Harold Lloyd en 16 longs métrages et 13 courts métrages + archives et documentaires (1922) : le test complet du DVD

Le coffret de neuf DVD contient une belle sélection des films interprétés par Harold Lloyd, longs métrages et courts métrages, muets pour la plupart, mais pas tous.

Le titre du coffret, Harold Lloyd en 16 longs métrages et 13 courts métrages, ne cherche pas à tromper : il ne s’agit pas d’une intégrale des quelques 300 films qu’Harold Lloyd dit avoir tournés.

Harold Lloyd en 16 longs métrages et 13 courts métrages est, néanmoins, une collection plus complète que celle éditée par Studiocanal en 2009 dans un coffret de 5 DVD : Le Monde fou de Harold Lloyd.

Harold Lloyd fut un des trois plus grands interprètes des comédies du temps du muet avec Charles Chaplin et Buster Keaton.

Il a choisi assez vite une apparence qui le distingue du « tramp », le vagabond incarné par Chaplin : à un habillement soigné - chemise et cravate, veste cintrée, pantalon clair, chaussures bien cirées - s’ajoutent deux signes distinctifs devenus sa signature : les lunettes rondes à monture d’écaille et le canotier.

L’habit faisant le moine, Harold Lloyd campe régulièrement, mais pas toujours, un playboy plein aux as. Ainsi, dans L’Amour du ciel (For Heaven’s Sake), il réduit à l’état d’épaves deux splendides limousines à 10 000 dollars, dans la même journée !

La pauvreté causée par la crise économique des roaring twenties, années d’insouciance pour les plus aisés, apparaît en toile de fond de nombreux films. Mais la tonalité générale des films reste optimiste.

Plutôt timide tant qu’on ne lui marche pas sur les pieds, le héros vient régulièrement au secours des demoiselles en détresse. Il est particulièrement intéressé par les belles filles, dans la vraie vie comme dans les films qui se concluent souvent par un mariage.

Un autre thème récurrent est l’avantage que le héros, plutôt frêle, a toujours sur les grosses brutes, soit parce qu’il sait éviter les coups ou mettre la chance de son côté, soit par sa capacité à fraterniser avec elles, y compris, contre toute attente, avec le « Colosso » de Faut pas s’en faire, un géant de 2m20 qui semble n’avoir qu’un pois chiche dans le crâne.

Il se fourvoie systématiquement dans des situations scabreuses. L’une d’elles, emblématique, restera gravée dans la mémoire des cinéphiles et sera définitivement associée à Harold Lloyd, celle où il est suspendu au-dessus du vide, seulement retenu par la fragile grande aiguille d’une horloge accrochée à la façade d’un immeuble, dans le film Monte là-dessus (Safety Last!) !

Harold Lloyd exploite bien évidemment l’humour slapstick qui fit fureur dans le cinéma américain jusqu’au début des années 40, avec des trouvailles assez originales, sur des scénarios écrits par Hal Roach. À ses côtés, on retrouve souvent Mildred Davies, avec laquelle il tourna 17 films et aussi les énormes moustaches tombantes de « Snub » Pollard qui l’accompagnèrent dans une cinquantaine de films.

Cette édition de Carlotta Films est un bel hommage à celui qui fut, bien qu’il soit moins connu du grand public, l’égal de Charles Chaplin et de Buster Keaton.

Test effectué sur check discs.

Les neuf disques, présentés dans un boîtier rouge, s’ouvrent sur un menu fixe et musical proposant des sous-titres français optionnels pour la traduction des intertitres des films muets (longtemps distribués par une filiale américaine de Pathé) et des dialogues des films parlants.

Les bonus sont logés sur les deux derniers disques.

Sur le DVD 8 : une collection de sept films de famille d’une durée cumulée de 53 minutes, tournés dans la propriété de Greenacres (44 pièces et 26 salles de bain !) en 35mm (1.33:1, noir et blanc). Trois furent tournés en 1926 (dont un en couleurs) et quatre en 1932. On y voit Harold Lloyd, sans lunettes ni canotier, entouré de sa femme et de ses enfants.

Sur le DVD 9, deux longs métrages, Le Monde comique de Harold Lloyd (92’) et Harold Lloyd’s Funny Side of Life (95’), ont en commun de présenter un montage des séquences les plus célèbres tournées par l’acteur. Ces deux films se complètent en ne montrant pas les mêmes scènes. Suit une courte interview dans le cadre d’un programme de télévision Social Security in Action, apparemment enregistrée peu de temps avant sa mort, où Harold Lloyd (avec, cette fois, des lunettes à épais verres correcteurs) évoque le passage, délicat pour les acteurs, du cinéma muet au cinéma parlant et rappelle les conditions de tournage au temps où les effets spéciaux n’étaient pas monnaie courante : pour les prises de vue de Monte là-dessus, il surplombait la rue d’une bonne dizaine de mètres, au-dessus d’une plateforme recouverte de matelas !

Si ces deux anthologies sont les bienvenues, on regrette toutefois l’absence d’une analyse critique.

À noter, sur le DVD 4, une courte introduction, par Harold Lloyd himself, du film Vive le sport (The Freshman).

L’image (1.33:1, noir et blanc) est d’une qualité surprenante pour des films dont les premiers ont été tournés il n’y a pas loin d’un siècle. Quelques marques du temps sont décelables sur certains films, particulièrement sur des courts métrages, sous la forme de petites taches blanches, rayures et léger pompage. Rien de vraiment gênant : la restauration, apparemment opérée pour la collection Criterion sortie en 2007, reste exemplaire.

L’illustration musicale (avec quelques bruitages dont on se serait volontiers passés), au format Dolby Digital 2.0 mono, est aérée, sans saturations. La bande son des films parlants a bénéficié d’un excellent nettoyage.

Crédits images : © HAROLD LLOYD ENTERTAINMENT, INC. Tous droits réservés. Distribué par Park Circus Limited