Femmes & filles (1999) : le test complet du DVD

Veuf depuis de nombreuses années, le docteur Gibson décide de se remarier avec Clare Kirkpatrick, veuve elle aussi. Molly Gibson, la fille du docteur, bouleversée par cette décision, accueille cependant comme une amie Cynthia, la fille de sa belle-mère. Molly, traitée comme sa fille par le squire Hamley, découvre que Cynthia a séduit Roger Hamley qu’elle aime sans l’avoir laissé paraître. L’autre fils, Osborne Hamley, cache un secret.

Femmes et filles (Wives & Daughters) est l’adaptation, sous forme de minisérie, du roman éponyme de l’écrivain victorien Elizabeth Gaskell (1810-1865), restée dans l’ombre de trois de ses illustres contemporains, Charles Dickens, Charlotte Brontë et George Eliot. Comme l’avait fait Jane Austen, quelques décennies plus tôt, Elizabeth Gaskell met au premier plan des femmes au caractère bien trempé.

La romancière s’est toujours attachée à entraîner ses lecteurs dans des milieux très divers. Elle situe son premier roman, Mary Barton, dans les taudis de Manchester. Femmes et filles, dans le cadre du village anglais fictif de Hollingford, s’intéresse à trois classes d’individus, la famille du médecin, des bourgeois, et à deux familles de la noblesse, l’une désargentée (land rich and cash poor), celle des Hamley, et celle des Cunmor, installée à l’abri du besoin dans une immense demeure.

Qu’Elizabeth Gaskell soit assez méconnue dans son pays n’a pas empêché que trois de ses romans, sortes de prototypes des soap operas, suscitent des adaptations pour le petit écran, à commencer par Nord et Sud, en 1966, sur les duretés de la révolution industrielle, puis Cranford, en 1975, son oeuvre la plus connue, sur la vie d’une petite ville du Cheshire, dont le succès aboutit, en 2007, à un ambitieux remake, la série Cranford - L’intégrale de la série, avec Judi Dench en tête d’affiche.

Femmes et filles avait été précédemment adapté sous forme de série en 1971, jamais éditée sur DVD, d’une durée de 300 minutes, équivalente à celle du remake qui nous intéresse aujourd’hui, réalisé en 1999.

Femmes et filles a de nombreux atouts. Au premier chef, la qualité du scénario et des dialogues, l’oeuvre d’Andrew Davies, l’un des meilleurs scénaristes britanniques, créateur et/ou scénariste de remarquables séries : Orgueil & préjugés - Intégrale (Pride and Prejudice, version 1995), Northanger Abbey et Fanny Hill (2007), Raison et sentiments (Sense & Sensibility) et La Petite Dorrit en 2008 et Mr Selfridge (2013-2014).

La réalisation très soignée des quatre épisodes de 75 minutes, confiée au seul Nicholas Renton, gage d’unité, le choix des lieux de tournage, l’importance des moyens alloués par la production pour le casting (une douzaine d’acteurs et de nombreux figurants), pour les décors, pour le mobilier, pour les costumes et accessoires, la beauté de la photo, font de Femmes et filles une série exceptionnelle à placer au niveau des meilleures productions de la BBC.

La grâce naturelle de Justine Waddell (The Fall), dans le rôle de Molly Gibson, et le charme resplendissant de Keeley Hawes (Tipping the Velvet) ajoutent encore à notre plaisir.

Femmes et filles, une brillante série de la BBC tournée en 1999, nous arrive enfin grâce à Koba Films. Les quatre épisodes de 75 minutes tiennent sur deux DVD-9. Le menu animé et musical ne propose que la seule version originale (Dolby Digital 2.0), avec sous-titres imposés.

En supplément, un documentaire sur Elizabeth Gaskell (26’) dans lequel interviennent des écrivains, les auteurs de la série et des acteurs qui passent trop rapidement en revue son oeuvre. Tous s’emploient à dire qu’Elizabeth Gaskell mérite d’être reconnue comme l’un des meilleurs auteurs de la littérature victorienne, au moins au niveau de George Eliot. En toile de fond, le tournage de plusieurs scènes permet de vérifier le soin consacré à la réalisation.

Un espace découverte BBC propose un extrait de plusieurs séries : Nord et Sud, La Petite Dorrit, et trois autres, testées à leur sortie, Jane Eyre (2006), De grandes espérances et Parade’s End.

L’image (1.78:1), d’une impeccable propreté, agréablement contrastée, étale une délicate palette de couleurs légèrement insaturées, avec une grande profondeur de champ qui révèle tous les détails des paysages et des intérieurs.

Le son (Dolby Digital 2.0 stéréo) est, lui aussi, très propre et d’une grande finesse. Il assure un bon équilibre entre l’ambiance, l’accompagnement musical, très classique, et les dialogues, clairs et parfaitement articulés. La séparation des deux voies aurait pu être plus marquée.

Crédits images : © BBC