Réalisé par Allan Dwan
Avec
John Payne, Dan Duryea et Lizabeth Scott
Édité par Sidonis Calysta
À Silver Lode, le jour de la fête nationale. Dan Ballard s’apprête à épouser la fille d’un riche propriétaire local. La cérémonie est interrompue par l’arrivée d’un US marshal et de ses trois adjoints venus l’arrêter pour meurtre. Bientôt, toute la ville est partagée entre l’innocence et la culpabilité de Ballard. Celui-ci demande deux heures de répit…
Quatre étranges cavaliers (Silver Lode) est un des quatre westerns tournés par Allan Dwan en quelques mois, en 1954 et 1955 avec la même équipe technique et artistique, tous produits par Benedict Bogeaus, l’époux de Dolores Moran, qui incarne Dolly, l’un des principaux personnages du film.
Quatre étranges cavaliers est, pour moi, l’un des meilleurs westerns du prolifique Allan Dwan, né 14 ans avant l’apparition du cinéma et qui tourna un peu plus de 400 films, sans interruption, de 1911 à 1961.
Des enfants s’amusent dans la rue. Soudain leur jeu se fige au moment où l’on commence à entendre le pas de chevaux montés par quatre cavaliers. Cette séquence, elliptique, distille en quelques secondes, sans qu’une seule parole soit prononcée, l’inquiétude qui va perturber la tranquillité de la petite ville.
La tension créée par cette séquence d’ouverture, grâce au scénario parfaitement structuré de Karen DeWolf et à un montage dynamique, est soutenue jusqu’au dénouement de l’intrigue. Cette tension est renforcée par un retournement progressif de situation : la population prend d’abord le parti de Dan Ballard contre les quatre cavaliers venus l’arrêter pour meurtre. Mais leurs fausses accusations répétées finissent par ruiner la confiance de la petite communauté jusqu’à ce qu’elle s’engage dans une chasse à l’homme particulièrement bien filmée et montée.
Une allusion aux menées de la Commission des activités anti-américaines qui sévissait à l’époque et pouvait, en s’appuyant sur de simples rumeurs, ruiner la réputation des individus qu’elle avait dans son collimateur. Allusion d’autant moins déguisée que le marshal accusateur du film s’appelle… McCarthy ! Quatre étranges cavaliers, c’est aussi une solide distribution avec, dans les rôles principaux, deux grandes vedettes des années 50, John Payne, archétype du héros débonnaire et droit, opposé à Dan Duryea, incarnation du mauvais garçon agressif et fourbe, « celui qu’on aime haïr ».
On retrouve la présentation propre à la collection Western de Légende : jaquette et surétui avec le ou les personnages principaux en premier plan et en couleurs, sur un fond d’une ou deux photos sépia du film. Le menu animé et musical propose la version originale avec sous-titres français imposés et un doublage français, tous deux au format Dolby Digital 1.0.
Cinq suppléments :
Une présentation du film par Bertrand Tavernier (20’) qui, se souvenant de la forte impression qu’avait laissée sur lui, notamment pour sa dureté, ce film qu’il a vu et revu, en fait une intéressante analyse ; il souligne la qualité du travail sur la photo de John Alton, qui fut le chef op’ des autres films d’Allan Dwan produits par Benedict Bogeaus.
Une présentation par Bertrand Tavernier (19’) du cinéma d’Allan Dwan, la même qu’on retrouve sur chacun des quatre DVD sortis simultanément dans la collection Western de Légende. Présentation superficielle, qui accorde trop de temps à des spéculations sur le bien-fondé d’accusations d’antisémitisme alléguées par John Alton à l’encontre du réalisateur.
Une présentation du film par Patrick Brion (12’), le présentateur attitré de tous les films de la collection. Il insiste, notamment sur le parti que réussissait à tirer Allan Dwan des moyens parcimonieux qui lui étaient alloués : le film devait être tourné en moins de deux ou trois semaines et ne pas coûter plus de 750 à 800.000 $.
Pour finir, une bande-annonce de 2’, une galerie de photographies.
L’image (1.37) est propre : à peine remarquera-t-on quelques petites taches blanches et un fourmillement très acceptable. En revanche, le Technicolor a perdu une partie de son éclat, sauf dans les scènes d’intérieur qui s’en sortent plutôt bien.
La piste audio Dolby Digital 1.0 assure un bon équilibre entre les dialogues, l’ambiance et l’accompagnement musical, un peu trop emphatique dans les scènes d’action. Un peu de souffle, mais moins de distorsions dans les passages musicaux que dans le cas des trois autres films.
Crédits images : © Sidonis