Le Lion a des ailes (1939) : le test complet du DVD

Sur Terre, sur mer et dans les airs, l’Angleterre se prépare à combattre l’Allemagne nazie et à défendre sa liberté contre les armées d’Hitler. Alors qu’un officier de la Royal Air Force se prépare à partir sur le front, sa femme et son entourage participent également, chacun à leurs façons, à l’effort de guerre. Le lion britannique est prêt à rugir !

Le Lion a des ailes, The Lion Has Wings, est ni plus ni moins qu’un film de propagande. Réalisé par Adrian Brunel, Brian Desmond Hurst, Michael Powell et Alexander Korda (bien que non crédité), cette oeuvre commandée par Winston Churchill lui-même à son ami producteur Alexander Korda, dresse tout d’abord un parallèle entre une Grande-Bretagne paradisiaque (le système scolaire, les loisirs, les congés payés, des villages beaux comme la Comté de chez Tolkien) et une Allemagne infernale (tout le pays marche au pas) menée par le petit nerveux moustachu. Quelques séquences de fiction réalisées pour l’occasion s’incrustent au milieu d’images d’archives et d’actualités montrant la montée du nazisme et l’étendue du Troisième Reich en Europe, jusqu’à la déclaration de guerre en 1939 (déclencheur du film).

Docufiction, Le Lion a des ailes a été pensé, tourné, monté et sorti sur les écrans d’une soixantaine de pays en un mois (deux mois après l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne dans la Seconde Guerre Mondiale), dans le seul but de gonfler le moral des troupes britanniques et rassurer la population, quitte à exagérer la puissance de la Royal Air Force. On passe des usines de fabrication d’armes et de munitions, à l’appel (reconstitué) de soldats pour aller sur le front et participer à plusieurs raids aériens, également mis en scène.

Alors certes, Le Lion a des ailes n’y va pas avec le dos de la cuillère dans son tableau représentant un pays idyllique et le pays ennemi pandémoniaque qui rase et brûle tout sur son passage, mais ce film hybride au montage rapide (70 minutes) contient quelques séquences d’affrontements aériens fictionnels redoutablement mis en scène et cadrés par Michael Powell. Les cinéphiles jetteront un oeil sur cette curiosité.

La jaquette très attractive de ce nouveau titre de la collection Cinéma MasterClass est glissée dans un boîtier classique transparent, lui-même glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est animé et musical.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos, des credits et de liens internet, nous trouvons une présentation du Lion a des ailes par Jean-Pierre Dionnet (9’). Producteur, scénariste, journaliste, éditeur de bande dessinée et animateur de télévision, notre interlocuteur ne manque pas d’arguments pour replacer ce film de propagande dans son contexte. La genèse du projet (un accord entre Alexander Korda et Winston Churchill), les metteurs en scène, les directeurs de la photographie, le montage, tout ceci est abordé avec une passion contagieuse !

Il est toujours difficile de juger une image d’un docufiction. Les images d’archives sont diverses et variées, de qualité différente. Les flous ne sont pas rares, les poussières pullulent, ça tremble souvent. Les images tournées pour l’occasion (le raid, filmé par Michael Powell) sont évidemment les plus propres du lot avec un N&B plus harmonieux, mais la gestion du grain demeure aléatoire. Mais finalement qu’importent les griffures, les points, les scratchs, car Le Lion a des ailes est un film rare et le découvrir dans ces conditions techniques renforce sa valeur historique.

Une piste anglaise unique Dolby Digital Mono 2.0. La voix-off et les quelques dialogues s’accompagnent d’un souffle chronique, quelques chuintements et craquements. C’est heureusement suffisant, mais il ne faut pas être trop exigeant.

Crédits images : © Elephant Films