2 automnes, 3 hivers (2013) : le test complet du DVD

Réalisé par Sébastien Betbeder
Avec Vincent Macaigne, Maud Wyler et Bastien Bouillon

Édité par UFO Distribution

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Le 12/11/2014
Critique

A 33 ans, Arman a décidé de changer de vie. Pour commencer il court. C’est un bon début. Amélie poursuit la sienne (de vie) et court, elle aussi. La première rencontre est un choc. La seconde enverra Arman à l’hôpital mais sera le début de leur aventure. Benjamin est le meilleur ami d’Arman. Un soir il s’écroule dans une haie de lauriers et se retrouve lui aussi à l’hôpital. Un grave incident qui pourtant fera son bonheur. Durant 2 automnes et 3 hivers, dans les vies d’Amélie, Arman et Benjamin se succèdent les rencontres, les accidents, et beaucoup d’histoires (d’amour mais pas que…).

Les films agissent comme une réaction chimique. On croit souvent connaître la formule et appréhender le résultat. La surprise est de taille quand on se rend compte rapidement que le précipité qui en découle n’est pas celui envisagé et dépasse même nos espérances. C’est ce qui nous arrive avec 2 automnes, 3 hivers de Sébastien Betbeder (Les Nuits avec Théodore), ancien des Beaux-Arts de Bordeaux. Loin des tics que l’on peut souvent reprocher au cinéma indépendant français, cette petite pépite au budget léger de 300.000 euros, tournée sur un an entre Bordeaux, Paris, et la région auvergnate en 1.33, 16mm et numérique, foudroie en plein coeur du début à la fin. Divinement écrit et interprété, ce long métrage impose une sensibilité rare et une mélancolie fulgurante.

Vincent Macaigne, décidément génial et indispensable, la gracieuse Maud Wyler et le lunaire Bastien Bouillon campent des jeunes trentenaires, qui derrière leur apparente simplicité dissimulent un spleen profond, évidemment attachant, toujours bouleversant. D’autant plus qu’ils s’adressent de temps en temps directement aux spectateurs, un procédé habituellement artificiel et irritant, qui étonnamment fonctionne immédiatement et crée un véritable lien entre les protagonistes et l’audience. Loin de tout académisme pompeux et lénifiant, mais toujours avec un humour salvateur, les idées de mise en scène ne se comptent plus dans 2 automnes, 3 hivers, y compris dans la structure du scénario (en chapitres) avec ses trajectoires, rebondissements et destins entrelacés de personnages angoissés, solitaires, en manque de repères sociaux et sentimentaux.

Nous assistons depuis peu à un renouvellement de génération de cinéastes et auteurs français, ayant d’ailleurs la plupart tourné avec Vincent Macaigne, à l’instar de Guillaume Brac (Tonnerre), Antonin Peretjatko (La Fille du 14 juillet), Justine Triet (La Bataille de Solférino), très souvent influencés par la Nouvelle vague, mais préoccupés par les états d’âme de leurs contemporains. Il faudra également et désormais compter sur Sébastien Betbeder qui contribue à ce nouveau souffle de liberté et de fraîcheur dans le cinéma hexagonal. Il était temps !

Présentation - 4,5 / 5

UFO a concocté un très beau slim digipack reprenant le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est fixe et musical.

Bonus - 3,0 / 5

Sous le titre 2A3H (intersaison), se cache en fait une balade dans les rushes de 2 automnes, 3 hivers. Ce montage inédit d’une durée de 31 minutes, constitué de scènes coupées, ratées et de prises alternatives, respecte la continuité du scénario. Fort plaisant !

Egalement au programme, In Timeo (3’) est une « petite histoire d’un projet avorté ». Il s’agit de l’intégralité du film réalisé par Benjamin (le pote d’Arman) à l’école des Beaux-Arts. En réalité, nous sommes en présence du film réalisé par Sébastien Betbeder quand il était lui-même étudiant aux Beaux-Arts de Bordeaux.

Image - 3,5 / 5

L’image de 2 automnes, 3 hivers en DVD est fidèle à celle découverte lors de leur sortie dans les salles. Le tournage a été effectué en 16mm ainsi qu’en en numérique et tourné en 1.33. Les partis pris esthétiques originaux sont respectés, les contrastes manquent de concision surtout sur les scènes sombres où les noirs paraissent bouchés, le grain est toujours flatteur, la colorimétrie aléatoire, mais la clarté, même si elle bouffe les détails, est de mise. La propreté est indéniable, tout comme la stabilité, bien que divers flous, de légers moirages et un piqué quelque peu émoussé demeurent notables tout du long. Cependant, cet aspect brut renforce l’intimité avec les personnages et respecte les volontés artistiques du réalisateur.

Son - 3,5 / 5

UFO nous livre une seule option acoustique : une Dolby Digital 5.1. Si nous sommes tout d’abord quelque peu interloqués par ce choix, ce mixage instaure un confort acoustique plutôt plaisant, une spatialisation un peu chiche mais parfois présente et des effets latéraux, certes peu foisonnants, qui savent néanmoins rester appréciables sur quelques scènes en extérieur. Le caisson de basses reste au point mort. La balance frontale est néanmoins toujours dynamique et équilibrée, et le report des voix solide. Seule ombre au tableau : l’absence de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, qui se voit priver de ce petit bijou.

Crédits images : © UFO

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm