Réalisé par Mario Caiano
Avec
Barbara Steele, Paul Muller et Helga Liné
Édité par Artus Films
Angleterre, 1870. Négligée par son mari, le docteur Arrowsmith, Muriel se jette dans les bras du jardinier. Prévenu par Solange, la gouvernante, le mari surprend les deux amants qu’il torture avant de les tuer. Sur le point de mourir, Muriel dit à son mari qu’il n’héritera pas sa fortune qu’elle a léguée à sa soeur Jenny. Arrowsmith épouse Jenny avec l’intention de la faire passer pour folle et d’accaparer son argent.
Les Amants d’outre-tombe est l’un des dix DVD édités par Artus Films dans sa collection Les chefs-d’oeuvre du gothique, lancée en 2012.
Avec un scénario et des dialogues un peu trop convenus, empruntant à Lady Chatterley et à la sanglante comtesse Erzsébet Báthory, Les Amants d’outre-tombe n’a pas l’aura des films-phares du gothique italien comme Le Masque du démon de Mario Bava (toujours en attente d’une belle édition vidéo) ou, encore, L’Effroyable secret du Dr Hichcock de Riccardo Freda.
Dirigé, sous le pseudonyme d’Allen Grünewald, par Mario Caiano, scénariste et réalisateur d’une cinquantaine de films (peplums, westerns…) et de téléfilms, Les Amants d’outre-tombe est filmé avec soin, mais sans grande inventivité. Le cadre choisi, un impressionnant palais, est particulièrement bien photographié, avec quelques plans séquences très fluides.
Mais Les Amants d’outre-tombe, c’est, avant tout, la mystérieuse beauté de Barbara Steele, l’incontournable icône anglaise du cinéma fantastique italien, innocente et maléfique à la fois. Omniprésente, elle incarne Muriel, la brune, et Jenny, la blonde.
Ajoutons, pour faire bonne mesure, la musique originale du prolifique Ennio Morricone (plus de 500 compositions pour les écrans, grands ou petits !) allant d’une légère barcarolle au piano au déchaînement des grandes orgues.
Présenté, comme les autres éditions Artus Films, dans un digipack, le DVD s’ouvre sur un menu fixe et musical proposant le film dans sa version originale, avec sous-titres français optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format Dolby Digital 1.0. Le digipack contient un livret de 64 pages sur le cinéma gothique italien, non fourni pour le test.
Le premier bonus est un entretien avec Alain Petit (38’) qui souligne la qualité de l’image, nettement plus contrastée que celle, grisâtre, dont il se souvient lors de la sortie du film en salles. Ce genre de cinéma, généralement ignoré par la critique (sauf par le magazine Midi-Minuit Fantastique) avait une diffusion restreinte, limitée à Paris à deux ou trois salles, dont le mythique Midi-Minuit, hanté par les amateurs de cinéma fantastique. Cette diffusion confidentielle imposait des budgets serrés, donc le noir et blanc, s’accordant assez bien au climat inquiétant propre au genre. Alain Petit cite nombre d’oeuvres du gothique italien, fait l’éloge de Barbara Steele, dans une présentation foisonnante qui aurait gagné à être mieux préparée et plus organisée.
Suit un entretien avec le réalisateur Mario Caiano (19’). Le titre donné à ce documentaire, » Le noir, le blanc, le rouge « , rappelle son intention de tourner le film dans ces trois couleurs, à laquelle l’étroitesse du budget l’a contraint de renoncer. Il nous dit son penchant pour le fantastique, pour Edgar Allan Poe, pour Le Moine de Matthew G. Lewis et pour la peinture de Gustave Moreau (une invitation, au passage, à visiter sa maison-musée, récemment rénovée !). S’exprimant avec clarté (en VOST), il se présente, modestement, comme un artisan. Inclus dans ce documentaire, un court entretien, en français et en italien, avec Paul Muller, l’interprète du docteur Arrowsmith.
Ces deux bonus, produits en 2014 par Artus Films, sont complétés par un court diaporama avec affiches et photos du film et les bandes annonces de cinq titres de la collection Les chefs-d’oeuvre du gothique.
L’image (dans son format original de 1.66) laisse une bonne impression : lumineuse, contrastée, avec des noirs denses, qui se bouchent toutefois dans les scènes sombres. Quelques petites taches blanches passent presque inaperçues. Un peu moins les lacérations, heureusement brèves, à 48’27” et à 55’52”, qui auraient pu être réparées à peu de frais. Un autre petit problème de montage à 67’23” : une courte réplique du docteur Dereck Joyce est prononcée deux fois de suite !
Le son, pauvre en graves, un peu grinçant et saturant souvent dans les passages forte, restitue assez clairement les dialogues et la musique. Le souffle, qui reste à un niveau très tolérable dans la version en italien, a disparu dans le doublage en français, refait récemment, l’original n’ayant pas été retrouvé.
Crédits images : © Artus Films