L'Impitoyable (1948) : le test complet du DVD

Ruthless

Édition Spéciale

Réalisé par Edgar G. Ulmer
Avec Zachary Scott, Louis Hayward et Diana Lynn

Édité par Sidonis Calysta

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Le 02/03/2015
Critique

Photo L'impitoyable (Ruthless)

Le riche Horace Vendig veut se faire passer pour un philanthrope. Un retour en arrière donnera une autre image de lui, celle d’un homme sans scrupules, prêt à sacrifier les autres pour satisfaire son ambition et sa soif d’argent.

Edgar G. Ulmer, qui n’a pas réalisé que des chefs-d’oeuvre, était réputé pour tirer le meilleur parti de tous petits budgets. On lui a accordé plus de moyens qu’il n’en avait jamais eus pour L’Impitoyable (traduction exacte de Ruthless) que beaucoup considèrent être son meilleur film. François Guérif, dans les bonus, dit que cette oeuvre est son  » Citizen Kane « .

Le mérite en revient d’abord au scénario d’Alvah Bessie. Son nom n’apparaît cependant pas au générique, malgré ses titres de gloire, parmi lesquels figure le scénario d’Aventures en Birmanie (Objective, Burma!). Une raison à cela : il était un des dix blacklistés de Hollywood à l’époque du Maccarthysme. L’Impitoyable est, sous sa plume, l’une des charges les plus percutantes sur les déviations de la finance.

L’impitoyable vaut aussi par la qualité de la photo de Bert Glennon qui fut le chef op’ d’une dizaine de films de John Ford et de cinq de Josef von Sternberg dont, merveille des merveilles, L’Impératrice rouge !

Autre atout : une excellente distribution avec, dans le rôle de Vendig, Zachary Scott, d’une insolente élégance, Lois Hayward et Sydney Greenstreet, bouleversant, réalisant ici probablement sa meilleure performance. Le casting féminin n’est pas de reste, avec Diana Lynn, Lucille Bremer et Martha Vickers qui usent de tout leur talent et de tout leur charme pour camper trois femmes au caractère étonnamment bien trempé.

Le soin apporté aux dialogues, aux décors et aux costumes ajoute encore à la beauté du film.

Mais la force de L’Impitoyable, c’est le portrait d’un homme pour lequel seuls comptent le pouvoir et l’argent, une sorte de monstre que résume la dernière réplique :  » He was not a man. He was a way of life!  » Un doute jette toutefois le trouble : et s’il n’était que le jouet du destin ?

Ce film, encore inédit en France sur DVD, est l’un des premiers titres d’une nouvelle collection, Perles Noires, lancée par Sidonis Calysta, éditeur particulièrement actif. Les deux autres titres ont également été testés : L’Orchidée blanche (The Other Love) d’André de Toth et Le Passé se venge (The Crooked Way) de Robert Florey.

Édition - 8,5 / 10

Le boîtier keep case du DVD est inséré dans un fourreau avec le même montage photographique repris sur la jaquette et la sérigraphie du disque. Le menu animé et musical propose le film dans sa seule version originale, avec sous-titres français imposés empiétant un peu trop sur l’image.

En supplément, comme pour les deux autres titres de la collection, trois présentations du film !

Dans sa présentation de 24 minutes, Bertrand Tavernier rappelle que le film ne fut longtemps visible que dans des éditions VHS d’une qualité déplorable. Il a été frappé par la  » désolation morale  » de L’Impitoyable et par la place importante qu’il laisse aux trois personnages féminins. Il se félicite que le film soit restitué dans son intégralité, sans les coupures imposées lors de sa sortie en salles.

Puis Patrick Brion (11’) retrace la carrière disparate d’Edgar G. Ulmer, d’origine hongroise comme André de Toth ; il a été révélé par sa contribution, aux côtés de Robert Siodmak et Fred Zinnemann, au film Les Hommes le dimanche (Menschen am Sonntag, 1930), encore introuvable en France). Il évoque quelques-uns de ses films les plus célèbres, Détour, Le Démon de la chair (The Strange Woman) avec Hedy Lamarr et Le Bandit (The Naked Dawn) disponible, chez le même éditeur, dans l’énorme collection Western de Légende.

Enfin, François Guérif (21’) livre une intéressante analyse des mérites du film et met en valeur la contribution d’Alvah Bessie.

Pour finir, une galerie de 9 photos.

L’image, parfaitement nettoyée, est bien contrastée, avec des noirs denses et une délicate restitution des niveaux de gris.

Le spectre étroit du son (Dolby Digital 1.0), concentré dans le medium, ne gêne pas la compréhension des dialogues. Pratiquement pas de souffle.

Photo L'impitoyable (Ruthless)

Crédits images : © Sidonis Calysta

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
8,5 / 10
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Philippe Gautreau
Le 2 mars 2015
Le portrait sans complaisance d’un homme obsédé par l’argent et le pouvoir, servi par un remarquable scénario et par Zachary Scott en tête d’une solide distribution.

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