Le Coeur a ses raisons (2012) : le test complet du DVD

À Tel Aviv, dans une communauté de Haredim (« craignant Dieu », en hébreu), le mariage de Shira, 18 ans, a été arrangé. Shira semble satisfaite du choix du jeune homme qu’on lui montre de loin dans un supermarché. Mais un drame vient différer la mise en oeuvre du projet : la soeur de Shira meurt en mettant au monde un fils, Mordechai…

Le Coeur a ses raisons (titre original : lemale et ha’halal, soit remplir le vide) est le premier film de la réalisatrice israélienne Rama Burshtein. Elle en a, également, écrit le scénario, centré sur une jeune femme face à son destin, qu’elle dit lui avoir été inspiré des romans de Jane Austen.

Si le mariage de Shira a été arrangé dans l’intérêt de la communauté, son entourage tient à s’assurer que l’homme choisi paraisse lui convenir. Mais quand son beau-frère Yochay se retrouve seul, Shira est toute désignée pour l’épouser et jouer le rôle de mère du bébé.

Le Coeur a ses raisons, par son thème, fait immédiatement penser à Kadosh (sacré en hébreu), écrit et réalisé en 1999 par Amos Gitai. Kadosh prenait le parti de fustiger l’extrémisme religieux en montrant la soumission totale de la femme, l’une rejetée parce qu’elle ne pouvait pas donner d’enfant à son mari, pourtant stérile, l’autre forcée à s’unir à un détestable bigot. Rien de tel dans le film de Rama Burshtein qui choisit d’observer la culture haredi sans porter de jugement de valeur sur elle.

Et ce, jusque dans la dernière séquence où la porte de la chambre se referme laissant Shira, aussitôt son mariage célébré, livrée à l’homme dont elle devra partager la vie. Peut-être sera-t-elle heureuse… En attendant de le savoir, elle sait déjà qu’elle a « rempli le vide » laissé par la disparition de la mère de Mordechai.

Le film, brillamment mis en images, avec des gros plans qui révèlent l’émotion contenue des personnages, nous fait pénétrer dans un univers refermé sur lui-même, certainement étouffant pour un agnostique. Mais il parvient aussi à distiller un charme insolite, renforcé par les accents fascinants des choeurs d’hommes qui font l’essentiel de l’accompagnement musical.

On apprécie également la subtile interprétation de Hadas Yaron, dans le rôle de Shira et de Yiftach Klein, celui de Yochay.

Un film étrange, presque envoûtant.

Le disque, orné d’une sérigraphie qui reprend la photo de la jaquette, est proposé dans un keep case.

Le film n’est disponible qu’en version originale (DD 5.1) avec sous-titres français imposés.

En guise de suppléments, nous devons nous contenter d’une simple bande-annonce (VOST, 1’). D’autant plus frustrant que l’édition US offre le commentaire de Hadas Yaron et Rama Burshtein et un entretien de 17 minutes avec la réalisatrice.

L’image est belle, avec des couleurs chaudes, d’étonnants clairs-obscurs et des noirs denses, qui ont malheureusement tendance à se boucher dans les séquences les plus sombres.

Le format DD 5.1 procure des dialogues clairs et donne, dans l’ensemble, un bon relief à l’image sonore. Mais, occasionnellement, les enceintes latérales demeurent muettes dans certaines scènes où on attendait leur office, comme celle de la fête de Pourim, au début du film.

Crédits images : © ARP Sélection