terre de l’Ile de Beauté et une société en pleine mutation, prend souvent à la gorge et présente le verso de l’habituelle Corse « carte postale ». Drame social, thriller politique, engagé, un western moderne déjà caractérisé par son titre, Les Apaches révèle un cinéaste très prometteur.

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Bonus - 4,0 / 5

Pyramide Vidéo n’a pas fait les choses à moitié pour la sortie des Apaches en DVD et livre de nombreux suppléments :

Le Jour de ma mort (19’) est un court-métrage réalisé par Thierry de Peretti en 2006. Une nuit d’été, sur une place de village, quelque part en Méditerranée, un bal se donne. Un jeune homme, Simon, y vient pour y passer, sans le savoir, les derniers moments de sa vie. Réalisé dans le village du cinéaste avec un titre emprunté à Pier Paolo Pasolini, Thierry de Peretti s’inspire - comme pour Les Apaches - d’un fait divers qui l’avait marqué : l’assassinat d’un jeune militant nationaliste de son âge pendant un bal de village. « C’est un film nerveux, caméra à l’épaule, près des corps, des visages, car j’avais l’impression d’avoir besoin de ça pour sentir les choses » dit le metteur en scène. On ajoutera que ce court-métrage est vraiment maîtrisé et impressionnant dans son approche. Notons que des sous-titres anglais sont incrustés sur l’image.

Sleepwalkers (54’) est un moyen-métrage réalisé par Thierry de Peretti en 2011. Corse, été 2009. Pascal, jeune brancardier du CHU d’Ajaccio traîne son ennui et sa mélancolie entre les couloirs de l’hôpital et les rues de la ville. Mustapha employé clandestin d’un hôtel au centre de l’île est contraint de prendre le maquis. Entre les deux, un choeur de jeunes gens refait le monde et s’interroge. Réalisé dans une totale liberté en Corse, avec une troupe d’amis qui officiaient devant comme comédiens et derrière la caméra en tant que techniciens, Sleepwalkers est moins saisissant que Le Jour de ma mort et moins brutal, du moins dans sa forme. Thierry de Peretti use ici de plans séquences - il venait de découvrir les films de Hou Hsiao Hsien et d’Apichatpong Weerasethakul - et même de plans fixes, afin de s’exprimer sur le rapport au travail, au politique et la notion de collectif.

S’ensuit un entretien indispensable de 25’ avec Thierry de Peretti, durant lequel il revient sur son parcours, ses débuts de cinéaste, ses méthodes de travail, son style, le travail avec les comédiens, les thèmes explorés et ses inspirations, entre autres la nouvelle de Stephen King intitulée The Body, adaptée au cinéma en 1986 par Rob Reiner sous le titre Stand by Me, à travers son récit initiatique parcouru par un courant fantastique. A ne pas rater.

Thierry de Peretti intervient également dans le module suivant. Il livre une analyse pertinente de la scène pivot du film, celle du meurtre (6’) et s’exprime sur sa représentation comme trauma collectif, qui contamine les esprits de ses personnages. Une imitation d’exécution, pas un meurtre de droit commun, mais l’expression d’une pulsion. Notre interlocuteur évoque également le tournage de cette séquence, sa chorégraphie et les longues répétitions.

On termine sur un lot de bandes-annonces et quelques scènes coupées (14’), qui présentent notamment celle qui devait introduire les personnages avant qu’ils ne se rendent à la villa. Les autres séquences auraient ralenti le rythme puisqu’elles ne font que prolonger le quotidien des jeunes protagonistes, qui s’amusent à nager ou à traîner en bagnole.

Image - 3,0 / 5

Tourné avec les moyens du bord, le master au format 1.33 (4/3) respecté des Apaches rend compte des conditions techniques limitées mises à disposition du réalisateur. La clarté est de mise et les ambiances nocturnes passent plutôt bien le cap du petit écran, mais les séquences diurnes apparaissent quelque peu délavées, le piqué et les détails manquent singulièrement de mordant, divers artefacts de compression s’invitent sur les plans plus agités. Si le rendu n’est pas déplaisant et l’ensemble propre, les contrastes apparaissent souvent trop légers.

Son - 3,5 / 5

Ne vous attendez pas à des explosions ou des effets surround fulminants, mais le mixage Dolby Digital 5.1 permet de spatialiser la musique du film. Cependant, les dialogues auraient peut-être gagné à être un poil plus alerte sur la centrale et l’ensemble demeure essentiellement frontal en dehors des quelques plages musicales pendant les fêtes ou en discothèque. Les ambiances naturelles se font parfois ressentir et la balance des enceintes avant et arrière est plutôt bien équilibrée, tandis que le caisson de basses souligne quelques séquences avec brio. Quant à la stéréo également proposée, elle s’avère largement suffisante, les voix des comédiens y étant indubitablement plus dynamiques.

Mauvais point en revanche, l’éditeur a purement et simplement oublié les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.

Crédits images : © Pyramide Vidéo

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm