Réalisé par John Boorman
Avec
Callum Turner, Caleb Landry Jones et Pat Shortt
Édité par France.TV Distribution
Angleterre, 1952. Au moment où Bill Rohan, 18 ans, s’est enfin décidé à interpeler la jolie fille qui passe tous les matins à vélo sur les bords de la Tamise, arrive sa convocation pour le service militaire. Dans le camp, il se lie d’amitié avec Percy, un autre appelé…
Bill Rohan, c’est John Boorman. Et Queen and Country est la suite de La Guerre à 7 ans (Hope and Glory), un carnet de ses souvenirs d’enfance pendant la seconde guerre mondiale. Une dizaine d’années ont passé quand nous retrouvons Bill dans le petit paradis de Pharaoh’s Island à Shepperton, sur les bords de la Tamise.
Queen and Country ne démérite pas auprès de La Guerre à 7 ans, récompensé par un Golden Globe et une moisson de BAFTA Awards. Irrévérencieux, ce second volet égratigne avec humour, sans méchanceté, les valeurs traditionnelles du Royaume Uni qui allaient être bousculées en ces années d’après-guerre, notamment dans l’armée, par l’indépendance de l’Inde, concédée en 1947. Le service militaire, alors de deux ans, allait graduellement être supprimé à partir de 1957.
Filmé par une caméra déliée, sans afféteries, Queen and Country dévoile, au-delà de la première impression qu’il donne, celle d’une comédie aigre-douce, parfois burlesque, certaines situations dramatiques, comme celle du sergent major Bradley, mal remis des traumatismes de la guerre, qui ne tient plus que grâce à l’observance stricte des règles du code militaire qu’il connaît sur le bout des doigts.
De brillants dialogues sont apportés en cadeau à une solide distribution. Callum Turner, vu récemment dans Glue (une minisérie originale et réussie sortie au début de l’année sur DVD en Grande-Bretagne) et Caleb Landry Jones incarnent avec fougue et naturel Bill et Percy. Chez les adultes, on remarque David Thewlis, touchant dans le rôle de Bradley, Brían F. O’Byrne dans son interprétation d’un sous-officier rigide et sadique et, surtout, Richard E. Grant dans la peau du major Cross, l’officier au regard distant.
Queen and Country, bien rythmé, se regarde sans qu’on voie le temps passer. Il devrait donner l’envie, à ceux qui ne connaîtraient pas bien le cinéma éclectique de John Boorman, de découvrir certains de ses grands films : Delivrance (1972), Zardoz (1974), Excalibur (1981), La Forêt d’émeraude (1985), Duel dans le Pacifique (1968), Rangoon (1994), Le Général (1998)… tous édités sur disque optique.
Test effectué sur check-disc. Le DVD est présenté dans un keep case sous une jaquette au graphisme désuet qui rappelle bien les années 50. Le menu animé et musical offre le choix entre version originale (avec sous-titres français, imposés mais suffisamment discrets) et un doublage en français. Retour au menu pour changer de langue. Sous-titres pour malentendants.
En complément, outre une bande annonce, Dans les coulisses du tournage (VOST, 24’). John Boorman nous confie que les images du film ont maintenant remplacé celles du souvenir des deux ans passés sous les drapeaux. On y apprend le soin pris dans la reconstitution minutieuse des uniformes et des baraquements du camp installé… en Roumanie ! Plutôt intéressant, ce documentaire aurait toutefois gagné à être élagué de quelques passages à visées promotionnelles.
L’image (1.85:1) bénéficie d’une excellente résolution, d’une texture agréable, de couleurs chaudes soigneusement étalonnées, de contrastes fermes dans toutes les conditions d’éclairage.
Le son (Dolby Digital 5.1 pour les deux versions) assure, pour la version originale, un bon équilibre entre dialogues, ambiance et accompagnement musical ; ce que réussit moins le doublage en français en plaçant, comme trop souvent, les dialogues beaucoup trop en avant.
Crédits images : © France Télévisions Distribution