Le Salaire de la haine (1959) : le test complet du DVD

Face of a Fugitive

Édition Spéciale

Réalisé par Paul Wendkos
Avec Fred MacMurray, Lin McCarthy et Dorothy Green

Édité par Sidonis Calysta

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 29/08/2016
Critique

Le salaire de la haine

Jim Larson s’évade du train qui le conduisait au pénitencier. Son frère qui l’a rejoint dans cette opération est blessé et meurt. Jim se cache alors dans une petite ville et prend le nom de Kincaid. Mais les affiches portant son visage doivent arriver, ce qui l’obligera à fuir ou à se battre. Ne pouvant quitter la ville, Jim se décide à aider le shérif Riley qui a des ennuis avec Reed Williams et ses hommes, désireux de clôturer les pâturages…

Paul Wendkos (1925-2009) est bien connu des cinéphiles pour son premier long métrage Le Cambrioleur - The Burglar. Réalisé en 1957, ce film-noir adapté de l’oeuvre de David Goodis, avec Dan Duryea et Jayne Mansfield, a été défendu à sa sortie par les célèbres journalistes des Cahiers du Cinéma. Cinéaste éclectique, Paul Wendkos a également fait sa carrière à la télévision dans des séries comme Les incorruptibles et Les Envahisseurs. Du film policier au fantastique (Satan, mon amour en 1971 avec Jacqueline Bisset et Alan Alda), en passant par le film de guerre et la comédie (Gidget avec Sandra Dee), le metteur en scène signe sa première incursion dans le western avec Le Salaire de la haine - Face of a Fugitive. Et c’est une belle réussite.

Si le film demeure modeste, y compris dans sa durée (1h15), Le Salaire de la haine possède de nombreux atouts pour que le spectateur avide du western s’y attarde. En haut de l’affiche, il y a notamment le comédien Fred MacMurray (1908-1991). Lui-même habitué à passer d’un genre à l’autre, entre le film-noir (Assurance sur la mort de Billy Wilder en 1944) et la comédie made in Disney, qu’il affectionne tout particulièrement, Fred MacMurray s’avère particulièrement convaincant en cowboy. Avec sa trogne burinée et sa silhouette élancée d’1m90, l’acteur avait tout pour se fondre dans le décor du Grand Ouest. Il est absolument parfait dans Le Salaire de la haine dans le rôle de Jim, un pilleur de banques, capturé et escorté pour casser des cailloux dans le pénitencier du coin, pour au moins une dizaine d’années. Il profite d’un moment d’inattention pour tourner la situation à son avantage, quand soudain son frère prend également l’initiative de le faire évader. La situation dégénère, le frère meurt, et Jim est obligé de se réfugier dans une petite ville en attendant que les choses se tassent. Mais sa tête est mise à prix et les avis de recherche qui doivent arriver le lendemain ne lui laissent que très peu de temps pour s’enfuir, d’autant plus que les quatre coins de la ville sont désormais bloqués. Personne n’entre, personne ne sort. Afin de passer ces obstacles, Jim décide de se porter volontaire comme adjoint au shérif de la ville. Ce qui devrait lui permettre de franchir ces barrages juste avant que son portrait ne recouvre les murs. Mais c’était sans compter sur un propriétaire terrien en conflit avec le shérif.

Le salaire de la haine

Le Salaire de la haine va droit à l’essentiel et la grande réussite du film provient des personnages très bien dépeints et surtout excellemment interprétés. Parmi les comédiens qui épaulent la star du film, un certain James Coburn se fait remarquer dans sa deuxième apparition au cinéma après La Chevauchée de la vengeance de Budd Boetticher. Agé de 30 ans, le jeune acteur bouffe l’écran dans le rôle d’un des sbires que devra affronter Fred MacMurray dans l’excellente séquence finale. Le Salaire de la haine est un western carré, très bien mis en scène (le premier acte est vraiment bluffant) et attachant, souligné par la partition très réussie du jeune compositeur Jerrald Goldsmith, qui sera plus connu sous le prénom de Jerry. Un film à connaître ou à redécouvrir, d’autant plus que le film n’avait connu aucune sortie en France au cinéma.

Le salaire de la haine

Présentation - 3,5 / 5

Le test du DVD du Salaire de la haine a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Bonus - 3,5 / 5

Une intervention en deux temps pour Bertrand Tavernier. Notre interlocuteur propose un petit portrait du comédien Fred MacMurray (9’) qui sera également repris sur le DVD de Terre de violence, disponible dans la même collection chez le même éditeur. Bertrand Tavernier souhaite ici réhabiliter l’acteur qui a selon lui été sous-estimé et souvent regardé avec condescendance par la critique. Il évoque un acteur très modeste et souvent d’une grande justesse, formidable dans tous les genres, avec une rare délicatesse de jeu et un sens inné du tempo.

Bertrand Tavernier en vient ensuite au film qui nous intéresse (28’) en parlant de sa rencontre avec le réalisateur Paul Wendkos, dont il dresse le portrait. «  Une carrière curieuse et frustrante  » dit Tavernier en évoquant la longue carrière d’un metteur en scène au cinéma et surtout à la télévision, qui n’a jamais vraiment réitéré l’exploit de son tout premier long métrage Le Cambrioleur. Le Salaire de la haine est ensuite disséqué dans le fond comme dans la forme. Un western pour lequel Bertrand Tavernier a beaucoup d’affection.

Même chose pour Patrick Brion (11’) qui aime également beaucoup Le Salaire de la haine. Les propos de l’imminent historien du cinéma replacent ce western dans son contexte cinématographique avec un beau tour d’horizon des différents westerns sortis en 1959. Puis, pour éviter les redondances, Patrick Brion conseille de se tourner vers l’exposé de son confrère Bertrand Tavernier.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie de photos.

Le salaire de la haine

Image - 3,0 / 5

Le Salaire de la haine n’était jamais sorti en France, ni au cinéma, ni en DVD. Pour son arrivée dans les bacs chez Sidonis, la copie a été restaurée, mais demeure de très moyenne qualité. En effet, des effets de pompage demeurent sur les séquences nocturnes, la gestion des contrastes - tout comme celle du grain - est aléatoire avec des scènes parfois très (trop ?) sombre, la clarté sur les séquences diurnes est décevante, la colorimétrie est terne, fanée, et il n’est pas rare que l’étalonnage vacille même sur un plan fixe. Il faudra donc être clément avec ce master compte tenu de la rareté du long métrage dans nos contrées.

Son - 3,5 / 5

Seule la version originale, aux sous-titres français imposés, est disponible. Le confort acoustique est honnête, à part quelques répliques plus couvertes, mais aucun souffle n’est constaté. L’écoute est frontale, avec une belle ouverture sur la musique de Jerry Goldsmith.

Le salaire de la haine

Crédits images : © Sidonis Calysta

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm