Leviathan (2014) : le test complet du DVD

Kolia habite une petite ville au bord de la mer de Barents, au nord de la Russie. Il tient un garage qui jouxte la maison où il vit avec sa jeune femme Lylia et son fils Roma qu’il a eu d’un précédent mariage.
Vadim Cheleviat, le Maire de la ville, souhaite s’approprier le terrain de Kolia, sa maison et son garage. Il a des projets. Il tente d’abord de l’acheter mais Kolia ne peut pas supporter l’idée de perdre tout ce qu’il possède, non seulement le terrain mais aussi la beauté qui l’entoure depuis sa naissance. Alors Vadim Cheleviat devient plus agressif…

Le réalisateur russe Andrey Zvyagintsev, auteur du Retour (2003), Le Bannissement (2007) et Elena (2012) livre un nouveau chef-d’oeuvre avec Léviathan, Prix du scénario au Festival de Cannes 2014. Ce merveilleux cinéaste s’empare d’un sujet fort : la lutte d’un homme contre l’oppression de la puissance étatique, et en tire une féroce satire politique qui dénonce l’injustice et la corruption avec une virulence parfois jubilatoire.

En s’inspirant d’un fait divers américain, la lutte d’un simple artisan contre un puissant groupe industriel et contre l’administration corrompue de son pays, Andrey Zvyagintsev transpose le sujet dans son pays, la Russie de Vladimir Poutine, à travers la révolte solitaire et désespérée d’un homme que le pouvoir empêche de vivre. Le résultat est bouleversant. Tourné dans les magnifiques décors naturels situés près de la mer de Barents, à la limite du cercle polaire, Léviathan cherche selon son auteur «  à métaphoriser un concept humain, de réaction et de réflexion face à l’adversité  ». Andrey Zvyagintsev ne cherche pas à réaliser un drame social ou une peinture réaliste d’une région spécifique de la Russie contemporaine, mais dresse le portrait d’un homme confronté à sa propre angoisse, plongé dans l’incertain, la peur de l’avenir, pour les siens et de la mort qui rôde, obligé de renoncer à sa liberté et à sa volonté. Léviathan ou les droits bafoués des hommes face à la justice. Un combat contre le gouvernement, un combat également intérieur. Jusqu’où aller pour préserver sa liberté ?

Léviathan est une oeuvre percutante qui coupe le souffle tant par son propos que par la remarquable interprétation d’Aleksey Serebryakov, Elena Lyadova et Vladimir Vdovitchenkov, mais aussi par son ébouriffante beauté plastique, la magnifique partition du grand Philip Glass et la virtuosité de sa mise en scène. Véritable fresque à la fois épique et intimiste, redoutablement pessimiste (bien que non dépourvue d’humour), Léviathan agit comme une glaciale et implacable séance d’hypnose sur les spectateurs, ou une cuite à la vodka qui coule à flots dans le film, et va bien au-delà de la simple étude de la société russe. C’est cette portée universelle qui rend Léviathan absolument indispensable.

Le test du DVD de Léviathan a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film.

Pyramide Vidéo livre un entretien avec le réalisateur Andreï Zviaguintsev (23’). Dans ce supplément, le cinéaste parle de la genèse du film, de son travail à quatre mains sur le scénario avec son complice de toujours, Oleg Neguine, et explique de façon approfondie sa méthodologie. Du choix des décors à la direction d’acteurs, en passant par la ses influences, chaque étape de la construction du film est abordée. Le réalisateur revient également sur les motivations de son personnage central et l’universalité du sujet qu’il a voulu mettre en lumière. Cette rencontre est aussi l’occasion de mieux appréhender sa philosophie de cinéaste : «  L’acte artistique est avant tout pour moi la projection de nos propres impressions, de notre intuition et de notre réaction aux choses qui nous entourent  », déclare-t-il.

L’éditeur joint également 21 minutes de scènes coupées, qui s’apparentent surtout à des scènes en version étendue puisque nous en retrouvons certaines conservées au montage final. Disponibles dans l’ordre chronologique, elles s’avèrent indispensables afin de capter comme le réalisateur parvient à créer la tension et l’émotion en jouant sur la durée d’un plan, un regard, un geste.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

Nous ne nous attendions pas un master aussi beau. Le film d’Andrey Zvyagintsev, composé essentiellement de plans larges et de gros plans sur les visages des comédiens, est magnifiquement restitué grâce à un transfert de haute volée. Certes, les arrière-plans ne sont pas aussi précis que sur une édition HD, mais le piqué est presque aussi précis, les détails fourmillent, le cadre large est magnifique et la colorimétrie intense avec un mixe de teintes chatoyantes et de gammes froides. Les contrastes sont denses et tranchants, la clarté souvent aveuglante, le tout soutenu par une compression infaillible. Ce master de Léviathan tient toutes ses promesses et offre des conditions optimales au spectateur pour se replonger dans l’ambiance du film.

Certes ce n’est pas avec Léviathan que vous réaliserez une démonstration acoustique, mais tout de même ! On ne s’attendait pas à un mixage russe Dolby Digital 5.1 aussi percutant dans son rendu des dialogues et de la musique de Philip Glass dont certains pics donnent beaucoup de frissons. A ce moment-là, la spatialisation est ardente, le caisson de basses souligne la partition tandis que divers effets naturels (le fracas des vagues, le vent) savent plonger délicatement mais sûrement le spectateur dans l’ambiance du film grâce à un usage intelligent des enceintes latérales. Même chose pour les deux mixages Stéréo russe et français Stéréo, frontaux par définition, les plages de silence sont particulièrement limpides et la balance gauche-droite savamment équilibrée. Le changement de langue est impossible à la volée et les sous-titres français imposés sur la version originale. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Pyramide Distribution