Réalisé par Catherine Breillat
Avec
Anne Parillaud, Grégoire Colin et Roxane Mesquida
Édité par Éditions Montparnasse
Une grande plage déserte, à marée basse, battue par un vent
froid, sous la lumière hésitante d’un soleil hivernal.
C’est ce décor qui va servir à créer l’illusion, avec l’aide
des projecteurs, du chaud soleil d’été sous lequel une
adolescente va bientôt, pour la première fois, « connaître
l’amour ». La scène-clé du film sera celle, tournée plus tard,
où la jeune fille « perdra sa virginité ».
Mais voilà : les acteurs (interprétés par Roxane Mesquida et
Grégoire Colin) ne s’aiment pas… On peut même dire qu’ils
se détestent ! « Il ne sait pas embrasser ! », « Elle ne veut
pas qu’on l’embrasse ! ». Pour corser l’affaire, ils refusent
de se déshabiller : pas prévu par leur contrat !
Commence alors un jeu, une sorte de marivaudage quasi-
pervers, entre Jeanne, la réalisatrice, et les deux acteurs,
où alternent soumission et domination, considération et
mépris, compliments et insultes, sympathie et indifférence,
franche collaboration et petits chantages, séduction et
rejet, douceur et brutalité, amour et haine.
Mais est-ce vraiment un jeu, une manipulation, ou les
personnages ne sont-ils pas, plutôt, prisonniers de leur
caractère, de leurs sentiments et de leurs émotions ?
C’est quand les acteurs semblent être enfin, tant bien que
mal, dans l’état d’esprit qui pourrait convenir à la scène-
clé, que la réalisatrice, au pied du mur, se trouve soudain
au bord un vide angoissant : elle n’a plus la moindre idée
pour le tournage ! Comment va-t-elle réussir à « inventer » la
réalité ?
Catherine Breillat s’est certainement beaucoup livrée en
écrivant scénario et dialogues, puis en tournant ce « film sur
le film ». D’où l’impression de réalisme ressentie, tout au
long. La délicate évocation des rapports complexes entre
acteurs et réalisateurs, présentée avec une grande pudeur,
doit beaucoup à la l’intelligence et à la finesse des
dialogues qui sonnent toujours juste.
Coup de chapeau à Anne Parillaud ! Elle tient probablement là
le meilleur rôle d’une déjà longue carrière, entreprise à
l’âge de 17 ans. Un hommage sans réserves, aussi, au soin
apporté (c’était l’occasion ou jamais)… à la direction
d’acteurs !
L’aspect documentaire ajoute à l’intérêt du film, qui donne à
voir l’envers du décor, avec tous les métiers (électriciens,
menuisiers, machinistes, maquilleuses…) sollicités par le
tournage d’un film, fût-il aussi intimiste que celui-ci, avec
seulement trois personnages.
Si vous aimez, offrez-vous les deux autres films de Catherine
Breillat déjà disponibles sur DVD : Romance (1999) et
A ma soeur ! (2001), dont le tournage lui a inspiré
« Sex is Comedy ».
Les menus sont spartiates, fixes et muets. Le film est
divisé en 9 chapitres, sans titres.
Suppléments à peu près inexistants : on ne peut que regretter
que l’éditeur n’en ait pas fait plus, ne serait-ce qu’un tout
petit peu.
Ne vous laissez toutefois pas rebuter : encore une fois, les
qualités intrinsèques du film rachètent l’indigence de
l’édition.
Plus que squelettiques ! Ne cherchez pas le making of du
making of : il n’y est pas, même « caché » dans le recoin d’un
des menus ! Tout tient, comme ça, sur la simple couche du
format DVD5.
Il faudra donc vous contenter du peu qui nous est offert :
Une bande-annonce du film (8’36”), en format 1.85:1
… quand même !
Et, aussi, deux autres bandes-annonces, celles de
Romance et de A ma soeur !, également proposés
par les Éditions Montparnasse.
Pour diminuer un peu votre frustration, il ne vous reste plus
qu’à aller sur le site officiel du film qui vaut une
visite, à l’adresse sexiscomedy.com
Un léger grain adoucit les visages, souvent filmés en gros
plan. Les couleurs sont fines, bien étalonnées, dans des
tonalités atténuées qui servent le caractère intimiste du
film.
Pas de défaut de compression visibles.
Le son stéréo surround est clair, avec peu de bruits parasites et sans grands effets, qui ne seraient pas de mise pour ce genre de film.