Réalisé par Enrique López Eguiluz
Avec
Paul Naschy, Dyanik Zurakowska et Manuel Manzaneque
Édité par Artus Films
En pillant le caveau d’un vieux château, des bohémiens retirent une croix en argent du coeur de Imre Wolfstein. Loup-garou revenu à la vie, celui-ci sème à nouveau la terreur dans la région. Participant à une battue pour occire la bête, le comte Waldemar Daninsky se fait mordre, et devient loup-garou à son tour. Pour contrer cette malédiction, il demande l’aide du professeur Mikhelov et de sa femme, réputés pour être des spécialistes de la lycanthropie. Mais ces derniers sont en réalité des vampires qui veulent utiliser Daninsky.
Les Vampires du Docteur Dracula est le film matriciel du cinéma fantastique espagnol. Réalisée en 1968 par Enrique López, cette oeuvre d’épouvante demeure célèbre pour la prestation en loup-garou de Jacinto Molina, plus connu son nom d’artiste Paul Naschy (1934-2009), également scénariste du film. Ancien haltérophile et catcheur de renom, fasciné par le cinéma de genre et vouant un culte aux films de momies, de vampires, de savants fous et autres créatures mythiques ayant fait le bonheur des studios Universal dans les années 30-40, Paul Naschy décide de devenir comédien puis en vient à écrire des histoires d’épouvante. Sans le savoir, il vient de créer un nouveau courant au sein d’une production cinématographique espagnole sur le déclin, au point d’en devenir une véritable figure emblématique.
Avec Les Vampires du Docteur Dracula ou La Marca del Hombre-lobo pour les puristes - d’autant plus que le héros de Bram Stoker n’apparaît pas - Paul Naschy créé son personnage récurrent du Comte loup-garou Waldemar Daninsky, que l’on retrouvera plus tard dans La Furie des vampires (1971), Doctor Jekyll and the Werewolf (1973), L’Empreinte de Dracula (1973), jusqu’en 2004 avec Tomb of the Werewolf. Au total, une douzaine de films dont certains seront d’ailleurs mis en scène par l’acteur lui-même.
Si Paul Naschy manque véritablement de charisme « au naturel », il campe un loup-garou complètement allumé - influencé par le jeu de Lon Chaney Jr, à qui le rôle avait même été proposé - grognant à s’en décrocher la mâchoire et en fait des tonnes en gesticulant dans tous les sens, ce qui convient parfaitement au rôle. De plus, la photo stylisée est superbe, gothique à souhait, le cadre 2.20 est soigné, les maquillages réussis et l’ambiance particulièrement anxiogène avec une bonne réutilisation des codes (certains diront les clichés) du genre.
Alors certes le rythme est parfois poussif, nous sommes ici en plein kitsch avec le jeu parfois outré de ses acteurs et la représentation des vampires qui ne peuvent s’empêcher de brandir leur cape telle une muleta, mais Les Vampires du Docteur Dracula est fort attachant dans ses défauts et maladresses et ne cesse de subjuguer par le sérieux de cette entreprise, ainsi que par le soin tout particulier apporté à la mise en scène, aux décors baroques, à la mise en valeur des jolies petites pépées ibériques et la représentation de ces lycanthropes l’on croyait réservée aux studios de l’autre côté de l’Atlantique. C’est grand-guignolesque, mais c’est très chouette.
Le magnifique slim digipack cartonné renferme un DVD à la sérigraphie élégante. Artus Films livre un petit objet de collection aux visuels fort attractifs. Le menu principal est fixe et musical.
En guise de suppléments, nous devons nous contenter d’un diaporama d’affiches et de photos d’exploitation, ainsi que de quelques bandes-annonces issues de la collection Ciné Terror.
Artus Films nous gratifie d’un master impressionnant, présenté dans son format original 2.20 (16/9, compatible 4/3). La propreté de la copie est indéniable, la restauration ne fait aucun doute, les contrastes sont beaux, le cadre large fourmille de détails, même si le piqué demeure aléatoire. Le grain est plutôt bien géré, l’ensemble stable hormis un léger bruit vidéo sur les séquences sombres, les couleurs sont agréables pour les mirettes, un peu délavées certes, mais souvent rutilantes. Le charme opère, les ambiances nocturnes sont chiadées et l’on redécouvre Les Vampires du Docteur Dracula avec ses beaux partis pris esthétiques respectés.
Le film d’Enrique López avait subi les affres de la censure en France. Du coup, certaines scènes jamais doublées passent automatiquement en version originale sous-titrée en français. En espagnol, comme en français (Dolby Digital Mono), le confort acoustique est suffisant et propre. Cependant, la version originale est marquée par des dialogues qui manquent souvent de punch, tandis que les voix françaises, si elles s’avèrent plus claires, elles demeurent plus nasillardes voire parfois grinçantes. Un très léger souffle se fait entendre, sans que cela gêne pour autant, et la délivrance de la musique est dynamique… tout comme les GRRrrr !!! de Paul Naschy. Les sous-titres ne sont pas imposés sur la VO.
Crédits images : © Artus Films