L'Oranais (2014) : le test complet du DVD

Réalisé par Lyes Salem
Avec Lyes Salem, Khaled Benaïssa et Djemel Barek

Édité par Blaq Out

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Le 17/06/2015
Critique

Photo L'oranais

Djaffar, dit L’Oranais, aux côtés de son ami Hamid, s’est engagé dans la guerre pour l’indépendance de l’Algérie. Après l’euphorie engendrée par la libération, il va leur falloir trouver des réponses aux nombreuses questions que soulève l’émancipation du pays. Et les vues de Djaffar et de Hamid commencent vite à diverger…

Lyes Salem, entré comme acteur dans l’univers du cinéma, réalise en 2014 son second long métrage, L’Oranais (El Wahrani), après Mascarades (2008), une suite de saynètes comiques brocardant les petits travers de la société algérienne.

Bien que l’humour n’en soit pas absent, L’Oranais, avec une tonalité résolument dramatique, dirige, lui aussi, les projecteurs sur les problèmes de la société algérienne en 1986, l’époque à laquelle se situe l’essentiel de l’action, hormis quelques flashbacks.

Dans ce film d’auteur, Lyes Salem (il est aussi l’auteur du scénario et des dialogues et l’interprète de Djaffar, le personnage central) épingle les dérives du gouvernement du pays : bureaucratie, prévarication, népotisme, arrestations arbitraires, assassinat d’opposants. Il fustige l’un des fondements politiques, le parti unique que Hamid justifie avec une cynique rhétorique comme étant  » le seul outil de cohérence qui peut garantir l’unité du pays « .

L’Oranais, plus subtilement, tente d’analyser, avec humour, les liens complexes et difficiles à couper tissés entre la France et l’Algérie au cours d’une longue histoire commune. L’application de la loi ayant interdit l’usage du français, l’arabe classique devant devenir la langue administrative officielle, se heurte à un obstacle dans la scierie de Djaffar : d’abord, toutes les consignes de sécurité sont en français ; et puis, comment diable dit-on scie métallique en arabe classique, une langue que, de toutes façons, personne ne comprend ?

L’Oranais, en dépit de quelques longueurs, tire l’essentiel de sa force de l’acuité du regard porté sur le fonctionnement d’une société, sur ce qui reste de l’empreinte culturelle laissée par la colonisation (notamment l’usage du français que Lyes Salem voit comme  » un butin de guerre « ), plus que de l’écriture filmique, assez conventionnelle.

Assez caustique dans sa peinture d’un passé récent, cette coproduction franco-algérienne a néanmoins été cofinancée par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel et subventionnée par le Ministère algérien de la culture.

Photo L'oranais

Présentation - 3,5 / 5

Test effectué sur check disc. Le DVD, proposé sans un digipack (non fourni) avec l’affiche du film en couverture, s’ouvre sur menu fixe et musical qui offre le choix entre deux formats audio (5.1 ou stéréo). Dialogues en français et en arabe, avec sous-titres français imposés, mais bien placés, à cheval sur la bande noire. Sous-titres pour malentendants.

Bonus - 4,0 / 5

Interrogé par la scénariste Baya Kasmi, Lyes Salem nous livre en 23 minutes ses réflexions sur son film, commençant par le personnage de Bachir, l’enfant blond né du viol par un soldat français de la femme de Djaffar. Bachir, prisonnier de sa différence, s’enferme aussi dans son statut, comme le font certains français d’origine maghrébine de la deuxième ou troisième génération. Il est une sorte de témoin de l’histoire commune de l’Algérie et de la France. Lyes Salem dit également qu’en présentant les activités de type mafieux de certains protagonistes, il a voulu faire des variations sur le thème du film de Sergio Leone Il était une fois en Amérique. Il souligne aussi qu’à l’époque des faits relatés, la religion était beaucoup moins visible qu’aujourd’hui (la plupart des femmes apparaissent dans le film vêtues à l’européenne et cheveux au vent). La religion serait devenue, selon Lyes Salem, un outil pour conforter le pouvoir de ceux qui gouvernent le pays. Un peu brouillonne, cette intéressante discussion révèle l’indépendance d’esprit du réalisateur.

Suivent des scènes coupées (4’) et un documentaire sur le tournage (25’) surtout constitué de déclarations des acteurs, plus anecdotiques que l’entretien avec le réalisateur. Khaled Benaïssa, l’interprète de Hamid, souligne l’authenticité des dialogues dans un film  » qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas « .

Image - 3,5 / 5

L’image (2.35:1) aux couleurs chaudes, bien étalonnées, parfaite en lumière du jour, souffre d’insuffisants contrastes dans les séquences faiblement éclairées avec des noirs poreux qui ont tendance à se boucher.

Son - 4,0 / 5

Le son (au choix, Dolby Digital 5.1 ou 2.0), propre, restitue clairement les dialogues et finement l’accompagnement musical. Le format 5.1 assure une assez bonne immersion dans l’ambiance.

Photo L'oranais

Crédits images : © Jean-Claude Lother/Blaq Out

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 17 juin 2015
Le réalisateur porte un regard critique sur l’état de la société algérienne une quinzaine d’années après l’indépendance. Un constat sans concession, mais pas sans humour…

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L'Oranais
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