Tesis (1996) : le test complet du DVD

Réalisé par Alejandro Amenábar
Avec Ana Torrent, Fele Martínez et Eduardo Noriega

Édité par Studiocanal

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Le 30/03/2003
Critique

Angela, étudiante en audiovisuel, prépare une thèse sur la violence véhiculée dans les media. Elle rencontre Chema, un autre étudiant connu pour ses penchants vers les films horrifiques, et ensemble ils vont peu à peu découvrir les dessous d’un réseau de snuff movies à l’intérieur même de leur université.

Premier long-métrage (après 3 courts) de Alejandro Amenabar, « Tesis » pose déjà les bases de la volonté du cinéaste d’aborder des genres différents tout en offrant à son spectateur une réflexion sur un (ou plusieurs) thème(s).

La maturité précoce de Amenabar apparaît bien dans ses choix sur son premier film. Conscient qu’il doit avant tout attirer le public, il propose un thriller somme toute assez classique, avec des fausses pistes et des retournements de situation qui s’enchaînent dans la seconde moitié du métrage. En parallèle, le choix d’axer son histoire sur un réseau de snuff movies (où sont filmés en direct de réels tortures et assassinats) lui permet de donner en filigrane une réflexion sur le voyeurisme et la violence des images qui nous sont proposées de nos jours dans les media (télévision et cinéma), et de nous faire réfléchir sur la morbidité qui nous pousse à les regarder.

Certes, le discours est moins subtil que dans ses films suivants (Ouvre les yeux et Les Autres), mais n’oublions pas que Amenabar n’a que 23 ans (!!!) lorsqu’il réalise « Tesis », et saluons plutôt cette volonté de ne pas céder au spectacle-à-tout-prix en nous offrant une réelle opportunité de réflexion, chose assez rare de nos jours dans nos salles obscures.

Le message de réalisateur passe par deux biais.

En premier lieu, il nous offre des personnages ambigus, à l’image d’Angela (étonnante Ana Torrent, actrice très connue en Espagne) tour à tour attirée et repoussée (et l’attirance prendra le pas sur l’aversion) par les images des vidéos qui lui sont montrées.

En second lieu, Amenabar a parfaitement compris qu’il fallait laisser travailler l’imagination du spectateur en suggérant (avec une utilisation très étudiée du son) plus qu’en montrant. On sait que cette approche peut donner des résultats qui restent gravés dans les mémoires (citons rapidement « La maison du diable » de Robert Wise ou Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper), et l’objectif est ici atteint : on ne peut s’empêcher d’imaginer les sévices qu’Amenabar se garde bien de nous dévoiler en détail, et ainsi il nous emmène bien malgré nous à s’interroger sur notre attirance vers le morbide et la violence.

La maîtrise cinématographique de Amenabar est déjà surprenante. Outre ses plans très étudiés, on notera la seconde rencontre d’Angela et Chema (par walkman interposés) qui fait preuve d’une indéniable originalité dans la présentation des personnages. Et la jeunesse du cinéaste ne l’empêche pas d’aborder de front les problèmes rencontrés par le cinéma espagnol (voire européen), et propose sa solution dans la bouche même d’un professeur : si on veut contrer Hollywood, donnons au spectateur ce qu’il attend.

Divertissement et réflexion : « Tesis » laisse entrevoir ce que ses deux films suivants démontrent : un très grand cinéaste (européen !) est né.

Présentation - 3,5 / 5

Bravo à l’éditeur pour nous offrir un menu et une arborescence très « snuff » et totalement en phase avec le film.

Le chapitrage est animé et sonorisé. Le disque est sérigraphié à l’image de l’affiche du film. Par contre, minimum syndical pour le packaging : pas d’impression intérieure de la jaquette, pas de livret.

A noter que la touche « Arrêt » du lecteur est désactivée.

Bonus - 4,0 / 5

Commentaire audio sous-titré de Alejandro Amenabar. Le réalisateur commence par s’excuser pour l’éventuel manque d’intérêt de ses propos, prétextant la longue période entre leur enregistrement et le tournage. Il n’empêche que le bonhomme a une très bonne mémoire, vu le grand nombre d’informations qu’il nous délivre ! Il semble à l’entendre que tous ses compagnons d’étude aient participé à la conception du film (tout est tourné en extérieur pour des problèmes de budget, principalement à l’intérieur même de l’université où il fit ses études).
Amenabar nous détaille également comment il voulait aborder les sujets de son film, et nous cite quelques références (l’incontournable Alfred Hitchcock régulièrement cité, mais également les Funny Games et « Le pianiste » de Michael Haneke). De peur d’ennuyer son public (c’est lui qui le dit !), Amenabar entrecoupe hélas ses propos de silences plus ou moins longs dans la seconde moitié du film.

Making of (22’ 22 ») réalisé par Mateo Gil (ami d’Amenabar et co-scénariste de Ouvre les yeux), alternant assez classiquement images du film, scènes de tournages et interviews. On y voit entre autre le réalisateur très impliqué dans les répétitions des comédiens, impressionnant dans sa volonté d’imposer sa vision.

Scènes coupées au nombre de 4 (respectivement : 34 », 41 », 3’35”, 2’15”) et dans une qualité médiocre; seule la quatrième apporte une lisibilité plus grande sur une scène.

Galerie de 30 photos de tournage.

Bande-annonce du film (VOST, en 4/3 - 1:85, 1’32”).

Filmographies déroulantes de Alejandro Amenabar, Fele Martinez, Eduardo Noriega et Ana Torrent.

Image - 4,0 / 5

La copie laisse apparaître quelques petits défauts (points noirs). Le transfert 16/9 donne une belle définition, avec un grain légèrement visible.

La colorimétrie est très fidèle à la photographie du film, donc pas très lumineuse mais néanmoins bien contrastée.

La compression est correcte, sans réel problème (les puristes détecteront quelques défauts mineurs d’arrière-plan).

Son - 4,0 / 5

Le film n’ayant jamais été doublé en français, seule la version originale espagnole est proposée.

Attentif à la volonté d’Amenabar de ne pas détourner l’attention du spectateur par des effets gratuits, le remixage Dolby Digital 5.1 donne la part belle à la musique (composée par le réalisateur lui-même), et les effets surround n’apparaissent que ponctuellement sur quelques séquences, mais de façon très étudiée et réussie.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur Barco Ciné6, écran Oray
  • Toshiba SD-500
  • Denon AVR3700
  • Pack enceintes Solid S100 - caisson de graves Solid SB100
Note du disque
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Franck Brissard
Le 4 juillet 2014
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