Defamation (2009) : le test complet du DVD

Hashmatsa

Réalisé par Yoav Shamir
Avec Uri Avneri, Yaakov Bleich et Gianfranco Fini

Édité par Les Mutins de Pangée

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Le 24/05/2016
Critique

Defamation

Yoav Shamir, documentariste israélien, braque sa caméra sur les Juifs américains, plus particulièrement sur une association, Anti-Defamation League, ADL, une puissante organisation luttant contre l’antisémitisme, avec un budget annuel de 70 millions de dollars, très active aux USA et sur la scène internationale.

Defamation est le quatrième documentaire réalisé par Yoav Shamir qui avait, jusqu’ici, concentré tous ses films sur les activités militaires d’Israël : Checkpoint (2003), primé à Amsterdam, Barcelone, San Francisco et au Canada, sur les postes de contrôle israéliens en territoire palestinien. 5 Days (2006), sur l’évacuation de 8.000 colons israéliens de la bande de Gaza. Flipping Out (2008) sur le retour, parfois difficile, des jeunes Israéliens à la vie civile après leur service militaire.

Avec Defamation, tourné en 2009, Yoav Shamir s’intéresse tout particulièrement à l’ADL et à son chef, Abe Foxman, descendant de victimes des camps de concentration. Il cherche à démontrer que l’antisémitisme sévit toujours aux USA et prétend avoir recensé 1.500  » agressions  » en 2008, l’année précédant le tournage. Il convient donc de poursuivre une lutte active contre ce fléau qui menace tous les Juifs, aux USA et dans les autres pays qu’Abe Foxman visite régulièrement à la tête d’une délégation de l’ADL.

Certes les tensions entre communautés existent, comme le montre une discussion saisie sur un trottoir de Crown Heights, un quartier de New York où cohabitent afro-américains et juifs. Mais plusieurs voix avisées s’élèvent pour affirmer que les actes antisémites sont exceptionnels et qu’il est abusif de prétendre qu’ils puissent encore être perçus comme une réelle menace. C’est ce que soutiennent, dans la communauté juive, des opposants à l’ADL, notamment John Mearsheimer et Stephen Walt, auteurs du livre Le Lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine. Et aussi le professeur Norman Finkelstein, auteur de L’Industrie de l’holocauste. Ceux-là reprochent à l’ADL d’assimiler toute critique de l’état d’Israël à de l’antisémitisme, alors que l’honnêteté doit conduire à distinguer antisionisme et antisémitisme.

Les opposants stigmatisent également la persistance de l’ADL à raviver les horreurs de la shoah (notamment en organisant des pèlerinages de lycéens à Auschwitz et Majdanek) pour tenter de justifier que les souffrances qu’Israël peut infliger aux Palestiniens ne sont pas grand-chose en regard de celles infligées aux Juifs pendant la guerre.

Ses prises de position ont coûté à Norman Finkelstein son poste à l’université de Chicago. Il clame haut et fort que la meilleure chose qu’il puisse arriver à Israël serait de se débarrasser de l’influence des Juifs américains.

Defamation, primé à Londres, Madrid, Florence et Tel Aviv, a le mérite d’exposer tous les points de vue sur le sujet : les partisans de l’ADL s’y expriment autant que ses opposants. Ce n’est pas un réquisitoire, mais un réel documentaire d’investigation qui laisse chacun libre de forger son opinion.

Le réalisateur ne cache toutefois pas son point de vue quand il propose, en conclusion :  » Il est peut-être temps de vivre le présent et de regarder vers l’avenir.  » 


Defamation

Édition - 8 / 10

Le film de 91 minutes tient sur un DVD-9 logé dans un digipack de 6 mm. Un beau menu animé et musical en camaïeu de bleu avec, en son centre, une étoile de David qui pleure propose le film dans sa version originale, en anglais et en hébreu, avec sous-titres français incrustés dans l’image et placés un peu trop haut.

En supplément, un entretien exclusif de 9 minutes avec Michèle Sibony, vice-présidente de L’Union juive française pour la paix. Elle rappelle que le partage de la Palestine et la création de l’état d’Israël, au lendemain de la guerre, ont été favorisés par le sentiment de culpabilité des nations occidentales et de l’URSS qui ont connu l’existence de la solution finale sans y mettre fin aussitôt. Elle garde le souvenir d’un danger permanent insufflé pendant son séjour d’étudiante en Israël, de l’interdiction faite aux étudiants en voyage en Pologne de quitter leur chambre  » parce qu’on ne vous aime pas « . Pour elle, on fabrique des  » survivants  » à qui tout est permis pour résister à une menace permanente. Elle ne souhaite pas qu’on oublie la shoah,  » mais qu’on arrête de manipuler l’histoire au soutien d’une mauvaise cause.  »

Suivent les bandes-annonces de cinq autres titres édités par Les Mutins de Pangée, dont The Lab, également testé par DVDFR.

L’image (1.78:1) est bien définie, stable, avec des couleurs étalonnées avec soin.

Le son Dolby Digital 2.0 stéréo (pas de format 5.1, pourtant indiqué au verso du digipack) est propre et restitue clairement les dialogues.

Defamation

Crédits images : © Les Mutins de Pangée

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 25 mai 2016
Defamation, un documentaire israélien, s’attaque à… l’antisémitisme ! Certains aux USA continuent, en effet, de prétendre qu’il est toujours aussi vivace, voire qu’il se renforce, alors qu’il est en nette régression. Et pas sans de fructueuses retombées : L’ADL, fer de lance de ce courant d’opinion, est devenu un puissant groupe de pression et aussi un business florissant. Édifiant !

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