Charley le borgne (1973) : le test complet du DVD

Charley-One-Eye

Réalisé par Don Chaffey
Avec Richard Roundtree, Roy Thinnes et Nigel Davenport

Édité par Artus Films

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Le 05/09/2016
Critique

Charley le borgne

Ben, un soldat noir, déserte l’armée après avoir tué un officier. Traqué par l’armée et par les Mexicains, il se retrouve perdu en plein désert, où il rencontre et sympathise avec un Indien boiteux. Lorsque Ben se fait capturer par des chasseurs de primes, l’Indien, qui jusque-là ne parlait qu’à son poulet, va partir à son secours.

Très grande découverte que ce Charley le Borgne réalisé par l’éclectique Don Chaffey (1917-1990), metteur en scène des mythiques et cultes [PROGRAM(ason_et_les_argonautes)], Un Million d’années avant J.C., Peter & Elliott le Dragon et C.H.O.M.P.S., ce dernier demeurant malheureusement inédit en DVD dans nos contrées. Cinéaste britannique, Don Chaffey a également oeuvré à la télévision pour les séries Le Prisonnier, Chapeau melon et bottes de cuir, Chips, Drôles de dames, Matt Houston, avant de terminer sa riche carrière avec Mission: Impossible, 20 ans après. Un grand et talentueux artisan, malheureusement souvent oublié des cinéphiles et qui mérite d’être réhabilité.

Charley le Borgne (Charley-One-Eye, réalisé en 1973, est une des rares incursions du cinéma anglais dans le western. Au générique, Richard Roundtree débarque tout juste des Nuits rouges de Harlem et de sa suite Shaft - Les nouveaux exploits de Shaft, tandis que son partenaire Roy Thinnes avait déjà le triomphe de Les Envahisseurs derrière lui, ainsi qu’une longue carrière à la télévision. Charley le Borgne est une des rares apparitions de ce dernier au cinéma et force est de constater qu’il crève ici l’écran dans le rôle de l’Indien. Si les deux comédiens sont exceptionnels, Roy Thinnes, méconnaissable, signe une véritable performance d’acteur. L’histoire, simple, distille quelques éléments du passé de Ben, le Black Man avec quelques images subliminales au grain plus prononcé, comme des réminiscences. On comprend que le Black Man a couché avec la femme d’un de ses supérieurs, son pantalon indique qu’il était alors soldat dans l’armée américaine. Surpris par le mari, Ben le tue avant de prendre la fuite, errant à travers le désert sous le soleil implacable. Sur son chemin, assoiffé, il trouve un indien en train de se reposer. Il l’oblige à lui faire à manger, puis entame la conversation avec cet étrange Indien boiteux, avec qui une amitié s’installe progressivement. Mais un chasseur de primes (excellent Nigel Davenport) est lancé aux trousses de Ben, recherché plus vif (pour 500$) que mort (pour 10$).

Tourné dans les décors naturels d’Almería, même si l’action demeure essentiellement confinée en un lieu unique comme la scène d’un petit théâtre en plein air, Charley le Borgne est un film dingue, drôle, violent (voire très violent avec une séquence finale inattendue), inclassable, mais aussi émouvant et très attachant. Si le passé de Ben ressurgit, celui de l’Indien, restera énigmatique et participe à l’étrange et finalement très belle complicité qui s’installe entre les deux hommes, qui apprennent à se connaître. Si Ben, tout d’abord violent avec l’Indien peu loquace et peureux, parvient néanmoins à rire de sa situation, son partenaire apprendra lui aussi à s’esclaffer, à accepter la présence de cet autre solitaire, qui partage son poulet et l’alcool de maïs. L’Indien, qui jusqu’ici ne vivait et ne parlait qu’à son poulet préféré appelé Charley-One-Eye, découvre l’amitié et la complicité.

Entre rythme languissant, drame contemplatif, comédie décalée, réflexion pessimiste sur les rapports humains et l’exploitation de l’homme par l’homme, huis clos initiatique et western anachronique sur fond de musique parfois électronique signée John Cameron, Charley le Borgne est un véritable coup de coeur, enfin disponible dans les bacs en France et immanquable sortie de l’année 2016.

Charley le borgne

Présentation - 4,5 / 5

Le DVD de Charley le Borgne, édité chez Artus Films, repose dans un boîtier Amaray classique. La jaquette, sobrement estampillée Western Européen est très attractive avec un visuel chiadé du plus bel effet. Le menu principal est fixe et musical.

Bonus - 3,0 / 5

C’est devenu un rendez-vous immanquable car nous retrouvons en guise de supplément, une enrichissante présentation du film (31’) par Alain Petit. Cet habitué et expert du cinéma de genre évoque tout d’abord le western britannique, rare, mais existant, en énumérant quelques titres comme Diamond City, Robbery Under Arms, La Chevauchée des Outlaws, Shalako, Hannie Caulder. Puis, Alain Petit en vient au film qui nous intéresse en croisant habilement le fond et la forme. Le casting, le réalisateur, la singularité du film, les thèmes, la sortie de Charley le Borgne sont ensuite abordés avec une passion toujours aussi contagieuse.

Cette section se clôt sur un diaporama de photos et d’affiches d’époque et de plusieurs bandes-annonces.

Charley le borgne

Image - 3,5 / 5

Le master présenté a été restauré. La copie est propre et stable. Le format 1.37 est respecté tout comme les partis pris esthétiques. Certaines séquences, les souvenirs de Ben, apparaissent plus granuleuses comme si les scènes avaient été tournées en 16mm. Le grain beaucoup plus appuyé est donc volontaire. L’ensemble se tient malgré des couleurs un peu ternes et qui peuvent changer d’un plan à l’autre, certains étant par exemple beaucoup plus délavés. Mais la clarté est de mise et les détails ne manquent pas, surtout sur les paysages traversés par les deux personnages. Charley le Borgne est un film très rare en France et la copie dénichée par Artus Films participe à sa résurrection dans l’Hexagone.

Son - 4,0 / 5

Seule la version originale est disponible. En effet, Charley le Borgne avait certes connu une exploitation en France, mais dans une seule salle et uniquement en langue anglaise sous-titrée en français. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, les fluctuations ne sont pas rares, mais le confort acoustique reste très appréciable. Les sous-titres français ne sont pas verrouillés.

Charley le borgne

Crédits images : © Artus Films

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm