Réalisé par Allan Dwan
Avec
Ray Milland, Anthony Quinn et Debra Paget
Édité par Sidonis Calysta
Ben Cameron vit dans un ranch délabré près de New Mexico, avec sa femme Margaret en liberté conditionnelle. Le passé de la jeune femme refait surface lorsque Nardo Denning, son ancien amant, offre une importante somme d’argent à Ben pour qu’il le guide jusqu’à la frontière mexicaine. Possesseur d’une valise contenant un butin dérobé, Nardo aimerait bien que Margaret recommence une nouvelle vie avec lui, ce qui ne manque pas de la tenter. Conscient des dangers d’un voyage avec un assassin doublé d’un rival, Ben attend son heure pour maîtriser la situation.
Bien que méconnu dans nos contrées, le cinéaste américain Allan Dwan (1885-1981) demeure le metteur en scène le plus prolifique de l’histoire du cinéma avec plus de 400 films officiellement réalisés, plus du double selon la légende, ayant principalement connu la gloire au temps du cinéma muet. Touche-à-tout, Allan Dwan mettait son talent au service de scénarios parfois anecdotiques, souvent banals, parvenant à transcender l’insignifiance de certaines histoires via une technique irréprochable, une direction d’acteurs exemplaire ainsi qu’une large place laissée aux personnages féminins de premier plan, tout en respectant le budget modeste qui lui était alloué.
Le Bord de la rivière (1957), The River’s Edge, adaptation du roman The Highest Mountain écrit par Harold Jacob Smith, est l’un des derniers films de ce merveilleux artisan touche-à-tout du cinéma hollywoodien. Et c’est superbe. La mise en scène de cette fable morale est d’une élégance folle, le cadre chiadé, la photo du chef opérateur Harold Lipstein est un régal pour les mirettes tout comme la musique de Louis Forbes (Quatre étranges cavaliers, Deux rouquines dans la bagarre) enchante les oreilles, le rythme est enlevé et les décors magnifiques. Ajoutez à cela un casting trois étoiles composé des formidables Ray Milland (Le Crime était presque parfait), Anthony Quinn et la superbe Debra Paget (La Flèche brisée) dans le rôle de la femme fatale rousse incendiaire et sexy en diable, qui composent un triangle amoureux ambigu à souhait, pathétique, attachant, et vous obtenez un merveilleux classique, curieux et épatant mélange de mélodrame, de film d’aventures, de film noir et de romance, totalement et injustement oublié, d’autant plus que le film n’est jamais sorti en France.
Il est temps de le réhabiliter, de le découvrir puis de le faire connaître à tous les amoureux du cinéma.
Le test du DVD du Bord de la rivière, édité chez Sidonis, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé sur la composition de Louis Forbes, et estampillé « 10e anniversaire Sidonis ». Tous nos voeux !
C’est un rendez-vous incontournable et c’est aussi un immense plaisir de retrouver Patrick Brion (12’), François Guérif (15’) et Yves Boisset (16’) parler du cinéma qu’ils aiment avec une passion contagieuse. Les propos de ces trois intervenants parviennent à se compléter sans être redondants, ou très peu. Ainsi, chacun replace le film d’Allan Dwan dans son contexte, évoque la carrière prolifique du réalisateur, le casting, les partis pris, les thèmes abordés. Patrick Brion conseille de visionner Le Bord de la rivière en N&B afin de se plonger complètement dans une ambiance de film noir et défend admirablement cette oeuvre, tout comme François Guérif qui le qualifie de perle noire. Yves Boisset est un peu plus modéré et rappelle également que le film n’est pas sorti en France.
La bande-annonce et une galerie de photos sont également disponibles.
Le catalogue de Sidonis s’enrichit avec l’édition du Bord de la rivière et se voit affublé d’un très beau master 2.35 restauré. La photo et les partis-pris esthétiques originaux sont superbement conservés, les contrastes certes un peu légers et les fondus enchaînés décrochent sensiblement, mais le générique affiche d’emblée une stabilité bienvenue, la définition ne déçoit jamais, les poussières n’ont pas survécu au lifting numérique (à part quelques points), les scènes sombres et nocturnes (aux noirs solides) sont logées à la même enseigne que les séquences diurnes, la profondeur de champ est appréciable, le grain cinéma est conservé sans lissage excessif, et le piqué demeure agréable tout du long.
L’éditeur nous propose seulement la version originale anglaise du Bord de la rivière. Certes le film n’avait pas été distribué en France, mais l’avait bien été en Belgique. Heureusement, le mixage s’avère propre, dynamique, et restitue solidement les voix, fluides, sans souffle. Seul un petit écho peut parfois se faire ressentir, mais rien de bien méchant. Le confort acoustique est largement assuré. Les sous-titres français sont imposés.
Crédits images : © Sidonis