Dior et moi (2014) : le test complet du DVD

Édition Collector

Réalisé par Frédéric Tcheng
Avec Raf Simons, Jennifer Lawrence et Marion Cotillard

Édité par Dissidenz Films

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Le 24/11/2015
Critique

Dior et moi

La maison Dior, pour protéger son image, a dû licencier son directeur artistique, John Galliano, dont les écarts de comportement ont défrayé la chronique en 2001. Son remplaçant, le Belge Raf Simons, entre chez Dior en avril 2012 avec un défi à relever : il ne lui reste pas plus de huit semaines pour préparer la collection de haute couture automne-hiver 2012-2013. Le réalisateur Frédéric Tcheng obtient l’autorisation de filmer cette aventure.

Dior et moi, le titre de cet excellent documentaire, est tiré des mémoires de Christian Dior qui se disait intrigué par « ce frère siamois qui me précède partout depuis que je suis devenu Christian Dior ».

Les films sur les créateurs de la haute couture ont plusieurs fois inspiré le cinéma ces derniers temps. Sont sortis en 2009 Coco avant Chanel d’Anne Fontaine et Coco Chanel & Igor Stravinsky de Jan Kounen. Puis, en 2014, Saint Laurent de Bertrand Bonello et Yves Saint Laurent de Jalil Lespert. Tous ces films, focalisés sur la vie privée de ces grandes figures de la haute couture, s’intéressaient assez peu à leurs activités de créateur.

Avec Dior et moi, présenté dans une quinzaine de festivals en 2014, distribué internationalement et sorti dans les salles françaises en juillet 2015, Frédéric Tcheng choisit une approche toute différente : montrer l’arrivée du nouveau directeur artistique, un homme d’une discrétion contrastant avec l’exhibitionnisme de son prédécesseur, sa rencontre avec les ateliers, montrer comment naissent les idées directrices d’une collection et comment les croquis deviennent des robes, sous les doigts des premières et des petites mains.

Le directeur artistique doit, bien entendu, créer de nouveaux modèles. Mais ses créations doivent aussi refléter le style, les codes, qui ont fait la renommée de la maison. Pour cela, il doit s’acquitter d’une autre mission : gagner la confiance des ateliers, dépositaires de la tradition. Ce que Dior et moi réussit à montrer par une suite de scènes filmées intimement par une caméra qui semble, dans le feu de l’action, s’être fait complètement oublier.

Dior et moi se termine par la présentation de la collection le 2 juillet 2012 dans les salons d’un hôtel particulier aux murs tapissés d’un million de fleurs fraîches ! Moment intense du film : quelques minutes de défilé suffiront pour sanctionner l’énorme somme de travail investie pendant les huit semaines écoulées et régler le sort du nouveau directeur artistique. L’émotion, jusque-là contenue, prend l’avantage : les sanglots de Raf Simons n’échappent pas à la caméra.

Une plongée au coeur d’un des fleurons du luxe en France qui devrait fasciner même celles et ceux qui ne s’intéressent pas à la mode.

Raf Simons vient d’annoncer, le 22 octobre, qu’il avait décidé de quitter Dior. Peut-être pour créer sa propre marque ?

Dior et moi

Présentation - 4,5 / 5

Dior et moi propose, dans un sobre digipack gris (une des couleurs préférées de Christian Dior), glissé dans un étui rouge, deux DVD-9, le premier contenant le film de 86 minutes et deux bonus, le second plus de 2h30 de suppléments. Une menu animé et musical propose le film en français, avec deux formats audio : Dolby Digital 5.1 ou 2.0.

Sous-titres français, anglais et néerlandais.

Dior et moi vient s’ajouter au catalogue de l’éditeur indépendant Dissidenz Films surtout composé de documentaires, mais aussi de fictions asiatiques, parmi lesquelles on remarque Une vie simple (2011), d’Ann Hui (The Way We Are) et Les Larmes de madame Wang, réalisé en 2002 par le chinois Liu Bingjian.

Bonus - 5,0 / 5

Sur le disque du film, un entretien avec Frédéric Tcheng (9’) qui explique son approche du sujet : mettre au premier plan les relations entre Raf Simons et les collaboratrices des deux ateliers, tailleur et flou, et l’importance de leur travail : donnez le même croquis à 40 ouvrières, vous aurez 40 robes différentes. Suit, À propos de Christian Dior (9’), avec un court panorama de sa vie : la naissance à Granville en 1905, l’enfance à la maison du Roc au bord de la falaise, la montée de la famille à Paris en 1910, puis la rencontre avec Jean Cocteau, le peintre Christian Bérard et d’autres artistes, l’ouverture d’une galerie d’art qui devra fermer, les premiers dessins de mode pour Le Figaro illustré, la rencontre décisive avec Marcel Boussac qui l’aide financièrement à créer sa maison au 30 avenue Montaigne, la première collection de haute couture du 12 février 1947 qui allait être nommée « new look » après que Carmel Snow, la rédactrice en chef de Harper’s Bazaar, lui ait écrit : « Your dresses are wonderful, they have such a new look! ». Pour finir, toujours sur le disque 1, la bande annonce française et la bande annonce internationale.

Sur le deuxième disque, plus de 2h30 de suppléments :

Un second entretien avec Frédéric Tcheng (22’) dans lequel il nous dit que c’est la fiction qui l’a attiré au cinéma. Mais, après sa collaboration, comme cameraman et monteur, au film Valentino: The Last Emperor, un documentaire de 2009 sur le fameux styliste italien, il s’est intéressé à Raf Simons qui, malgré ses réticences à se montrer en public, lui a donné son accord pour le tournage de Dior et moi. Un document intéressant, malgré une prise de son défaillante : la bonnette anti-vent avait été oubliée !

Christian Dior, le couturier et son double (51’), réalisé par Philippe Lafranchi en 2005, explore la personnalité et la vie du couturier avec des extraits de ses mémoires lus par Jacques Gamblin et du journal inédit de Suzanne Luling, amie d’enfance de Christian Dior et directrice des ventes de la maison, lus par Fanny Ardant. Ces lectures sont complétées par des archives filmées, les témoignages de ceux qui ont travaillé avec Christian Dior, Jean-Louis Scherrer, Pierre Cardin, le brodeur François Lesage… Christian Dior meurt en 1957, à 52 ans, dix ans après l’ouverture de sa maison. Un jeune talent de 21 ans le remplacera : Yves Saint Laurent.

La révolution du New Look par Florence Muller (8’) présente avec clarté les caractéristiques du style Dior visant à mettre en valeur la féminité de ses clientes. Dior voulait trancher avec les tendances de cet immédiat après-guerre : alors que le tissu était encore rationné, il en fallait vingt mètres pour une robe Christian Dior contre trois pour une robe ordinaire ! Ce qui, pour le couturier, était justifié par la nécessité d’une reconstruction, d’un retour vers l’abondance.

Dior et moi

Extrait des archives de l’INA, L’école des mannequins (8’), diffusé le 4 mars 1956 dans le cadre d’une série d’émissions « En direct » de Jean-Claude Bringuier, souligne les vicissitudes de ce métier qui employait alors un millier de jeunes femmes à Paris. Suit un court extrait du JT de France 3 du 4 mars 2011 (1’) annonçant la mise à pied de John Galliano.

Les biopics de la mode (36’). Dans cet extrait de l’émission radiophonique de France Culture « La grande table d’été », programmée le 27 juillet 2015 à l’occasion de la sortie du film en salles, Frédéric Tcheng rappelle qu’il a été attiré par le secret qui entoure la haute couture et qu’il a voulu diriger la caméra vers le travail des équipes de Dior. Les citations des mémoires du fondateur viseraient-elles à accréditer certaines rumeurs sur la présence de son « fantôme » dans les couloirs du 30 avenue Montaigne ?

L’économie de la haute couture (41’) réunit Franck Delpal et Sophie Chapdelaine, deux universitaires spécialisés dans l’histoire et l’économie de la haute couture, pour un débat animé par Emmanuelle Polle. La haute couture est née à Paris, au second empire, sous l’impulsion d’un tailleur anglais, Charles Frederick Worth. Aujourd’hui, si la haute couture n’est plus directement rentable, elle ne pèse que pour 1% dans le chiffre d’affaires des maisons. Elles tirent leurs revenus des autres produits : accessoires (surtout de maroquinerie), cosmétiques et parfums, joaillerie, prêt à porter et franchise (autorisation d’utiliser le nom pour divers produits de luxe). L’appellation « haute couture » est protégée en France : elle n’est accordée, sous de strictes conditions, que par la Chambre syndicale de la haute couture.

Image - 5,0 / 5

L’image (1.85:1) est lumineuse, avec une définition et un traitement des couleurs qui permettent d’apprécier texture et nuances des matières utilisées dans la fabrication des robes. Dans les ateliers, le blanc domine, jusqu’à l’explosion des couleurs pendant le défilé final.

Son - 5,0 / 5

Le son (Dolby Digital 5.1 ou 2.0, au choix) est propre, avec un équilibre satisfaisant entre l’accompagnement musical et les dialogues en français et en anglais (avec sous-titres français optionnels), toujours très clairs.

Dior et moi

Crédits images : © CIM Productions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 24 novembre 2015
Dior et moi saisit l’opportunité de l’arrivée de Raf Simons, le nouveau directeur artistique de la célèbre maison de haute couture, pour nous faire entrer dans les ateliers et assister, jour après jour, à la création d’une nouvelle collection. Un modèle de documentaire avec des bonus à la hauteur !

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