Pelo malo (2013) : le test complet du DVD

Réalisé par Mariana Rondón
Avec Samuel Lange Zambrano, Samantha Castillo et Beto Benites

Édité par Pyramide Vidéo

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Le 12/11/2014
Critique

Junior a 9 ans. Il vit à Caracas avec sa mère et son frère de 2 ans. Junior a les cheveux frisés de son père. Il voudrait avoir les cheveux lisses de sa mère. Junior adore chanter, danser avec sa grand-mère et se coiffer devant la glace. Mais pour sa mère, Junior est l’homme de la famille. C’est comme ça qu’elle l’aime…

Remarquée en 2007 avec Cartes postales de Leningrad, la réalisatrice et artiste plasticienne vénézuélienne Mariana Rondón a étudié le cinéma d’animation à Paris et est diplômée de la première promotion de l’école de cinéma de Cuba. Son nouveau film Pelo Malo, cheveux rebelles tire son titre d’une expression vénézuélienne qui renvoie aux cheveux frisés très courants dans ce pays car symboles de la mixité. Au Venezuela, les cheveux lisses sont considérés comme plus beaux, l’apparence physique joue un rôle capital dans cette société et chacun subit cette forte pression. Les reines de beauté incarnent le rêve de toutes les petites filles, d’où l’obsession de la copine boulotte de Junior, le petit protagoniste du film, merveilleusement interprété par Samuel Lange Zambrano. Ce jeune garçon se cherche.

Alors que les hommes se doivent d’être masculins, très virils puisqu’ils ont et incarnent le pouvoir, Junior ne se reconnaît pas quand il se voit dans un miroir et lutte pour trouver qui il est. La cinéaste questionne le rôle de la masculinité. Junior n’a pas d’hommes dans son entourage. Cela est d’ailleurs représentatif de la société vénézuélienne, très matriarcale : les hommes ont déserté la maison et ne s’occupent pas des enfants. Entre sa mère, sa grand-mère et sa copine, Junior vit dans une bulle de féminité. L’homme est alors une curiosité. Du coup, la mère (superbe Samantha Castillo) doit jouer les deux rôles, le sien et celui du père, et décide d’emmener son fils aîné chez le médecin pour le faire ausculter et voir « ce qui ne va pas ».

Mariana Rondón parle de tolérance et de respect envers une personne différente. La sexualité de Junior est d’abord une projection des autres sur lui. Parler d’homosexualité est difficile au Venezuela, une société très machiste, un des pays d’Amérique Latine où il y a le moins d’égalité sur ces questions d’identité sexuelle et où même certains hommes politiques n’hésitent pas à lancer des attaques homophobes. Pelo Malo, cheveux rebelles est un film sur les regards, le poids du regard extérieur, le regard sur l’autre, mais c’est aussi avant tout une histoire simple, celle d’un petit garçon qui veut une photo de lui avec les cheveux lisses. De ce fait, l’histoire qui peut d’abord sembler naïve, ne cesse de tarauder l’esprit et questionner le spectateur quant aux quelques zones d’ombre savamment gardées comme la disparition du père, la mise à pied de la mère, les relations entre la grand-mère et son deuxième petit-fils.

Sous son aspect « petit film » et même documentaire avec les rues bouillonnantes de Caracas très présentes, Pelo Malo, cheveux rebelles est une véritable critique sociale et politique doublée d’un très beau et attachant drame, sorte de cousin latino du sublime Tomboy de Céline Sciamma.

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est sobre, fixe et musical. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film.

Bonus - 3,5 / 5

A l’occasion de la sortie de Pelo Malo, cheveux rebelles dans les salles françaises, la réalisatrice Mariana Rondón se prête au jeu de l’interview (15’) dans la langue de Molière. Elle revient notamment sur l’expression « pelo malo » et sa signification, parle de son pays le Venezuela, de l’architecture de Caracas, des rapports mère-fils dans le film, du droit à la différence et des conditions de tournage. Un très joli moment.

En plus d’un lot de bandes-annonces de films disponibles chez Pyramide Vidéo, nous trouvons également un making of scindé en quatre thématiques, les enfants, el pelo malo, les acteurs et la ville, pour une durée totale de 23 minutes. Les images de tournage dévoilent l’envers du décor, nous y voyons la cinéaste à l’oeuvre avec ses comédiens au moment des répétitions et des prises de vues. Les propos de toute l’équipe sont également de la partie, les thèmes du film sont abordés.

Enfin, nous découvrons quelques images issues d’une installation vidéo interactive de Mariana Rondón (2’) intitulée Superbloque, qui se veut être une réflexion ludique sur l’espace social et l’espace intime à Caracas.

Image - 3,5 / 5

Certains plans se voient accompagnés de sensibles fourmillements et d’un manque de détails flagrant. La copie est nettement plus probante sur la restitution des visages. L’ensemble est clair, un léger grain se fait ressentir, les blancs sont lumineux. La colorimétrie est parfois un peu terne et le piqué manque souvent de vivacité, mais rien de bien méchant.

Son - 4,0 / 5

L’ensemble des enceintes restitue habilement les ambiances chaotiques de Caracas grâce au mixage Dolby Digital 5.1, qu’il serait regrettable de négliger. La spatialisation est probante et privilégie les atmosphères environnantes sur les séquences en extérieur, le caisson de basses reste au point mort certes, mais les dialogues sont ardents sur la centrale. L’éditeur joint également une piste Stéréo remarquable et efficace. Seule la version originale est disponible, les sous-titres français étant quant à eux imposés et incrustés à même l’image.

Crédits images : © Pyramide

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm