Les Femmes de Visegrad (2013) : le test complet du DVD

Après de magnifiques vacances d’été dans un village de Bosnie, Kym, une touriste australienne, découvre que ce lieu a connu de tragiques événements au moment de la guerre de Bosnie. Touchée, elle ne peut oublier et décide de retourner sur les lieux pour lever le silence.

Les Femmes de Visegrad s’inspire de la véritable expérience vécue par l’actrice et dramaturge australienne Kym Vercoe, qui tient son propre rôle dans le film de Jasmila Zbanic (Sarajevo, mon amour, Ours d’Or au Festival de Berlin en 2006, Le Choix de Luna), à savoir sa découverte des massacres de la ville et de la municipalité de Visegrad, meurtres de masse commis envers des civils bosniaques au cours du nettoyage ethnique de l’Est de la Bosnie, par la police et les forces militaires serbes au cours du printemps et de l’été 1992, au début de la guerre de Bosnie-Herzégovine. Aucun mémorial de guerre n’a été dressé en hommage aux plus de 1700 victimes (chiffres du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie) et 200 femmes violées et assassinées dans l’hôtel Vilina Vlas qui apparaît aujourd’hui sur certains guides touristiques - qui vantent la splendeur des paysages et le romantisme de la bâtisse - sans mentionner cette horrible tragédie. La ville n’a pas échappé à ces horreurs et pourtant les habitants semblent avoir oublié ce qui s’est passé…

A mi-chemin entre le documentaire (qui retrace le parcours de Kym Vercoe) et la fiction (pour brouiller les pistes au moment d’un tournage sous tension), la cinéaste Jasmila Zbanic réalise un devoir de mémoire éprouvant, souhaite faire réfléchir sur ce qu’est devenu son pays 20 ans après les débuts de la guerre, un pays à l’énergie anéantie, un déni massif qui a figé ses habitants, eux-mêmes dirigés par ceux qui ont mené la guerre en Bosnie, au niveau de la police, de la justice, des institutions éducatives et politiques. Sur les lieux mêmes des massacres, Jasmila Zbanic dénonce ces personnes qui protègent les criminels. On ressort rincé des Femmes de Visegrad, bouleversé, mais aussi porté par l’élan de la réalisatrice qui a su nous interpeller et sensibiliser sur cette histoire.

L’éditeur soigne une fois de plus le service après-vente. Le DVD repose dans un superbe slim-digipack, très élégant, jusqu’à la sérigraphie du disque. Le visuel de l’affiche du film reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est quant à lui fixe et musical.

En plus de la bande-annonce du film et les credits du DVD, Blaq Out nous livre une interview de la réalisatrice Jasmila Zbanic (8’) qui revient sur la genèse des Femmes de Visegrad, les raisons qui l’ont poussé à mettre en scène ce film, ainsi que les partis pris et les thèmes explorés.

Le master des Femmes de Visegrad est plutôt bichonné par Blaq Out. Le cadre large est élégant, les couleurs soignées et le piqué suffisamment aiguisé. Les contrastes sont assurés, denses et riches, les détails ne manquent pas et la profondeur de champ est soignée. Malgré un sensible bruit vidéo sur les arrière-plans et un léger fléchissement de la définition sur les scènes en intérieur, la copie demeure éclatante. La belle photo riche et contrastée de la chef opératrice Christine A. Maier (Sarajevo, mon amour, Le choix de Luna) passe élégamment le cap du petit écran.

Seule la version originale est disponible. La piste Dolby Digital 5.1 demeure facultative pour Les Femmes de Visegrad, mais quelques sensibles ambiances naturelles parviennent à poindre sur les enceintes latérales. Les dialogues sont exsudés sans mal par l’enceinte centrale, les frontales assurent un bon confort acoustique. Privilégiez tout de même la piste stéréo de fort bon acabit, dynamique et précise, bénéficiant d’une large ouverture des enceintes.

L’éditeur propose également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Blaq Out