L'Epopée de l'Everest (1924) : le test complet du DVD

L’Everest, en tibétain Chomolungma, 8 848 mètres, identifié comme le plus haut sommet du monde au-dessus du niveau de la mer. En juin 1924, George Mallory et Andrew Irvine grimpèrent vers leur mort, disparaissant de la vue de leurs camarades d’expédition sur le versant Nord-Est de l’Everest. Une des plus grandes controverses de l’histoire de l’alpinisme était née : avaient-ils réussi à atteindre le sommet avant de mourir ? Membre de l’expédition, le réalisateur et explorateur aguerri John Noel était spécialement équipé de caméras et de téléobjectifs conçus pour filmer à des altitudes jamais atteintes. Le documentaire étonnant qu’il tira de ces prises de vues si chèrement obtenues est un vibrant hommage à l’ambition des deux alpinistes ainsi qu’à l’invaincue et majestueuse montagne. Mais au-delà du compte rendu de l’exploit de ses compatriotes, John Noel fit preuve d’un talent exceptionnel en filmant les Tibétains et le monastère de Rongbuk, nous délivrant des images d’une rare valeur ethnographique.

C’est un cadeau du ciel, un trésor national, un devoir de mémoire, un témoignage bouleversant et fascinant. Comme vous avez pu le lire dans l’introduction, L’Epopée de l’Everest est un témoignage bouleversant, fantastique, indispensable. Sans trucage, ce film réalisé par le Capitaine John Noël éblouit les yeux, ravit le coeur et l’esprit et marque immédiatement les mémoires, pour longtemps. La beauté incommensurable des images foudroie dès les premiers plans. Comme un film d’aventures, nous suivons le récit de cette expédition hors du commun d’explorateurs dans une terre lointaine, et de leurs audacieux efforts pour atteindre le toit du monde, sans oublier les premières étapes filmées dans quelques villages peuplés de tibétains chaleureux. On est ému de découvrir ces êtres humains en même temps que l’expédition accompagnée par leurs valeureux sherpas.

Ce défi s’incarne à l’écran, prend vie, les contrées jamais explorées par l’homme apparaissent à l’écran, les héros se dressent contre les éléments. Les teintes naturelles, ou parfois créées avec des filtres de couleur rose, rouge, bleue, verte, donnent parfois un aspect surréaliste voire littéralement fantastique, comme un film de Méliès. Il faut alors se pincer pour croire et se dire que les images que nous voyons sont bien réelles. N’oublions pas de mentionner la musique enivrante et aérienne, composée, orchestrée et dirigée pour la ressortie du film par le britannique Simon Fisher Turner.

Cette épopée se mue en véritable et poignante tragédie puisque les alpinistes Mallory et Irvine ont disparu alors qu’ils attaquaient l’ascension de l’arête Nord-Est, afin d’atteindre le sommet jusque-là invaincu de l’Everest. L’ont-il atteint ? Aujourd’hui, personne n’est en mesure de l’affirmer. Il faudra attendre 1999 pour que le corps congelé de George Mallory soit retrouvé à 8290 mètres d’altitude sur la face Nord de l’Everest. Depuis, plusieurs expéditions ont été formées afin de retrouver les deux appareils photo emmenés par l’alpiniste. Mais sans résultat.

Le DVD de L’Epopée de l’Everest : Le récit officiel de l’expédition Mallory et Irvine de 1924, édité par UFO Distribution, a concocté un très beau slim digipack au visuel très attractif. Le menu principal est fixe et musical.

Conservatrice des films muets au BFI, Bryony Dixon revient sur la résurrection de L’Epopée de l’Everest, dans une présentation du film du Capitaine John Noël (9’). La fille de ce dernier, Sandra Noël, apparaît également et évoque l’entreprise de son père.

Le module suivant est consacré à l’extraordinaire restauration du film (6’), à travers les témoignages des techniciens, on pourrait même dire artistes, qui ont redonné vie au film du Capitaine John Noël, avec un comparatif avant/après très impressionnant.

Glissé dans le digipack, nous trouvons un fac-similé de l’affiche originale de 1924, ainsi qu’un texte (en réalité des notes de production) au verso John Noël et l’épopée de l’Everest par Wade Davis.

Nous n’hésitons pas à mettre 4,5/5 en raison de la rareté des images, de la magnifique restauration HD 4K et de la beauté de copie. Ce trésor national a été restauré à partir des positifs en nitrate conservés aux archives Nationales du British Film Institute. Les intertitres ont été reconstitués et restaurés d’après le film original. Le N&B est lumineux, la clarté appréciable, le grain respecté, la stabilité de mise, les teintes originales respectées (rose, bleu, rouge, verte), l’étalonnage rééquilibré. Le master, à peine marqué par des points, dégradations, rayures et griffures, est proposé dans son format d’origine 1.33. La copie laisse pantois d’admiration et le film renaît littéralement devant nos yeux ébahis, 90 ans après les événements.

Encodée en Dolby Digital 5.1, la superbe composition de Simon Fisher Turner se révèle enivrante et marquée par de splendides envolées. Le spectateur est littéralement plongé dans ce spectacle acoustique qui convoque toutes les enceintes et le caisson de basses. L’écoute demeure fluide tout du long, délicate et fougueuse, grâce à la puissante restitution des instruments. Les cartons sont présentés en langue anglaise.

Crédits images : © UFO Distribution