Mes séances de lutte

Mes séances de lutte (2013) : le test complet du DVD

Réalisé par Jacques Doillon
Avec Sara Forestier, James Thiérrée et Louise Szpindel

Édité par KMBO

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 01/12/2014
Critique

Une jeune femme prétexte l’enterrement de son père pour retrouver un voisin plutôt charmant, et tenter de comprendre pourquoi elle a interrompu le rapport amoureux amorcé avec lui quelques mois plus tôt. Ils se retrouvent et rejouent la scène où sa dérobade a empêché leur histoire de commencer. Ils s’y essaient, se débattent, s’empoignent, tout en se rapprochant. Ils se frottent, se cognent l’un contre l’autre et s’amusent à dialoguer avec autant de fantaisie que de gravité, et à entrer dans une lutte de plus en plus physique.
Ils vont finir par se lier l’un à l’autre au cours de séances quotidiennes qui ressemblent à un jeu. Par-delà leur joute verbale, cette confrontation devient une nécessité pour essayer de se trouver, un curieux rituel auquel ils ne peuvent échapper.
Peu à peu, l’évidence qu’il faudra que quelque chose se libère entre eux pour que ces luttes soient enfin devenues une vraie lutte d’amour.

À 70 ans, le cinéma de Jacques Doillon affiche une jeunesse extraordinaire. Mes séances de lutte est une véritable expérience visuelle et sensorielle, absolument indispensable. Sara Forestier et James Thiérrée habitent totalement le 27è long métrage du réalisateur. Véritablement investis, corps et âme, leur prestation laisse pantois d’admiration. Jacques Doillon dit s’être inspiré de Bacchanales, ou la lutte de l’Amour de Paul Cézanne, oeuvre sur laquelle quatre couples bataillent nus, en plein air. Il n’en fallait pas plus à Doillon pour imaginer un homme et une femme, se connaître et se reconnaître en se battant littéralement comme lors d’un véritable rodéo. A ce titre, Sara Forestier subjugue une fois de plus dans le rôle de cette jeune nana, qui vient de perdre son père, qui n’a jamais été aimée et qui ne sait pas aimer de son côté. Tel un animal sauvage, elle va connaître un long, violent et charnel apprivoisement par cet homme mystérieux, qui vit également dans sa bulle, qui l’attire depuis le premier regard et avec lequel elle souhaite coucher ardemment, surtout après un premier acte manqué. Si l’attraction est mutuelle entre « elle » et « lui », la découverte ne se fera donc pas sans heurts pour ces deux êtres humains chez qui le ressenti semble s’être dissous.

Le corps doit d’abord être meurtri pour pouvoir remettre les fonctions vitales en marche. Les dialogues, véritable affrontement à part entière, sont sublimes et les fameuses séances de lutte, entre psychanalyse et match de catch durant lesquels les deux acteurs mettent leur corps à rude épreuve, sont ahurissantes et réglées comme un véritable ballet sensuel. Quasi-seuls en scène, Sara Forestier et James Thiérrée bouffent l’écran comme jamais, tandis que Jacques Doillon insuffle une énergie revigorante à son film et une tension permanente distillées par l’usage de plans-séquences avec une caméra qui virevolte. Mes séances de lutte est un film souvent fascinant, virtuose et une des plus belles démonstrations de cinéma de l’année 2014.

Présentation - 4,5 / 5

Le DVD repose dans un superbe boitier slim digipack à volets, reprenant le visuel de la superbe affiche du film. Le menu principal est fixe et muet.

Bonus - 2,5 / 5

En plus d’une revue de presse apposée sur l’un des volets du digipack, et de la bande-annonce, KMBO livre un entretien avec Jacques Doillon. Le réalisateur revient sur le titre du film, l’écriture du scénario, les dialogues, le langage corporel exprimé dans son film, les thèmes explorés et les conditions de tournage.

Nous trouvons également la bande-annonce.

Image - 4,0 / 5

La qualité du master est indéniable. Si les premiers plans laissent perplexe, la copie trouve un très bel équilibre tout de suite après. La superbe photographie chatoyante des chefs opérateurs Laurent Chalet (Un enfant de toi) et Laurent Fenart (La Désintégration) est excellemment restituée, les détails abondent, la clarté est de mise, le piqué souvent vif et le relief palpable sur les séquences en extérieur. Hormis quelques légers artefacts de la compression, la gestion des contrastes est solide, les couleurs agréables. Les séquences nocturnes sont également bien loties, les plans très rapprochés sont aussi bien définis que le reste, les noirs sont concis. Pour résumé, la copie est éclatante.

Son - 3,5 / 5

Quelques sensibles ambiances naturelles parviennent à poindre sur les enceintes latérales. Si certains dialogues manquent parfois d’intelligibilité, les frontales assurent un bon confort acoustique. Privilégiez la piste stéréo de fort bon acabit, dynamique et précise, bénéficiant d’une large ouverture des enceintes. En revanche, l’éditeur a oublié les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © KMBO

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm