Pas son genre (2014) : le test complet du DVD

Réalisé par Lucas Belvaux
Avec Émilie Dequenne, Loïc Corbery et Sandra Nkake

Édité par Diaphana

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 12/11/2014
Critique

Clément, jeune professeur de philosophie parisien est affecté à Arras pour un an. Loin de Paris et ses lumières, Clément ne sait pas à quoi occuper son temps libre. C’est alors qu’il rencontre Jennifer, jolie coiffeuse, qui devient sa maîtresse. Si la vie de Clément est régie par Kant ou Proust, celle de Jennifer est rythmée par la lecture de romans populaires, de magazines «  people  » et de soirées karaoké avec ses copines. Coeurs et corps sont libres pour vivre le plus beau des amours mais cela suffira-t-il à renverser les barrières culturelles et sociales ?

Malgré une réussite plastique irréprochable et une exploitation plaisante des rues du Havre, 38 témoins avait fortement déçu. Heureusement, le réalisateur Lucas Belvaux revient en force avec son dixième long métrage, Pas son genre, adapté du roman éponyme de Philippe Vilain publiée en 2011 chez Grasset. Cinéaste moraliste, mais jamais moralisateur, Lucas Belvaux retrouve quelques thèmes qui lui sont chers comme le mensonge, la lâcheté, le couple, la peur en confrontant deux êtres que tout oppose, notamment le niveau social, et qui pourtant vont essayer de s’aimer.

Magnifiquement incarnés par Emilie Dequenne, une fois de plus époustouflante (la dernière scène fera date), et Loïc Corbery, sociétaire de la Comédie-Française, Pas son genre permet au metteur en scène d’aborder les fossés socio-culturels à travers une histoire d’amour entre un professeur de philosophie parisien et une coiffeuse d’Arras. Si la violence a souvent été physique dans le cinéma de Lucas Belvaux, elle est ici dans les non-dits, dans les sentiments renfermés ou dans les échanges souvent à sens unique de cette relation, contraste entre le noir (lui) et un arc-en-ciel (elle). La force des dialogues, des regards, des gestes (ou leur absence) frappent le spectateur en plein estomac. Là où 38 témoins manquait cruellement d’émotion et d’empathie, Pas son genre joue avec l’attachement ambigu que l’on peut ressentir pour le personnage de Clément, être froid mais visiblement perdu tant géographiquement que psychologiquement, tandis que celui que l’on ressent pour Jennifer est instantané.

Emilie Dequenne subjugue dans ce rôle de jeune maman bien dans sa tête et dans sa vie, lumineuse, profondément optimiste, légère et profonde, qui n’a peut-être pas une grande culture mais qui est curieuse de tout et sait profiter pleinement de chaque moment de chaleur humaine, contrairement à Clément, un paresseux affectif que le bonheur ne préoccupe pas puisqu’il a « les moyens ».

Si dans le roman original, l’histoire est uniquement racontée du point de vue de l’homme à la première personne, pour son film Lucas Belvaux rééquilibre les points de vue avec finesse afin de scruter les deux personnages de manière égale, afin de laisser aux spectateurs le soin de faire leur propre avis sur ce couple improbable. Et c’est superbe…

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur un check-disc. La jaquette reprend le visuel, peu attractif, de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Bonus - 3,0 / 5

Diaphana Distribution nous livre tout d’abord un entretien croisé d’Emilie Dequenne et Lucas Belvaux (18’), réalisé à l’occasion de la sortie de Pas son genre dans les salles. Ne ratez pas cette interview passionnante durant laquelle la comédienne parle avec passion de son métier, de la façon dont elle a abordé le personnage de Jennifer, tandis que le cinéaste revient sur sa découverte du roman de Philippe Vilain et son adaptation, ainsi que sur le travail avec les acteurs. Les deux s’attardent ensuite sur les thèmes sociaux du film, le personnage de Clément et l’interprétation de Loïc Corbery.

En plus d’un lot de bandes-annonces, vous trouverez également un segment intitulé Du livre au film (21’) composé d’un autre entretien avec Lucas Belvaux, mais aussi l’écrivain Philippe Vilain, et le comédien Loïc Corbery qui lit quelques extraits du roman original. Si les propos du réalisateur peuvent paraître redondants avec ce que nous avons déjà entendu précédemment, les propos de Philippe Vilain ne manquent évidemment pas d’intérêt sur la transposition de son oeuvre pour le grand écran et les extraits joliment lus par l’acteur principal ne manqueront pas de donner envie de se procurer le roman.

Image - 4,0 / 5

L’éditeur prend soin du film de Lucas Belvaux et livre un service après-vente tout ce qu’il y a de plus solide. Les partis-pris esthétiques du chef opérateur Pierric Gantelmi d’Ille (De bon matin, 38 témoins) sont respectés et la colorimétrie habilement restituée, surtout en ce qui concerne le monde de Jennifer. La clarté est de mise, tout comme des contrastes fermes et des noirs denses, un joli piqué et des détails appréciables sur l’ensemble des séquences en extérieur et du cadre large en général, y compris sur les gros plans des comédiens. Notons de sensibles pertes de la définition et des plans un peu flous, qui n’altèrent cependant en rien le visionnage. Un master SD élégant, propre et clair.

Son - 3,5 / 5

Pyramide Distribution joint une piste Dolby Digital 5.1 qui instaure une spatialisation musicale indéniable (les scènes de karaoké), même si les basses manquent à l’appel. En dehors de cela, les ambiances naturelles et les effets annexes sont plutôt rares et la scène acoustique reste essentiellement frontale. De ce point de vue il n’y a rien à redire, les enceintes avant assurent tout du long, les dialogues étant quant à eux exsudés avec force par la centrale. La Stéréo n’a souvent rien à envier à la DD 5.1. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également de la partie, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Diapahana

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

4,0
5
0
4
2
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
P. de Melun
Le 6 mars 2021
Très joli film, porté par deux superbes acteurs que sont Emilie Dequenne, lumineuse et touchante à souhait et Loic Corbery, ténébreux pygmalion, souvent déroutant. Lucas Belvaux transcende cette histoire d'amour sur fond de fracture sociale et culturelle. Le scénario est intelligent, quoiqu’un peu long, et joue sur la subtilité de la passion. C’est de l’art à ce niveau et non pas une banale comédie amoureuse. Je vous le recommande.
Avatar
Franck Brissard
Le 23 septembre 2014
Pas de commentaire.

Lire les avis »

Multimédia
Pas son genre
Bande-annonce VF

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)