Réalisé par Ashutosh Gowariker
Avec
Aamir Khan, Gracy Singh et Rachel Shelley
Édité par Sony Pictures
En une phrase, « Lagaan » est une étincelle de Bollywood dans
toute sa splendeur.
On ne pourrait pas imaginer un meilleur billet d’éntrée dans
le cinéma populaire indien. Si vous craignez de vous plonger
dans une projection de plus de quatre heures - avec quelques
numéros musicaux (mais pas très nombreux), nous vous demandons
d’avoir de la foi. Faites confiance au bouche-à-oreille - de
proportions jurassiques - qui entoure « Lagaan » ; faites
confiance à la capacité des scénaristes indiens de sortir des
histoires riches en couleurs ; faites confiance à une
technique de réalisation qui n’a strictement rien à envier aux
kolossals hollywoodiens.
Certains affirment que « Lagaan » est tiré partiellement d’une
histoire vraie. Mais peu importe les sources. Ce film se
déroule comme un conte de fées populaire d’une terre
lointaine, avec ses gentils incroyablement beaux et ses
méchants affréusement caricaturisés.
Le lieu est un petit village au centre de l’Inde. L’an de
grâce est le 1893, pendant la domination britannique. Suite à
la sécheresse, les villageois ne peuvent pas payer l’impôt
agricole, le lagaan. Le cruel chef de la garnison
britannique leur pose alors un défi digne de Marie-
Antoinette : battez-nous à un match de cricket, et vous serez
exemptés de lagaan pendant trois ans. Et si vous perdez, vous
payerez le triple. Vous et toute la contée.
Le jeune héros du récit, avec sa soif de liberté, accepte le
défi. Après tout, le cricket ressemble à un jeu pratiqué par
les enfants du village. Il est secondé par la soeur de
l’affréux sujet de Sa Majesté - qui ne tarde pas par ailleurs
à s’amouracher de lui…
David contre Goliath, ou plutôt - comme nous sommes dans le
Septième Art - Rocky Balboa contre Apollo Creed ? Le ton est
donné. La désillusion. L’espoir. L’entraînement. La traîtrise
du méchant. Et enfin - le match final. Un match à la vie ou la
mort, qui se déroulera pendant l’arc de… trois jours !
Certes, à différence des spectateurs britanniques ou des mêmes
Indiens - devenus depuis des demi-dieux du cricket - les
règles du jeu peuvent échapper à de nombreux continentaux.
Mais cela ne gâche pas le plaisir de vision. La dramatisation
du montage et des prises de vue adopte un meta-langage
universel. Cela ne fera pas de vous des experts du jeu, mais
vous pourrez apprendre l’essentiel.
Réalisé par Ashutosh Gowariker, « Lagaan » est un megakolossal
qui réunit des superstars de Bollywood, en commençant par
Aamir Khan, qui a égalément produit le film. Point d’angles
sombres pour le spectateur occidental : « Lagaan » offre à la
fois l’ingenuité et le look & feel des Dix
Commandements et des grands epic de la Hollywood
d’autrefois, couplé à une réalisation moderne. Un conte de
fées de l’autre bout du village global - qu’on se plaît à voir
et revoir.
Premier éditeur à faire découvrir le cinéma de Bollywood en
Zone 2, Columbia France sort le grand jeu avec une séduisante
édition Digipack sur deux DVD-9 (remarquer les deux équipes
sur les sérigraphies de chaque galette).
Durée de 220 minutes oblige, le film est encodé sur les deux
disques. Mais le changement de galette coïncide avec
l’entracte, ce qui réduit le desagrément.
Quelques petites déceptions au niveau de la finition. Même
s’ils sont beaux, les menus sont… fixes et muets. Et le
choix d’insérer la totalité des suppléments sur le 1er DVD
n’est pas de plus heureux, car à l’issue de la projection, on
devra encore une fois changer de galette.
En contrepartie, les deux langues sont switchables à la volée
(dommage pour l’absence d’une piste DTS) et les sous-titres ne
sont pas imposés.
Pas grand-chose à mettre sous la dent dans cette édition (une
version ultimate serait-elle en préparation ?) :
La scène supplémentaire est en fait une séquence
complète de près de 18 minutes (en VOST et en 16/9), sur un
intrigue sécondaire écarté du montage final. Dommage pour
l’absence d’une fonction de seamless branching, ce qui aurait
permis de la réintégrer au film.
On poursuit avec deux bandes-annonces, toutes en VOST :
Gandhi (en 4/3) et Lawrence d’Arabie (en 16/9).
Aucune trace de celle de « Lagaan ».
Les habituelles filmographies font bien entendu partie
du lot. Signalons par l’occasion la présence d’un livret
plutôt bien ficelé, avec des informations intéressantes sur le
cinéma de Bollywood.
Les quelques rayures et drops sont imputables à l’état pas impeccable de la copie argentique. En revanche, l’encodage (en haute définition) est de bonne qualité, avec des couleurs toujours chaudes et un piqué exempt de tout défaut visible.
Deux excellentes pistes 5.1 avec une bonne spatialisation de
la musique et des effets. Privilégiez si possible la VO en
hindi (avec quelques dialogues en anglais) car, malgré les
efforts des doubleurs, la VF ne colle pas vraiment au
contexte…
Ceux qui resteront jusqu’au bout du générique final
découvriront que le film avait aussi été exploité en salles
dans une version DTS, malheureusement absente du DVD Zone 2.