Réalisé par Terence Fisher
Avec
Peter Cushing, Christopher Lee et Michael Gough
Édité par Warner Bros. Entertainment France
Tourné juste après le succès commercial remporté par
Frankenstein s’est échappé ! en 1957, et reprenant une
autre icône du bestiaire fantastique made in Universal, « Le
cauchemar de Dracula » (« Dracula » en VO, ou « Horror of Dracula »
aux Etats-Unis), reste cependant plus ancré dans la mémoire du
public, portée par l’imagerie (les canines du vampire
apparaissent ici pour la première fois) générée par
Christopher Lee avec son interprétation du comte vampire, et
par l’apparition de la couleur, idéale pour faire ressortir le
rouge du sang versé.
Rarement l’adage disant qu’on ne change pas une équipe qui
gagne n’a été aussi bien respecté, et l’équipe technique du
film est très représentative de ce qui restera comme la marque
de fabrique des studios Hammer.
La réalisation est confiée à Terence Fisher, fort du succès du
premier Frankenstein. Sa science du cadrage et du montage sont
cette fois encore pour beaucoup dans l’impact visuel du film.
Le scénario signé Jimmy Sangster, même s’il respecte le climat
du roman original de Bram Stoker, propose d’importantes
différences. Par exemple, le personnage de Jonathan Harker
dans le film est chasseur de vampires, et meurt à la fin du
premier quart d’heure.
Il est également intéressant de noter les impacts des budgets
restreints des productions Hammer. Citons à ce propos les
pouvoirs de Dracula qui sont moins importants dans le film que
dans le roman, où il peut se changer en brouillard ou en loup,
cette différence induisant des métamorphoses trop coûteuses à
l’écran… Ou encore notons le fait que malgré leurs noms à
consonance anglaise, les personnages semblent habiter en
Europe centrale (ça évite d’avoir à traverser la Manche
).
Ceci dit, le comte nous paraît ainsi plus proche, plus
« humain », avec des faiblesses accentuées par rapport au roman
(dans ce dernier, il peut par exemple sortir en plein jour, en
perdant ses pouvoirs surnaturels).
La direction artistique gothique de Bernard Robinson fait des
merveilles, avec un soin du détail dans les décors d’une
beauté saisissante. La musique de James Bernard marqua
également les esprits par sa présence et sa force.
Peter Cushing et Christopher Lee sont à nouveau les principaux
interprètes, cette fois associés à Michael Gough (ancien
Quatermass de la Hammer, et futur Alfred, majordome du Batman
de Tim Burton), avec cette fois une nette « victoire » pour
Christopher Lee, qui malgré un temps de présence à l’image
restreint (moins de 10 minutes !) nous montre un Dracula tour
à tour séduisant et (surtout) bestial, interprétation qui
restera comme le maître-étalon des Dracula postérieurs.
Le succès sera à nouveau au rendez-vous et d’autres films
vampiriques suivront (le suivant sera « Brides of Dracula »…
sans Dracula !), mais aucun n’arrivera à la cheville de ce
premier opus Hammer, et le vampire des Carpathes n’y sera plus
que l’ombre de lui-même.
Le packaging standard Warner (avec quelques belles coquilles
dans le résumé du dos de la jaquette), avec un disque joliment
sérigraphié.
Le menu et le chapitrage sont fixes mais accompagnés d’un
extrait de la bande sonore (en mono).
Ne cherchez rien d’autre que la bande-annonce
américaine (en version originale non sous-titrée et en 16/9,
mais non restaurée… et ça se voit…) et une fiche technique
listant les interprètes principaux, le scénariste et le
réalisateur.
L’éditeur ne prend pas soin de ses consommateurs
fantasticophiles, dommage.
Une belle copie bien nettoyée, où seuls subsistent quelques
points blancs (à l’exception du générique final, visiblement
non restauré). Une colorimétrie pas toujours très contrastée
(les couleurs sont moins pétantes que sur
Frankenstein s’est échappé !), mais un bel encodage.
Le format 1.77 du 16/9 nous prive d’un peu d’image en haut et
en bas (le film a été tourné en 1.66), et on peut déplorer
quelques hauts de crâne coupés, ce qui pour les puristes frise
l’insulte quand on connaît le sens du cadrage de Terence
Fisher.
Le réducteur de bruit vidéo adoucit le grain de l’image et
augmente la définition (jetez un oeil sur la bande-annonce
pour voir la différence !) mais la netteté en prend un coup,
surtout sur les grandes tailles d’écran.
Les amateurs de VF en seront pour leurs frais, car seuls la
version originale anglaise et un doublage en allemand nous
sont proposés.
Les 2 pistes sont claires, la version allemande possède un
volume un poil plus haut, avec une bande sonore plus ou moins
puissante (la VO est plus harmonieuse). Quelques bruitages
sont nettement plus percutants en VO (notamment en 53’10” avec
les chocs du marteau sur le pieu).