La Garce (1984) : le test complet du DVD

Lucien Sabatier est inspecteur de police. Une nuit, alors qu’il effectue sa ronde, il récupère une jeune fille éjectée d’une voiture. Cette rencontre avec Aline, orpheline de 17 ans, va être déterminante pour le reste de sa vie. Alors que la jeune femme se montre de plus en plus provocante, leur relation tourne au drame : Lucien viole Aline. Dès le lendemain, elle le dénonce et le policier écope de 6 années de prison. A sa sortie, devenu détective privé, il recroise le chemin d’Aline, lors d’une enquête. Il va bientôt comprendre que cela n’a rien d’une coïncidence…

Avant de passer derrière la caméra, Christine Pascal, née à Lyon en 1953, s’est d’abord faite connaître en tant qu’actrice dans L’Horloger de Saint-Paul, Que la fête commence, Des enfants gâtés, Le Juge et l’assassin, tous réalisés par Bertrand Tavernier. En 1979, elle réalise Félicité, la première de ses cinq mises en scène, la dernière étant Adultère (mode d’emploi) réalisé en 1995, un an avant que Christine Pascal, alors en soins psychiatriques, ne mette fin à ses jours.

La Garce est le deuxième long métrage de Christine Pascal. Violent et troublant, ce film rend un bel hommage aux films noirs des années 1940 et joue habilement avec quelques codes hitchcockiens avec l’ombre de Sueurs froides qui plane constamment. Isabelle Huppert trouve ici un de ses rôles les plus atypiques, une femme fatale provocatrice faisant tourner les hommes en bourrique (Vittorio Mezzogiorno, magnétique), tandis que Richard Berry, en mode privé pris dans une spirale infernale et auquel le genre du polar sied bien, se révèle étonnant et ambigu à souhait.

Souvent oublié, La Garce est pourtant une belle réussite, tant au niveau de l’histoire, bien écrite et riche en rebondissements, qu’au niveau technique avec une photo élégante du célèbre chef opérateur Raoul Coutard et une partition suave et jazzy de Philippe Sarde. Le spectateur est happé dès la scène d’introduction, très agressive, et se retrouve plongé dans une enquête tortueuse faite de faux-semblants jusqu’à l’inattendue résolution finale.

Le visuel de la jaquette - glissée dans un boîtier DVD classique - est peu attractif. On aurait préféré retrouver celui de l’affiche du film. Dommage que nous ne trouvions que la filmographie de la réalisatrice en guise d’interactivité.

Les couleurs sont ravivées. Oui je sais, on dirait une pub pour la lessive. En revanche, les contrastes manquent souvent de concision, la clarté est certes indéniable mais dénature certains détails. La copie est relativement propre, malgré quelques raccords de montage, griffures et autres poussières, la gestion des noirs est trop aléatoire, la définition chancelle quelque peu, les fourmillements et moirages ne sont pas rares. Le grain est plus ou moins accentué sur quelques scènes et les séquences en intérieur sont les plus mal loties avec une baisse indéniable de la définition.

S’il faut saluer l’ambition de Tamasa quant à l’édition de La Garce en DVD, le résultat technique n’est parfois pas à la hauteur des espérances et les partis-pris élaborés du célèbre directeur de la photographie Raoul Coutard (A bout de souffle, Pierrot le fou, Z) méritaient mieux.

Si l’image déçoit quelque peu, il en est autrement du confort acoustique ! La Stéréo affiche une ardeur et une propreté remarquables, créant un spectre phonique fort appréciable. Les ambiances et effets sont concrètes. Certains pics musicaux (jazzy) frôlent parfois la saturation et un léger souffle se fait entendre, mais l’ensemble demeure homogène et les dialogues solides. Dommage toutefois que l’éditeur ait oublié les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Tamasa