Arc de Triomphe (1948) : le test complet du DVD

Arch of Triumph

Réalisé par Lewis Milestone
Avec Ingrid Bergman, Charles Boyer et Charles Laughton

Édité par Sidonis Calysta

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Le 19/01/2015
Critique

Paris, 1938. Le Docteur Ravic, exilé d’Europe Centrale, exerce la médecine clandestinement. Il recherche le nazi Haake dont il souhaite la mort. Il rencontre Joan Madou, veuve à la dérive. Mais, lorsque la guerre est déclarée, ils se trouvent entraînés dans une situation dramatique dont ils se seraient volontiers passés.

Ingrid Bergman sort du tournage du chef-d’oeuvre d’Alfred Hitchcock, Les Enchaînés. En 1948, la comédienne suédoise donne la réplique à Charles Boyer devant la caméra de Lewis Milestone dans Arc de Triomphe. Cette adaptation du roman éponyme d’Erich Maria Remarque publié en 1946, ne connaît qu’un succès d’estime en 1948, mais ne manque pourtant pas de qualités. Tout d’abord, ce n’est pas un hasard si le cinéaste d’A l’Ouest, rien de nouveau a choisi Ingrid Bergman pour incarner la Joan Madou d’Arc de Triomphe puisque le personnage n’est pas sans rappeler celui d’Ilsa Lund interprété six ans auparavant par la comédienne dans le film de Michael Curtiz, Casablanca. On ne peut s’empêcher d’y penser tout le long tant l’aura et la beauté d’Ingrid Bergman impriment la pellicule.

Ensuite, Lewis Milestone signe un véritable mélodrame, sans aucune soupape d’humour, redoutablement pessimiste, marqué par une magnifique photo en N&B signée par le grand chef opérateur Russell Metty, qui connaîtra véritablement son heure de gloire dans les années 50, entre 1953 et 1959, lors de sa fructueuse et merveilleuse collaboration avec Douglas Sirk sur dix films, dont Le Secret magnifique, Tout ce que le ciel permet, Demain est un autre jour, Le Temps d’aimer et le temps de mourir et Mirage de la vie. La photo de ce Paris pluvieux, entre ombres et lumières, grisâtre, est à couper le souffle.

Si le réalisateur n’y va pas de mainmorte pour faire pleurer dans les chaumières, surtout durant le dernier acte qui a dû faire le bonheur des vendeurs de kleenex, Arc de Triomphe rend compte de la situation des réfugiés dans l’entre-deux-guerres où les hôtels étaient peuplés d’hommes et de femmes en situation irrégulière, qui luttaient pour survivre hors de leur pays en pleine ébullition. L’écho avec l’actualité contemporaine est d’autant plus troublant.

Avec son charisme froid mais incroyablement magnétique, Charles Boyer irradie l’écran dans le rôle de ce grand chirurgien étranger, traumatisé par des tortures dont il a été victime avec la femme qu’il aimait, qui elle ne s’en est pas sortie. Il rencontre alors une jeune femme dont le mari vient de mourir, lui vient en aide alors qu’elle est sur le point de se suicider, lui trouve une chambre… et en tombe rapidement amoureux. Seulement voilà, conscient de la situation politique européenne et hanté par ses démons qui viennent de ressurgir - un ancien tortionnaire, suintement interprété par Charles Laughton - il essaye de ne pas se voiler la face et préfère ne pas envisager l’avenir avec elle.

Tous les ingrédients du mélodrame sont donc bel et bien présents et même si la recette est bien connue, le traitement demeure soigné, élégant, souvent prenant et intense, magnifiquement habité par ces monstres sacrés du cinéma.

Présentation - 4,0 / 5

Le visuel de la jaquette, estampillée Collection Grands Classiques - Edition Spéciale, est soigné bien qu’on ne reconnaisse quasiment pas Ingrid Bergman aux côtés de Charles Boyer ! Le menu principal est élégant, animé et musical.

Bonus - 3,5 / 5

En plus d’une galerie de photos, Sidonis Calysta propose de (re)découvrir un documentaire de 52 minutes consacré à Ingrid Bergman, réalisé en 1984 et narré par Jean-Claude Brialy. Classique, mais plutôt complet, ce module croise de nombreux extraits des plus grands films de la comédienne suédoise (1915-1982) avec quelques archives et entretiens de personnalités qui l’ont côtoyé à l’instar d’Anthony Quinn, José Ferrer, Angela Lansbury. Evidemment, ce documentaire ne peut faire l’impasse sur les quelques scandales qui ont jalonné la carrière de l’actrice, comme sa liaison avec Roberto Rossellini pour qui elle abandonne son mari, Petter Lindström et leur fille Pia. De son enfance à ses premiers pas dans le monde du cinéma, en passant par ses succès, triomphes, échecs et sa lutte contre le cancer du sein qui devait l’emporter le 29 août 1982, le jour de son soixante-septième anniversaire, rien ou presque n’est oublié.

Image - 4,0 / 5

Soutenu par un encodage solide, ce très beau master parvient à tirer parti d’une évidente restauration. La gestion des contrastes est équilibrée, les scories et accrocs comme les points blancs et noirs, les rayures verticales ont été éradiqués en grande partie, la propreté de l’image demeure souvent impressionnante. Les blancs sont lumineux, les yeux des comédiens brillent d’un nouvel éclat, le N&B est dense et stylisé (magnifique photo signée Russell Metty), la palette de gris étant étendue tout du long jusqu’à la dernière bobine.

Si le piqué demeure aléatoire, le grain est habilement restitué, les quelques flous sporadiques ne perturbent jamais l’homogénéité de la copie et les arrière-plans sont assurés. Hormis quelques clignotements, fourmillements et de très sensibles décrochages inhérents aux scènes anciennement coupées et ici restituées (elles dénotent quelque peu par rapport au reste), la qualité technique est indéniable.

Son - 3,0 / 5

La version originale semble avoir été restaurée également, car peu de craquements sont à déplorer. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts sur cette efficace piste Mono 2.0 qui ne comporte aucun souffle parasite. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, mais le confort acoustique est très appréciable.

Une piste française est également disponible, mais s’avère plus étouffée. Notons que certaines séquences, qui n’ont visiblement pas été doublées à l’époque, nous apparaissent automatiquement en anglais sous-titré en français.

Le changement de langue est impossible à la volée et nécessite le retour au menu principal… Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © Sidonis Calysta

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm