Réalisé par Umberto Lenzi
Avec
Glenn Saxson, Helga Liné et Andrea Bosic
Édité par Artus Films
Alors qu’il devait être pendu à cause de ses nombreux méfaits, dont le vol de la couronne d’Angleterre, Kriminal parvient à s’évader. C’est en fait l’inspecteur Milton qui a organisé l’évasion, dans l’espoir de remettre la main sur le joyau. Le génie du crime, se rendant compte de la supercherie, se volatilise et organise un plan pour dérober un lot de diamants.
Kriminal est l’une des six variations sur le genre » romanzo giallo » par Umberto Lenzi, un nom familier aux oreilles des amateurs du cinéma bis (voir plus loin, dans la revue des bonus, une exploration de son oeuvre). Il a touché à tous les registres, y compris celui du cannibalisme où il fit une première incursion dès 1972 pour Cannibalis : au pays de l’exorcisme (Il Paese del sesso selvaggio).
Si la réalisation de Kriminal est assez conventionnelle, le film respecte honnêtement les canons du film d’action avec des moyens manifestement comptés, laissant peu de chances au réalisateur de concurrencer les James Bond qui avaient, depuis 1962, placé la barre beaucoup trop haut.
Le récit est néanmoins gentiment rythmé par une succession de scènes de bagarre et de changements de décors qui nous emmènent de Londres à Istanbul. Le héros, un athlétique faux blond, interprété par Glenn Saxson (Roel Bos pour l’état civil aux Pays-Bas) revêt pour ses mauvais coups un collant de squelette jaune et noir qui lui donne des allures de grosse guêpe ! Lui et le cascadeur qui le double se démènent comme des diables dans des aventures empreintes de l’atmosphère des bandes dessinées. La scène finale, très originale, tient d’ailleurs en trois dessins.
Saluons l’initiative d’Artus Films qui nous permet de découvrir ou revoir, pour la première fois sur DVD, ces films emblématiques du cinéma bis transalpin des années 60. Nous avons aussi testé la suite, Le Retour de Kriminal, réalisé en 1968 par Fernando Cerchio, édité simultanément. Ces titres, avec Superargo contre Diabolikus (également testé), Satanik et L’Espion qui venait du surgelé de Mario Bava s’inscrivent dans la nouvelle collection Cine Fumetti.
Le DVD, seul fourni pour le test, est proposé dans un digipack avec, sur la couverture, un dessin emblématique des romans policiers populaires qui, en Italie, mêlaient souvent sexe et violence et tiraient leur nom de leur couverture jaune, les » romanzi gialli « .
Le menu animé et musical offre le choix entre la version originale (avec sous-titres français optionnels) et un doublage en français, les deux au format Dolby Digital 2.0 mono.
Deux remarquables bonus inédits, produits par Artus Films en 2014, viennent en complément du film :
Tout d’abord, » Il était une fois Kriminal « , un entretien avec Umberto Lenzi (22’, VOSTF). Retiré depuis une bonne vingtaine d’années, le réalisateur, également scénariste de ses films, se souvient de Luciano Secchi, alias Max Bunker, l’auteur de la bande dessinée Kriminal » qui croyait avoir écrit La Divine comédie « . Il évoque le gommage du sexe et de la violence de l’histoire originale pour en faire une comédie d’action. Il détaille le procédé appliqué pour faire apparaître sur un même écran une femme et sa jumelle (la même actrice pour les deux personnages), par deux prises successives, sur la moitié gauche de la pellicule, puis sur la moitié droite, à l’aide de caches. Il rappelle qu’il a lui-même écrit plusieurs romans et que, dans les années 60 et 70, nombre de films étaient des coproductions italo-espagnoles permettant de cumuler les subventions des deux pays. Il confesse son utilisation excessive du zoom avant-arrière, une nouveauté à l’époque du tournage de Kriminal, etc. À l’aise et volubile, Umberto Lenzi parcourt en une vingtaine de minutes plusieurs pages du cinéma populaire, tourné avec de petits moyens, mais une grande débrouille : la scène du défilé des Queen’s Guards à Londres a été tournée sous le manteau !
Suit » Umberto Lenzi « par David Didelot (30’), une présentation très détaillée du cinéma de Lenzi. En une trentaine d’années, jusqu’en 1992, il a tourné plus d’une soixantaine de films en explorant tous les genres, la cape et l’épée, l’aventure, le peplum, le psycho-giallo (Si douces, si perverses avec Carroll Baker et Jean-Louis Trintignant), le policier musclé, l’espionnage et les films de guerre, parmi lesquels La Légion des damnés avec Curd Jürgens et Jack Palance (1969) et La Grande bataille avec Henry Fonda, John Huston et Helmut Berger (Il Grande attacco, 1977). Sans oublier l’horreur avec Cannibal Ferox (1981). Cette présentation enflammée du cinéma d’Umberto Lenzi est faite par un homme averti du » bis » : David Didelot vient d’écrire GORE : Dissection d’une collection (Artus Éditions, septembre 2014), une analyse de la collection » Gore » du Fleuve Noir. Les fans se réjouiront d’avoir une telle somme d’informations sur l’oeuvre de Lenzi. D’autres auraient probablement préféré une présentation plus synthétique et plus organisée.
L’image (2.35), manifestement restaurée, est propre : quelques petites taches blanches et un léger fourmillement sur les aplats clairs ne sont pas vraiment gênants. Les couleurs sont légèrement délavées et les noirs poreux dans les scènes sombres. Mais le film ne fait vraiment pas ses cinquante ans !
Le son, lui aussi, est propre, sans bruits parasites et pratiquement sans souffle. Pas de miracle : la bande passante es un peu étroite, pauvre en graves et les aigus saturent un peu dans les passages forte.
Crédits images : © Artus Films