Une histoire banale (2014) : le test complet du DVD

Réalisé par Audrey Estrougo
Avec Marie Denarnaud, Marie-Sohna Conde et Oumar Diaw

Édité par Damned Films

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 21/09/2015
Critique

Une histoire banale

Nathalie, la trentaine, est infirmière dans un hôpital parisien. Elle ne voit son petit ami Wilson qu’un weekend sur deux : il travaille à Bruxelles. À la fin d’une soirée, Nathalie accepte de se faire raccompagner par Damien, un collègue de travail, qui emboîte son pas dans l’escalier, entre de force dans son appartement, la viole et disparaît aussitôt après.

Une histoire banale est le troisième film de fiction d’Audrey Estrougo et le meilleur. Également auteur du scénario, elle choisit d’éviter toute représentation spectaculaire du viol.

La scène du viol, du moment où Damien pousse Nathalie dans son appartement jusqu’à ce qu’il disparaisse en claquant la porte, dure exactement 40 secondes. La caméra ne filme que la tête des deux personnages et n’enregistre que le halètement de Damien et juste deux petits cris de Nathalie, appuyée face à un mur, comme paralysée.

Une histoire banale

Une histoire banale, en effet. Damien est un collègue de travail sans histoire et Nathalie réagit à l’agression en se murant dans le silence. Elle attendra quinze jours pour en parler sous la pression de questions insistantes de son petit ami. Comme de nombreuses victimes d’agressions sexuelles, par honte ou par crainte des répercussions que pourrait avoir une plainte sur l’agresseur, un proche la plupart du temps, elle se tait. Est exclue toute trame de vengeance qui nourrit le scénario d’autres films sur le viol.

Cette retenue fait tout l’intérêt d’Une histoire banale qui a éliminé toutes les scènes superflues (comme celles de l’association d’aide aux victimes qu’on peut voir dans les scènes coupées) qui pourraient parasiter l’essentiel : montrer les effets de l’agression sur Nathalie que la caméra suit pendant tout le film, parfois dans de longs plans-séquences.

Marie Denardaud réussit à transmettre sobrement, mais avec une réelle intensité, la détresse de Nathalie, les efforts que lui coûte la sérénité qu’elle affiche pour donner le change à ses amis. Le film lui doit beaucoup.

Audrey Estrougo a tiré le meilleur parti possible des 8 000 € glanés sur Internet qui ont suffi à financer le film grâce surtout à l’investissement bénévole d’une petite équipe d’acteurs et de techniciens.

Une histoire banale

Édition - 8,5 / 10

Le DVD-5 est présenté dans un mince digipack. En couverture, l’affiche du film qui sert aussi d’illustration au menu fixe et muet. Sur la page blanche intérieure, de la main de la réalisatrice, une courte phrase : « À défaut de pouvoir changer le monde, je fais des films ». Sur le disque, le titre du film en grandes capitales noires sur fond blanc.

En supplément, le commentaire du film par Audrey Estrougo et Marie Denarnaud fournit de nombreuses indications sur le tournage : l’appartement de Nathalie est le propre appartement de la réalisatrice ; certains dialogues sont confiés à l’improvisation des acteurs, notamment dans la scène où quatre filles papotent au bistrot… Un souffle constant ne gêne toutefois pas la compréhension des commentaires.

Puis, une rencontre avec Audrey Estrougo et Marie Denarnaud (15’) permet aux deux jeunes femmes de disserter sur le viol, sur la « douleur sourde » qu’il entraîne souvent, sur la « banalité » de cette agression, commise en France en moyenne toutes les 8 minutes. C’est pourquoi la réalisation a rejeté tout effet spectaculaire.

Pour finir, des scènes coupées (19’). Ce supplément est particulièrement intéressant : aucune de ces scènes n’est une variante de celles retenues au montage. Le fait qu’elles aient été écartées souligne clairement le choix, bien inspiré, de la réalisatrice en faveur d’un récit aussi épuré que possible.

L’image (1.33:1), très douce avec des contrastes atténués, ce qui lui donne une texture agréable. Ces caractéristiques et le choix d’un format compact s’harmonisent au caractère intimiste du film.

Le son, en dépit de la mention Dolby Digital sur le digipack, est au format mpeg 2.0 stéréo. L’économie réalisée par cette option ne semble pas avoir compromis la qualité du son : sans souffle, il restitue avec clarté les dialogues et donne une belle présence à l’accompagnement musical.

Une histoire banale

Crédits images : © Damned Distribution

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
8,5 / 10
Avis

Moyenne

3,0
5
0
4
0
3
1
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 21 septembre 2015
L’histoire banale, c’est celle de Nathalie, violée par un collègue : comme beaucoup de victimes, elle ne dira rien, taira sa souffrance, donnera le change à ses proches. Ce film émouvant, pudique, sonne juste grâce à la sobriété de son scénario et au talent de Marie Denarnaud.

Lire les avis »

Multimédia

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)