Baron Noir - Saison 1 (2015) : le test complet du DVD

Philippe Rickwaert, député-maire PS de Dunkerque, a toujours soutenu son ami Francis Laugier, candidat de la gauche à l’élection présidentielle. Entre les deux tours, Philippe Rickwaert apprend que la police s’apprête à perquisitionner le siège de l’office HLM de Dunkerque, soupçonné d’avoir participé frauduleusement au financement de la campagne. Se sentant menacé, Francis Laugier n’hésite pas à sacrifier Philippe Rickwaert, qui cherche l’appui d’Amélie Dorandeu, proche conseillère du candidat de la gauche.

Baron noir est une création de Jean-Baptiste Delafon et d’Éric Benzekri, ce dernier connaissant les dessous de la politique pour avoir appartenu au bureau de l’UNEF avant de rejoindre la « Gauche socialiste » créée par Jean-Luc Mélenchon et Julien Dray, puis de quitter la politique pour participer, aux côtés de son ami Jean-Baptiste Delafon, en 2010, à l’écriture de la série Maison close et, en 2013, du scénario du film 16 ans ou presque, réalisé par Tristan Séguéla. Il a, également, coécrit les 24 épisodes de la série Lascars (2012-2014). L’expérience de scénariste de Jean-Baptiste Delafon remonte à 2001 avec, notamment, une contribution active à Julie Lescaut et P.J.

La réalisation de Baron noir a été confiée à Ziad Doueiri (LILA DIT ça, 2004, L’Attentat, 2012) qui filme avec une caméra assez mobile une série dans laquelle les dialogues laissent assez peu de place à l’action.

En politique, la haine vaut mieux que les diplômes

Cette réplique de Francis Laugier est symptomatique du cynisme de la série… et de son réalisme ! On y voit que la lutte pour le pouvoir au sein du PS justifie tous les moyens, jusqu’aux plus inavouables : manipulations, mensonges, diffamations, chausse-trappes, peaux de bananes, chantage, trahisons, subornation de témoins, destruction de pièces à conviction… tous les coups bas sont permis, toutes les infractions à la loi, ou presque. Ce qui aurait fait dire à François Hollande, selon Le Parisien, « La série n’est pas mal faite mais caricaturale. Le président Arestrup, je n’aimerais pas lui ressembler. Cela ne donne pas forcément une bonne image de la politique. »

D’autres sont plus tolérants, notamment Éric Benzekri qui, dans le supplément, voit en Philippe Rickwaert « un homme courageux, engagé, avec de petites failles ». Mazette ! À la louche, il en fait assez, en huit épisodes, pour risquer de passer quelques décennies à l’ombre.

Malheureusement, même si, pour soutenir la tension dramatique, la fiction dépasse souvent la réalité, on est obligé d’admettre que tout ce qui se passe dans Baron noir pourrait bien s’être déjà passé dans la réalité politique.

La série s’ancre bien dans le présent par de nombreuses références à l’actualité, par exemple quand il est question de quotas pour la répartition des réfugiés dans les pays membres de la communauté européenne. Impossible, pourtant, d’y trouver des clefs permettant de savoir quel homme politique actuel se cache derrière tel ou tel personnage.

Trois personnages typés

Le personnage central est Philippe Rickwaert, un ouvrier qui a réussi, à force de motivation, d’entêtement, de charisme, et aussi de flexibilité morale, une belle ascension sociale. Kad Merad montre ici qu’il sait être crédible dans un emploi « sérieux ».

Nils Arestrup confirme son talent par une interprétation sobre, mais bigrement efficace, du président Laugier, un vieux routard de la politique, calculateur, froid comme un serpent, n’hésitant pas un instant à porter le coup de grâce à un ami pour sauver sa peau ou, même, pour ne pas risquer de compromettre le succès d’une initiative.

C’est Anna Mouglalis qui prête sa voix grave au troisième personnage, Amélie Dorandeu, énarque issue de la bourgeoisie aisée. Faussement fragile, apparemment plus respectueuse de la morale que ses deux collègues, elle montre une réelle capacité d’adaptation à la navigation en eaux troubles.

Une série politique réussie

Moins spectaculaire, mais plus réaliste que House of Cards, Baron noir est une série politique nettement plus réussie que Les hommes de l’ombre, cocréée en 2012 par Emmanuel Daucé, Charline de Lépine, Dan Franck et Frédéric Tellier.

L’audience a pourtant été modeste, avec une moyenne de 500.000 spectateurs par épisode. Peut-être le bon accueil de la critique (et un bon score en VOD) encourageront ils Canal+ à coproduire une saison 2, en cours d’écriture, et qui pourrait être tournée au moment de l’élection présidentielle de 2017. Confirmation toujours attendue.

Baron noir (8 x 52 minutes) tient sur trois DVD-9 logés dans un coffre non fourni pour le test, effectué sur check discs. Un menu animé et musical propose une interactivité limitée au choix des épisodes.

En supplément, sur le disque 3, dans les coulisses de la série (16’) permet à Thomas Bourguignon, producteur, aux deux créateurs et aux acteurs de nous livrer quelques informations sur la série : quatre ans d’écriture, 100 jours de tournage, neuf mois de postproduction, une équipe de 50 personnes et quelque 2.000 figurants. Le reste, essentiellement des commentaires sur les personnages principaux, n’apporte pas grand-chose à la découverte de la série.

L’image (1.78:1) bénéficie d’une résolution qui assure une parfaite netteté sur toute la profondeur du champ. Les contrastes sont fermes dans toutes les conditions d’éclairage, avec des noirs bien denses et un soigneux étalonnage des couleurs.

Le son Dolby Digital 2.0 stéréo restitue clairement les dialogues. Une assez bonne séparation des deux voies assure une ambiance enveloppante et donne de l’ampleur à l’accompagnement musical d’une banalité lassante. Heureusement, il s’efface ou se fait très discret devant les dialogues.

Crédits images : © Kwaï