Gens de Dublin (1987) : le test complet du DVD

The Dead

Réalisé par John Huston
Avec Anjelica Huston, Donal McCann et Dan O'Herlihy

Édité par Elephant Films

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Le 02/02/2015
Critique

Dublin, hiver 1904. Les vieilles demoiselles Morhan organisent comme chaque année une soirée de réveillon, où les esprits les plus brillants et fortunés de la ville se pressent pour profiter de l’ambiance joyeuse. Parmi les convives, Gabriel Conroy le neveu favori des hôtes fait une entrée remarquée en compagnie de sa magnifique femme Gretta. Mais l’insouciance du moment est bientôt troublée par la mélancolie profonde de Gretta, dont le fantôme d’une douloureuse passion est réveillé par les récits et les chants de la fête.

Gens de Dublin est le dernier film et dernier chef d’oeuvre du cinéaste John Huston (1906-1987). L’illustre réalisateur du Faucon maltais (1941), Le Trésor de la Sierra Madre (1948), Key Largo (1948), Quand la ville dort (1950), African Queen (1951), Moby Dick (1956), Les Racines du ciel (1958), Le Vent de la plaine (1960) , Les Désaxés (1960) , La Nuit de l’iguane (1964), Reflets dans un oeil d’or (1967), L’Homme qui voulut être roi (1975) et bien d’autres classiques tire sa révérence avec cette adaptation d’une nouvelle de James Joyce intitulée The Dead, tirée de son recueil Dubliners publié en 1914. Agé de 81 ans, malade, ne pouvant respirer qu’avec l’aide d’un masque à oxygène et ne se déplaçant plus qu’en fauteuil roulant, le cinéaste qui avait su prendre le virage des années 1970 en se réinventant dans un système alors en pleine mutation, signe ici une oeuvre crépusculaire, mélancolique, douce et poétique, merveilleusement photographiée, mise en scène et interprétée.

Gens de Dublin a ses aficionados, comme l’auteur de ces mots, qui n’hésite pas à dire que nous tenons là un des plus beaux films des années 1980. John Huston nous convie dans une maison bien chauffée, feutrée, dans laquelle on se réfugie volontiers en raison de la neige et du froid à l’extérieur.

Dans le premier acte, le spectateur s’infiltre parmi tous ces invités - regardés avec douceur par Huston qui les frôle et même les caresse avec sa caméra - qui arrivent les uns à la suite des autres, qui se saluent, qui papotent en demandant des nouvelles de leurs hôtesses, tout en buvant un bon verre d’alcool ambré. Ensuite, tous ces convives passent à table et le spleen commence à se faire ressentir. Chacun semble perdu dans ses pensées, surtout que l’on commence à évoquer celles et ceux qui n’ont pas pu se joindre à cette petite fête, ou tout simplement parce qu’ils ne sont plus de ce monde. A cette table, Greta, magnifiquement incarnée par Anjelica Huston, semble plus atteinte que les autres par cette mélancolie… pourquoi ? C’est la raison du dernier acte de Gens de Dublin, probablement un des plus beaux et gracieux moments de toute la prolifique carrière de John Huston, qui ne s’est jamais autant livré qu’à travers ce film. Gens de Dublin est une oeuvre testamentaire, marquée par les thèmes universels du temps qui passe et de la mort, et malgré tout apaisée.

Édition - 6,5 / 10

La jaquette très attractive de ce nouveau titre de la collection Cinéma MasterClass est glissée dans un boîtier classique transparent, lui-même glissé dans un fourreau DVD cartonné. Le menu principal est animé et musical. Notons que Gens de Dublin avait déjà connu les honneurs d’une sortie en DVD chez Opening en 2006.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une superbe galerie de photos, des liens internet et des credits du disque, nous trouvons une bonne présentation de Gens de Dublin par Xavier Leherpeur. journaliste et critique de cinéma, notre interlocuteur ne manque pas d’arguments pour défendre ce chef-d’oeuvre, ultime film de John Huston. Les thèmes, mais aussi les personnages, l’adaptation de l’oeuvre de James Joyce, la mise en scène, le réalisateur, le casting, la musique, la photo, tout ceci est abordé avec une passion contagieuse !

La copie du film de John Huston est livrée uniquement en DVD. La superbe photo signée par le chef opérateur Fred Murphy a parfois du mal à être respectée avec ses couleurs ambrées, une lumière sensiblement diffuse, des clairs-obscurs tranchés, malgré une patine somme toute appréciable. L’image est correcte, même s’il subsiste quelques raccords de montage et diverses poussières, l’ensemble est stable. Toutefois, la carnation des comédiens tire trop souvent sur le rosé ou se révèlent trop blanchâtres. Le piqué doux n’est pas désagréable pour les mirettes, tout comme les ambiances légèrement ouatées. Les séquences sombres s’avèrent moins définies et entraînent quelques flous sporadiques.

Seule la version originale est disponible. L’écoute est limpide, bien que certains échanges paraissent plus sourds. Autrement le confort est assuré, mais n’hésitez pas à monter le volume pour mieux apprécier le spectacle.

Crédits images : © Elephant Films

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm