Le Bossu de la morgue (1973) : le test complet du DVD

El Jorobado de la Morgue

Réalisé par Javier Aguirre
Avec Paul Naschy, Rosanna Yanni et Víctor Alcázar

Édité par Artus Films

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Le 24/09/2014
Critique

Gotho, un misérable bossu, est employé à la morgue d’un hospice. Il s’occupe des tâches les plus ingrates, à la risée de tout le personnel. Amoureux fou d’une patiente, il prend soin d’elle autant qu’il le peut. Hélas, elle ne survit pas à sa maladie, ce qui plonge Gotho dans le chagrin. Désespéré, il cache la belle dans le sous-sol de la morgue. Un médecin sans scrupules lui promet de la ramener à la vie. Mais, en échange, il doit l’aider dans ses recherches : Gotho doit ramener des cadavres tout frais…

Jacinto Molina, plus connu son nom d’artiste Paul Naschy (1934-2009), ancien haltérophile et catcheur de renom, est fasciné par le cinéma de genre et voue un culte aux films de momies, de vampires, de savants fous et autres créatures mythiques ayant fait le bonheur des studios Universal dans les années 30-40. Il décide de devenir comédien puis en vient à écrire des histoires d’épouvante. Sans le savoir, il vient de créer un nouveau courant au sein d’une production cinématographique espagnole sur le déclin, au point d’en devenir une véritable figure emblématique grâce au succès inattendu des Vampires du Dr Dracula en 1968. Il y incarne un loup-garou dont il reprendra le costume dans une douzaine de longs-métrages.

En 1972, Paul Naschy incarne une nouvelle « créature », un être difforme, un bossu, dans une relecture horrifique de Notre-Dame de Paris et de Frankenstein intitulée justement Le Bossu de la morgue. Réalisée par Javier Aguirre, cette oeuvre grand-guignolesque demeure réjouissante et inquiétante à plus d’un titre puisque le cinéaste et les comédiens ne reculent devant rien pour créer l’effroi auprès des spectateurs avides de sang.

Paul Naschy s’en donne à coeur joie, du moins autant que son charisme limité lui permet, dans ce rôle de simple d’esprit romantique qui lui permet d’aborder une nouvelle facette plus dramatique. Avec sa bosse, sa démarche tordue et sa perruque mal ajustée, il est génial, too much, mais toujours sincère quand il s’agit de faire ressortir la tristesse du personnage quand il subit les humiliations et brimades de son entourage, ou lorsqu’il déclare son amour à une femme qu’il a toujours aimée. On sent que l’acteur a « bossé » dur pour créer son personnage…

Le Bossu de la morgue est également un best of du genre avec ses décapitations, ses membres sectionnés, ses zombies sortis d’on ne sait où, ses corps plongés dans les bains d’acide, ses rats enflammés (réellement…), sa créature dégoulinante, tout ça dans un bordel formel aussi décomplexé que grotesque, n’en jetez plus, c’est trop de bonheur.

Présentation - 5,0 / 5

Glissé dans un superbe fourreau, le magnifique slim digipack cartonné renferme un DVD à la sérigraphie élégante et au menu fixe et musical. Artus Films livre un petit objet de collection aux visuels fort attractifs. Egalement disponible dans cette édition, un livret de 64 pages richement illustré, signé Alain Petit et intitulé « Le Cinéma de terreur espagnol ».

Bonus - 4,0 / 5

Artus Films propose tout d’abord une version alternative (49 secondes) de la scène du baiser de Gotho. Mais en plus d’un lot de bandes-annonces et du très beau diaporama de photos d’exploitation et d’affiches, l’éditeur joint une indispensable présentation de l’âge d’or du cinéma fantastique espagnol par Alain Petit (1h29) ! Comme il avait déjà pu le faire concernant le cinéma fantastique français dans les suppléments du Blu-ray des Visiteurs du soir, l’historien du cinéma comble les amateurs du genre puisqu’il propose un véritable exposé, en passant en revue - décennie par décennie - les oeuvres (Les Vampires du Docteur Dracula, La Résidence), l’évolution du genre, les comédiens (dont Paul Naschy bien sûr) et les réalisateurs qui ont donné au cinéma fantastique espagnol ses lettres de noblesse. Quelques extraits et photos viennent illustrer ces propos denses et informatifs.

Image - 2,0 / 5

Arf ! S’il n’y avait presque rien à redire sur l’image des Vampires du Docteur Dracula et celle de La Mariée sanglante, le master du Bossu de la morgue sort visiblement des catacombes et voit ses couleurs complètement délavées ! Dès les premières secondes, la copie affiche des tâches, griffures, tremblements et des teintes décolorées. La gestion des contrastes est laissée à l’abandon, c’est sombre, plutôt moche à regarder, les noirs sont poreux, les détails inexistants. On ne sait pas où Artus Films a récupéré ce master (1.85, 16/9), mais force est de constater que les éléments étaient au bout du rouleau, même si ça s’améliore quelque peu après le générique d’ouverture. Cela étant, les puristes apprécieront de (re)découvrir Le Bossu de la morgue dans des conditions qui s’accordent presque au malaise distillé par le film !

Son - 3,0 / 5

Comme bien des films espagnols de son époque, Le film de Javier Aguirre avait subi les affres de la censure. Du coup, certaines scènes jamais doublées passent automatiquement en version originale sous-titrée en français. En espagnol, comme en français (Dolby Digital Mono), l’écoute demeure sourde, couverte, parfois lointaine. N’hésitez donc pas à monter le volume pour un meilleur confort, même si cela tend à accentuer le souffle. L’ensemble est plutôt propre, les craquements limités. La version originale est marquée par des dialogues qui manquent souvent de punch, tandis que les voix françaises, si elles s’avèrent plus claires, elles demeurent plus nasillardes voire parfois grinçantes. Les sous-titres ne sont pas imposés sur la VO.

Crédits images : © Artus Films

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm