Wanda (1971) : le test complet du DVD

Mariée à un mineur, Wanda ne proteste pas quand le juge qui prononce son divorce accorde la garde des deux enfants à son mari. Elle quitte les terrils de Pennsylvanie et rencontre Mr Dennis, un petit malfrat…

Wanda est l’unique long métrage de Barbara Loden qui tint un rôle secondaire dans Le Fleuve sauvage et La Fièvre dans le sang, deux films d’Elia Kazan dont elle fut la seconde épouse.

Dans une des premières scènes du film, dans un long panoramique, la caméra suit de loin la marche de Wanda le long d’un chemin boueux qui sort d’une mine de charbon à ciel ouvert. Cette scène sans dialogue transmet immédiatement la fragilité du personnage qui sera l’ombre de Mr Dennis.

Barbara Loden, dans une interview au New York Times, dira de Wanda : « Elle est prise dans un piège dont elle ne pourra jamais sortir ; et des femmes comme elle, il y en a des millions. »

Cette fable sur la dureté de la condition féminine fut plutôt mal reçue par les féministes qui reprochaient au scénario, développé à partir d’une esquisse écrite par Elia Kazan, de montrer un personnage trop résigné, acceptant son triste sort sans jamais se rebeller.

Pourtant, subtilement, le film montre une évolution du comportement de Wanda et de ses relations avec son nouveau compagnon.

Barbara Loden qui tient également le rôle-titre montre, par ce coup d’essai, qu’elle a le sens du cinéma, peut-être stimulé par sa cohabitation avec Elia Kazan. Réalisé dans le style du cinéma-vérité, ce grand petit film a une force suffisante pour s’imprimer durablement dans la mémoire du spectateur.

La réalisatrice n’aura pas l’opportunité de réaliser ses autres projets de films, emportée par un cancer à 48 ans, juste avant la projection de Wanda au festival de Deauville en 1980.

Les éditions de 2004 et 2008 étant épuisées, cette réédition est la bienvenue.

Le test a été effectué sur check disc. Le DVD est proposé dans un keep case sous une jaquette avec le visuel des précédentes éditions MK2, repris sur la sérigraphie du disque.

Un beau menu animé et sonorisé donne accès au film proposé dans sa seule version originale, avec sous-titres français imposés.

Les suppléments s’ouvrent sur une préface de Philippe Azoury, critique à Libération (4’), rappelant notamment l’enfance difficile de Barbara Loden.

Suit un entretien avec Isabelle Huppert (23’) qui a découvert le film de Barbara Loden en parlant avec Elia Kazan. Elle aime ce film allusif, mystérieux, qui serait empreint des relations entre la réalisatrice et son mari.

Pour finir, absent des éditions précédentes, un entretien avec Elia Kazan (6’), extrait de l’émission Cinéma, cinémas du 1er décembre 1982. Il dit son admiration pour le film, bien accueilli en France, assez ignoré aux USA, qui met au premier plan une femme sans volonté, dérivant là où le courant l’entraîne, un « floater »…

L’image (1.66:1) du film tourné en 16mm est très granuleuse. Relativement stable, elle porte les cicatrices de l’âge : taches et rayures. Définition et contrastes sont assez faibles avec une coloration rosée qui affecte particulièrement les tons de peau.

Le son Dolby Digital 2.0 mono, au spectre étroit, notamment pauvre en graves, restitue correctement les dialogues. Un peu de souffle.

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