L'Ennemi de la classe (2013) : le test complet du DVD

Le jour de son départ en congé maternité, la prof’ principale présente aux élèves d’une classe de terminale son remplaçant, Robert Zupan, prof’ d’allemand. Elle maternait ses élèves auxquels elle tentait de projeter l’image d’une camarade. Lui croit aux vertus de la discipline et d’une éducation exigeante. La classe lui réserve un accueil froid qui se transforme en hostilité, puis en rébellion, après le suicide de Sabina, dont il est tenu pour responsable.

L’Ennemi de la classe, le premier long métrage du Slovène Rok Bicek, réalisé en 2013 et sorti dans les salles françaises au printemps 2015, révèle quelques faiblesses : une réalisation assez conventionnelle et quelques baisses de tension dans le récit.

Ce huis clos (toute l’action se passe à l’intérieur des murs d’un lycée) soulève au moins deux questions importantes : l’éducation doit-elle être stricte, exigeante ou, à l’inverse, permissive, voire laxiste ? Faut-il pour expliquer un suicide, systématiquement engager la responsabilité d’un tiers ou considérer cet acte comme la conséquence d’un choix personnel ?

L’Ennemi de la classe a le mérite de ne pas chercher à donner une réponse univoque à ces questions, ce que certains lui ont pourtant reproché. Son intérêt est de souligner que la complexité du sujet s’accommode mal d’une réponse simpliste. Sabina a-t-elle été poussée au suicide par les exigences du nouveau professeur ou par des raisons familiales ? Seul le spectateur pourra tenter de répondre à ces questions, le film ne levant pas les doutes.

Une autre qualité de L’Ennemi de la classe, écrit, réalisé et monté par Rok Bicek, tient au naturel des jeunes acteurs pour leur première apparition devant une caméra. On a aussi beaucoup apprécié la sobre prestation d’Igor Samobor, une star en Slovénie, nous dit-on, dans le rôle du professeur d’allemand.

Ce premier film humaniste a remporté 18 prix en Europe.

Le film de 107 minutes tient sur un DVD-9 logé dans un keep case de 14 mm. Le menu animé et musical ne propose le film qu’en version originale, en slovène et en allemand, avec sous-titres imposés.

Deux courts métrages de Rok Bicek, pour commencer :

A Day in Venice (Dan v Benetkah, 2009, 20’), un coup d’oeil furtif sur un couple. Lui tient une station-service. Elle prépare une excursion à Venise. Leur fils trisomique subit les moqueries des autres enfants…

La Chasse aux canards (Lov na race, 2010) : deux fils attendent dans leur voiture la sortie de leur père d’une prison où il a purgé une peine de dix ans. Mais, sur la route du retour à la maison, la voiture emprunte un chemin de terre…

Le Prix Lux 2014 (5’), décerné par le Parlement européen a été attribué à L’Ennemi de la classe, qui fut présenté au Festival du Film d’Arras avec les deux autres finalistes, Ida, réalisé en 2013 par le Polonais Pawel Pawlikowski, un remarquable film sur une jeune femme partie, avant d’entrer au couvent, sur les traces effacées de ses parents juifs. Et Bande de filles, réalisé par Céline Sciamma en 2014.



L’image (2.35:1) bénéficie d’un bon piqué. Elle a été délibérément surexposée, avec couleurs froides et légèrement désaturées. Ce parti pris pour l’austérité est cohérent avec le regard distant, un peu froid, porté par le réalisateur sur le sujet traité.

Le son ne fait qu’un appel très discret aux possibilités du format Dolby Digital 5.1. Hormis quelques scènes dans le gymnase ou les couloirs du lycée, seules les voies avant sont sollicitées, même par l’accompagnement musical. Ce qui n’est pas vraiment gênant dans un film où les dialogues, clairement restitués, sont primordiaux.

Crédits images : © Triglav Film